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L’histoire de la laïcité en France

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 janv. 2015

Rétrospective des grandes étapes de la laïcité en France depuis la loi de Jules Ferry laïcisant l’école en 1882 jusqu’à la loi interdisant le port des signes religieux à l’école en 2004, en passant par la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 initiée par Émile Combes, mais aussi par les polémiques sur l’entretien des églises par les communes ou le port du voile islamique à l’école.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    La laïcité en France

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
29 janv. 2015
Production :
INA
Page publiée le :
10 févr. 2016
Modifiée le :
15 nov. 2023
Référence :
00000001760

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

La laïcité est un principe républicain fondamental. Elle a été affirmée dès la Révolution française, notamment dans l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 qui stipule que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par loi. » Mais c’est sous la IIIe République que la laïcité s’est réellement définie et enracinée. Elle s’est inscrite dès les années 1880 dans une lutte entre le nouvel État républicain et l’Église catholique. Aux yeux des républicains, la laïcité est en effet le moyen de soustraire les Français à la tutelle de l’Église. La laïcisation de l’école constitue donc pour eux un enjeu fondamental. La loi Ferry du 28 mars 1882 remplace ainsi l’instruction morale et religieuse par l’instruction morale et civique et donne congé un jour par semaine aux élèves pour « permettre aux parents de faire donner, s’ils le souhaitent, à leurs enfants l’instruction religieuse en dehors des édifices scolaires ». Puis la loi Goblet du 30 octobre 1886 laïcise l’ensemble du personnel de l’enseignement primaire.

La laïcité est ensuite institutionnalisée avec la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Cette loi proclame en effet la neutralité de l’État à l’égard des différentes religions : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte (…) » (article 2). La laïcité ne se réduit toutefois pas à l’exigence de la neutralité de l’État. Elle se fonde aussi sur la liberté de conscience ainsi que sur celle de culte, affirmées dès l’article 1er de la loi du 9 décembre 1905 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes (…). »Puis en 1946 la laïcité est érigée en principe constitutionnel : l’article 1er de la Constitution de la IVe République dispose que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » (voir La Laïcite, principe constitutionnel républicain). La Constitution du 4 octobre 1958 reprend cette disposition dans son article 1er et ajoute : « Elle [La République] assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

L’application du principe de laïcité suscite cependant de plus en plus de tensions à la fin du XXe siècle. C’est autour de la question du voile islamique porté dans les établissements scolaires que les controverses sont les plus vives. Une première affaire éclate en octobre 1989 lorsque trois élèves sont exclues d’un collège de Creil (Oise) après avoir refusé d’ôter leur foulard en classe (voir L'affaire du foulard islamique en 1989). Les atteintes à la laïcité sont par la suite plus fréquentes dans les services publics et l’espace public. Le président de la République Jacques Chirac crée alors en 2003 une commission de réflexion chargée de réfléchir à l’application du principe de laïcité dans la République, placée sous la présidence de Bernard Stasi. À la suite de la publication de son rapport, une loi encadrant le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les établissements scolaires publics est promulguée le 15 mars 2004. Elle stipule que « dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. » (voir L'application de la loi sur la laïcité dans les établissements scolaires). Des Chartes de la laïcité sont par ailleurs adoptées, en 2007 dans les services publics et en 2013 à l’école. 

Bibliographie :

