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Entrée en guerre des Américains en 1917, premiers engagements militaires en 1918

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1918

Les Etats-Unis entrent en guerre le 5 avril 1917 : acclamées lors de leur départ à New-York, les premières troupes américaines débarquent à Bordeaux. Après plusieurs mois d'entraînement, les soldats américains participent à leurs premières batailles.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Pathé
Date de diffusion du média :
1918
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001042

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Fidèle à la ligne isolationniste et neutraliste de la politique extérieure américaine, le président Wilson (élu en 1912) s'était opposé à une entrée de son pays dans la guerre au cours de l'été 1914. Dans un message au sénat, Wilson avait recommandé à ses compatriotes de rester neutres "en pensées comme en actes" dans une guerre qui ne devait concerner que les affaires européennes. Cette position apparaissait également nécessaire au maintien de l'unité de la nation puisque la population multiethnique américaine comptait de nombreux citoyens originaires des pays belligérants (enfants et petits-enfants de l'immigration russe, italienne, allemande, polonaise et irlandaise). La neutralité américaine fut cependant quelque peu relative car les Etats-Unis sont apparus comme le premier partenaire commercial de l'Entente et sans le "réservoir américain", aussi bien sur le plan agricole (blé, viande, sucre...) qu'industriel (acier, coton, médicaments, moteurs...), la France et la Grande Bretagne auraient eu beaucoup de mal pour poursuivre le combat, nourrir leur population et faire tourner leurs usines.

A la faveur du premier conflit mondial, les Américains cessaient d'être les débiteurs de l'Europe pour en devenir les créanciers. Malgré l'émotion provoquée par la guerre sous-marine pratiquée par les Allemands en 1915 et l'attaque menée contre le paquebot britannique Lusitania (1198 victimes dont 125 Américains), les Etats-Unis refusent de sortir de leur neutralité jusqu'en 1917. Le président américain obtient grâce à plusieurs notes de protestation l'arrêt de la guerre sous-marine par les Allemands. Quelques frictions se développent par ailleurs avec les pays de l'Entente à propos du blocus mené contre les pays ennemis et les nombreuses entraves faites au maintien de la liberté commerciale que souhaite défendre les Etats-Unis malgré le conflit. A la fin de l'année 1916, de par leur position, les Etats-Unis pouvaient faire figure d'arbitre entre les deux camps et le gouvernement allemand songea à la possibilité que Wilson joue un rôle de médiateur afin de parvenir à une solution diplomatique du conflit.

Le début de l'année 1917 marque un tournant essentiel et plusieurs facteurs vont entraîner les Etats-Unis à changer de position et à entrer dans la guerre. Le président Wilson a été réélu à la fin de l'année 1916 et la volonté de maintenir les Etats-Unis à l'écart du conflit ne constitue donc plus un enjeu électoral dans un pays où l'opinion reste profondément attachée au neutralisme. Les Allemands sont revenus sur la promesse faite au président américain en relançant à partir du 1er février une guerre sous-marine qui provoque rapidement d'importants ravages parmi les navires neutres et menace les liens commerciaux américains avec l'Entente. Enfin, les Allemands ont commis une véritable provocation aux yeux des Américains en proposant une alliance militaire avec le Mexique, avec la possibilité pour les Mexicains de recouvrer certains Etats (Texas, Nouveau-Mexique, Arizona). Cette affaire sera quelque peu instrumentalisée par les Anglais (qui transmettent la correspondance entre le ministre allemand des Affaires étrangères Zimmermann et son ambassadeur à Mexico) afin de convaincre les Américains de la "perfidie allemande". Enfin, la révolution russe (février 1917) et la mise en place d'un gouvernement libéral à Petrograd permet désormais à Wilson de présenter à l'opinion le conflit comme celui de la démocratie contre l'autocratie incarnée par les Empires centraux.

Toutes ces conditions nouvelles permettent donc de rompre avec la politique neutraliste menée depuis 1914 et le président Wilson annonce l'entrée en guerre des Etats-Unis face à l'Allemagne le 5 avril 1917. L'Autriche-Hongrie ne recevra l'ultimatum que le 7 décembre 1917 et les Etats-Unis ne déclareront pas la guerre à tous les pays de l'alliance, conservant notamment des rapports normaux avec la Bulgarie et l'Empire ottoman. Cette politique témoignait de la volonté américaine de conserver une certaine indépendance face à ses alliés anglais et français.

Les motivations américaines de l'entrée en guerre ont donné lieu à d'importants débats. Pour convaincre l'opinion américaine de la nécessité de rejoindre l'Entente, Wilson a présenté la guerre comme une véritable croisade afin de défendre la démocratie contre les menaces faisant peser sur elles les régimes despotiques et barbares de l'Europe centrale. C'est également cette idée qui préside dans les "buts de guerre américains" que sont les 14 points du président Wilson (la victoire de l'Entente doit permettre de réorganiser le monde sur des bases nouvelles et de créer une Société des Nations garante de la Sécurité collective). Il est clair cependant que derrière ces motivations "officielles", les Etats-Unis sont aussi entrés en guerre parce que leurs intérêts commerciaux et économiques étaient menacés (une défaite de l'Entente les aurait privé d'un marché très profitable et de leurs créances).

