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Le discours de Phnom Penh

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 sept. 1966

Lors de son séjour au Cambodge, en septembre 1966, le général de Gaulle prononce un discours dénonçant très nettement la guerre du Vietnam.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
01 sept. 1966
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000099

Contexte historique

Par Philippe Tétart

Convaincu qu'il recevra soutien et enthousiasme chez tous les opprimés du tiers-monde et même de la planète dans sa lutte contre la suprématie américaine, le général de Gaulle s'aventure de plus en plus (…) sur les chasses gardées des États-Unis. C'est le cas au Mexique et au Québec en 1964, où il lance son fameux Vive le Québec libre !. C'est le cas au Cambodge en 1966, pays neutre et frontalier du Vietnam, en guerre contre les États-Unis depuis août 1964, où l'opération Rolling Thunder, lancée au printemps 1965 par l'armée américaine, marque une nette aggravation du conflit.

Le discours que prononce de Gaulle le 1er septembre 1966 a une portée internationale considérable. Son contenu est moins inattendu que provocateur, surtout à l'encontre des États-Unis auxquels il oppose un anti-hégémonisme très net. Eh bien la France considère, déclare-t-il en particulier, que les combats qui ravagent l'Indochine n'apportent (...) aucune issue. (...) Il n'y a aucune chance que les peuples de l'Asie se soumettent à la loi d'un étranger venu de l'autre rive du Pacifique, quelles que puissent être ses intentions et quelle que soit la puissance de ses armes.

De Gaulle affirme, sur la foi de l'expérience (guerre d'Indochine) et les liens historiques français en Asie, que la France juge nécessaire un retrait américain et un règlement politique, seul capable de rétablir la paix. Il défend le principe d'une neutralisation de la péninsule vietnamienne et le droit à l'autodétermination des peuples (principes de la conférence de Genève, 1954). Ce discours a pu peser dans la décision du président Johnson de faire cesser les bombardements sur le Vietnam nord, en 1968. Mais, il ne viendra pas à bout de l'impossible dessein américain : vaincre le Viêt-cong et ainsi infliger une défaite au monde communiste, quel qu'en soit le prix.

Jean-Pierre Rioux, De Gaulle, Paris, Liana Levi, 2000, p. 153

Jacques Portes, Les Américains et la guerre du Vietnam, Bruxelles, Complexe, 1993, p. 147

Éclairage média

Par Philippe Tétart

Ce discours, suivi par plus de 100 000 personnes réunies dans un stade de Phnom Penh, est un modèle du genre en matière de rhétorique gaullienne. Si l'on excepte la conclusion de cette séquence (tour d'honneur en compagnie du prince Norodom Sihanouk), la télévision choisit le plan fixe pour en rendre compte. Il permet d'observer le savoir-faire et le charisme du général de Gaulle.

Au cours de ces sept minutes, on voit combien son art du discours prend toute sa mesure en public et comment, ensuite, il s'adapte bien aux exigences de l'étrange lucarne. De Gaulle orateur n'est jamais meilleur que dans l'exercice du tribun, que ce soit à Paris, Alger, Mexico, Québec ou, ici, au Cambodge. Son sens du rythme alimente des discours-gestes (...) où l'action et le verbe se confondent. Il délivre une syntaxe unique. S'y succèdent, entrecoupées d'intonations fermes et de ponctuations gestuelles, des formules chocs, un vocabulaire choisi, des provocations et des admonestations (ici vis-à-vis des États-Unis), des rappels historiques et des élans prophétiques.

Syntaxe de l'éclair ! Rien n'illustre mieux que ce cri de Saint-John Perse, dans Exil, ce que fut l'appel du 18 juin 1940, premier discours de guerre du général de Gaulle. [Adrien Le Bihan, Le Général et son double. De Gaulle écrivain, Paris, Flammarion, 1996, p. 105]

Notons que ce document, tourné sur une pellicule film couleur, fut diffusé en noir et blanc, la couleur ne faisant son entrée à la télévision française qu'une année plus tard, en 1967 (voir L'inauguration de la télévison couleur).

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