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L'Islam fondamentaliste: l'affaire de l'imam de Vénissieux

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 avr. 2004

A l'occasion du tollé provoqué par les propos intégristes de l'imam de Vénissieux, le Gouvernement s'engage à lutter contre l'islam radical qui demeure toutefois minoritaire en France.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
20 avr. 2004
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000851

Contexte historique

Par Julie Le Gac

L'affaire de l'imam de Vénissieux condamne les dérives extrémistes de certaines communautés musulmanes, et souligne la volonté du Gouvernement français de réagir sévèrement. Au cours d'une interview accordée au printemps 2004 au journal Lyon-mag, l'imam de Vénissieux, Abdelkader Bouziane, prône la polygamie et déclare que le Coran autorise l'homme à battre sa femme en cas d'adultère.

L'affaire, très médiatisée, devient alors un imbroglio juridique et un enjeu politique. Le Gouvernement, qui avait déjà adopté 2 mois auparavant un arrêté d'expulsion à l'encontre de l'imam, fondé sur des rapports des renseignements généraux, décide son expulsion le 21 avril. Pour déroger aux règles de protection des étrangers, le gouvernement invoque "l'urgence absolue" et la nécessité impérieuse pour la "sûreté de l'Etat et la sécurité publique". Toutefois, le tribunal administratif de Lyon suspend l'arrêté d'expulsion le 23 avril. Dominique de Villepin, ministre de l'intérieur saisit le Conseil d'Etat. Ce dernier, contre l'avis du commissaire du gouvernement, chargé de donner un avis juridique et non de représenter le gouvernement, autorise finalement l'expulsion. Jugé également sur le fond, Abdelkader Bouziane, est condamné le 14 octobre 2005 par la Cour d'Appel de Lyon à 6 mois d'emprisonnement avec sursis et 2 000€ d'amende, pour avoir intentionnellement incité à commettre un délit de violence volontaire.

L'affaire de l'imam de Vénissieux constitue également un enjeu politique. En effet, le gouvernement veut témoigner de sa résolution à lutter contre les courants salafistes. Le salafisme est un mouvement issu du wahhabisme saoudien et noue des liens étroits avec l'Arabie Saoudite. Il se décompose en deux branches : les cheikhs saoudiens, qui représentent 95% des salafistes français, qui revendiquent une lecture très stricte du Coran, mais ne sont pas politisés, et les salafistes djihadistes qui prônent l'action violente. Le salafisme cheikhiste duquel se revendique Abdelkader Bouziane, Algérien arrivé en France en 1980, ne se mêle certes pas de politique, mais favorise le repli communautaire. D'autres procédures d'exclusion sont ainsi engagées à l'encontre d'imams de la région parisienne. Afin de faciliter ces mesures, sur une proposition des députés UMP, la loi du 17 juin 2004 autorise l'expulsion d'étrangers ayant appelé à la discrimination contre les femmes. Il s'agit d'une mesure de circonstances, motivée par l'affaire de l'imam de Vénissieux. Cette réforme implique cependant l'inscription dans la loi d'une double peine, une pratique précédemment jugée injuste par le gouvernement.

Ces contradictions témoignent de l'importance revêtue par l'affaire de Vénissieux. La lutte contre ces minorités extrémistes, qui ternissent l'image de l'ensemble de la communauté, doit en effet favoriser une meilleure intégration de cette dernière.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Ce reportage consacré à l'imam de Vénissieux est diffusé en ouverture du journal de 20 heures de France 2, ce qui souligne l'importance médiatique de cette affaire. Il condamne très sévèrement les propos rétrogrades tenus par Abdelkader Bouziane. Présentées par le journaliste en voix off, ces thèses attentatoires aux droits des femmes, peuvent également être lues dans le journal Lyon-Mag, surligné et filmé en gros plan. L'imam réitère enfin ses propos devant la caméra de France 2. Ce procédé permet de contrer par avance toute accusation de déformation des paroles de l'imam. La condamnation d'Abdelkader Bouziane est également plus implicite. Le journaliste souligne ainsi l'extrémisme de l'imam qui refuse de laisser filmer son visage. Ses vêtements, sa barbe, sa longue tunique et sa chéchia blanches sont autant de stigmates de son radicalisme.

Par ailleurs, le reportage s'attache à bien distinguer islam et islamisme. Les images du marché de Vénissieux, visité par des citoyens "ordinaires", et l'interview du représentant du conseil régional du culte musulman rappellent que le message diffusé par Abdelkader Bouziane n'est pas représentatif de l'Islam de France, très modéré dans sa grande majorité.Il s'agit dès lors d'un document engagé, représentatif de l'émoi suscité par cette affaire.

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