  • BAUBÉROT Jean, Histoire de la laïcité en France, Paris, Seuil, 2013.
  • BAUBÉROT Jean, Laïcité 1905-2005, entre passion et raison, Paris, Seuil, 2004.
  • MAYEUR Jean-Marie, La Question laïque (XIXe-XXe siècles), Paris, Fayard, 1997.
  • RÉMOND René, Religion et société en Europe. La sécularisation aux XIXe et XXe siècles, Paris, Seuil, 2001.
  • WEIL Patrick (dir.), Politiques de la laïcité au XXe siècle, Paris, PUF, 2007.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Consacré à l’histoire de la laïcité en France, ce sujet a été diffusé le 29 janvier 2015 dans le journal télévisé de France 2 de 13 heures dans un contexte très particulier. En effet, trois semaines auparavant, le 7 janvier 2015, un attentat terroriste a visé le siège de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris. Douze personnes dont huit collaborateurs du journal, parmi lesquels les dessinateurs Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré ainsi que le directeur de la publication Charb, ont été assassinés par deux terroristes djihadistes, les frères Kouachi. Puis, deux jours après, une prise d’otages sanglante a été perpétrée par un autre terroriste islamiste, Amedy Coulibaly, au magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Quatre otages, tous de religion juive, périssent sous les balles d’Amedy Coulibaly. Après ces attentats, le président de la République François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls appellent à la mobilisation en faveur de la laïcité, visée par les terroristes au même titre que la liberté d’expression. Ils engagent une « grande mobilisation » de l’école pour transmettre les « valeurs de la République ». Le 22 janvier 2015, la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem annonce un ensemble de mesures pour redonner une place essentielle au principe de la laïcité. Parmi ces mesures figurent la célébration d’une Journée de la laïcité chaque 9 décembre, date anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État, et la mise en place d’un nouvel enseignement moral et civique. 

En outre, le matin même du 29 janvier 2015, François Hollande a reçu différents membres de la communauté éducative pour discuter de la laïcité. C’est pour cette raison que la rédaction de France 2 a choisi de consacrer un sujet à l’histoire de cette dernière. Du reste, ce sujet est immédiatement précédé par la diffusion de quelques plans de personnalités sortant dans la cour de l’Élysée, dont Najat Vallaud-Belkacem, simplement commentés par la présentatrice du journal télévisé Élise Lucet.

Le sujet prend quant à lui la forme d’une rétrospective des grandes étapes de la laïcité en France depuis les lois de Jules Ferry de 1881-1882 jusqu’à la loi du 15 mars 2004 interdisant les signes religieux à l’école. De manière classique, le sujet se compose uniquement d’images d’archives présentées selon un ordre principalement chronologique. Des images factuelles et d’illustration alternent avec des témoignages. Ceux-ci, obtenus entre 1981 et 2006, émanent de personnes qui ont toutes été confrontés d’une manière ou d’une autre à la laïcité. Témoignent notamment des instituteurs, un prêtre, un maire, une élève voilée et un chef d’établissement. Cependant, la dimension étatique de la laïcité est également perceptible dans le sujet à travers différentes représentations d’hommes politiques (gravures, photographies, caricatures et images filmées). Les hommes politiques (Jules Ferry, Émile Combes, Léon Blum et Jacques Chirac) mis en avant dans le sujet ont tous joué un rôle décisif dans l’histoire de la laïcité française.

Il faut noter cependant des imprécisions et une erreur. Dans son lancement, Elise Lucet indique que : « la laïcité est (...) une valeur ». Or ce n’est pas une valeur (comme la liberté ou l'égalité) mais un principe républicain. Il est dit dans le sujet qu’Emile Combes est l’artisan de la loi de 1905, ce qui est faux. C’est Aristide Briand, député socialiste, proche de Jean Jaurès et tenant d’une ligne modérée par rapport à l'Église catholique et soucieux de ne pas heurter les sentiments religieux. Combes n’est plus aux manettes en 1905. 

C’est à l’école que la majorité des images sont consacrées, à commencer par les premiers plans non datés mais sans doute filmés sous la IIIe République. Cette prédominance atteste bien de la place essentielle qu’occupe l’école dans la question laïque. Il s’agit même du lieu des principales controverses. Des gravures non datées illustrent ainsi le conflit entre l’Église et la République aux débuts de la IIIe République : elles montrent successivement un policier décrochant un crucifix d’une salle de classe et des policiers raccompagnant des religieuses hors d’une école. Le plan d’une caricature non datée d’un instituteur et d’un curé écartelant un élève illustre particulièrement bien le conflit scolaire. De même, les polémiques sur le port du voile islamique dans les établissements scolaires survenues à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle sont illustrées par des images d’archives et des interviews.

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