En fait, si les Etats-Unis sont entrés dans la guerre c'est que leur stature a profondément changé en quelques années, passant d'un statut de puissance régionale cantonnée au continent américain à celui d'une puissance mondiale au sort forcément lié à l'issue d'un conflit qui n'a cessé de s'étendre depuis 1914. Si l'entrée en guerre des Etats-Unis a immédiatement constitué une source importante de réconfort du côté de l'Entente (d'autant que la France et l'Angleterre perdaient leur allié russe avec le traité de Brest Litovsk), le concours militaire américain n'a pas été immédiat et apparut pendant plus d'un an particulièrement limité.

Les premières unités de "Sammies" ("petits soldats de l'oncle Sam") débarquent à Bordeaux en juin 1917. Le 4 juillet 1917, jour de la fête nationale américaine, elles effectuent même une parade dans Paris derrière leur commandant, le général Pershing. Mais les unités américaines, mal préparées, ne sont pas immédiatement engagées sur les champs de bataille et subissent tout d'abord de longs mois d'entraînement dans des camps installés à Brest, Bordeaux, Saint-Nazaire, Le Havre. Leur nombre reste également dans un premier temps assez limité : 80 000 hommes à la fin 1917 (dont 50 000 combattants), 300 000 hommes en mars 1918. Les débarquements s'accéléreront ensuite : un million d'hommes en juillet 1918, deux millions au moment de l'armistice. Il faudra donc dans les faits plus d'un an pour que les effets de l'intervention militaire américaine se fassent réellement sentir.

Si certaines unités américaines montent au combat dès la fin de l'année 1917, c'est surtout au cours de l'été 1918 que les Américains participent à leurs premières véritables batailles, opérant de manière autonome par rapport aux armées françaises et britanniques, selon les souhaits du général Pershing. Le 12 septembre 1918, la première armée américaine remporte sa première grande victoire en réduisant le saillant de Saint-Mihiel, au sud de Verdun, contrôlé par les Allemands depuis 1914. En un seul jour de combat, les Américains attaquent derrière un barrage de 2900 canons, délogent les Allemands de leurs positions, capturent 466 canons et font 13 251 prisonniers (l'état-major français aura toutefois tendance à minorer cette victoire en expliquant que les Américains avaient surpris les Allemands en pleine retraite). Après ce premier coup d'éclat, les Américains jouèrent un rôle important dans la bataille de l'Argonne et la contre-offensive alliée menant à la victoire et à la cessation des combats.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le reportage porte en fait sur l'ensemble de la période 1917-1918 puisqu'il débute avec l'entrée en guerre des Etats-Unis (5 avril 1917) et se termine sur les combats de Saint-Mihiel, première grande victoire américaine en septembre 1918. Plusieurs éléments méritent d'être ressortis des images et de leur mise en scène. Tout d'abord, les premiers plans tendent à montrer que c'est surtout la France qui a réussi à convaincre les Américains d'entrer en guerre (rencontre entre le président Wilson et Joffre) : cette entrée en guerre ne serait d'ailleurs que le juste retour des choses de l'aide apportée par la France lors de la guerre d'indépendance américaine ("La Fayette nous voici"). En réalité, les Américains ont des liens beaucoup plus importants avec le Royaume-Uni qu'avec la France et la diplomatie britannique a beaucoup plus joué que les demandes françaises pour convaincre le président américain d'entrer dans le conflit.

Un autre élément important du reportage est qu'il souligne "l'enthousiasme" des Sammies, leur bonne humeur, leurs qualités de contact qui transparaissent dans tous les documents de propagande de l'époque. Certains officiers britanniques ou français avaient d'ailleurs tendance à considérer que les soldats américains étaient en fait plus "enthousiastes qu'efficaces". Mais cet état d'esprit américain a joué un rôle important dans les derniers mois de la guerre pour redonner le moral aux soldats combattants depuis plus de quatre ans et gagnés par une très forte lassitude.

La scène de combat de boxe au sein d'un camp américain près du secteur de Saint-Mihiel permet enfin d'attirer l'attention sur la composition de l'armée américaine puisque l'on peut apercevoir sur le ring un soldat noir. C'est le seul de tout le reportage et les longs défilés de soldats américains (notamment à New-York) montrent qu'il y a alors très peu de soldats noirs engagés dans l'armée américaine. Il n'y eut en fait q'une une seule division noire, la 92ème, levée avec d'importantes réticence. Il existait en fait une importante méfiance de l'état major américain, qui continuait à penser que les noirs manquaient d'esprit guerrier et surtout de patriotisme. Le contraste apparaît ainsi important entre l'armée américaine (au sein de laquelle les noirs, très minoritaires, étaient cantonnés aux tâches de logistique et de main-d'oeuvre) et l'armée française où les contingents noirs (tirailleurs sénégalais) furent souvent en premières lignes sur le champ de bataille.

Les reportages de la Première Guerre mondiale ne sont pas datés avec précision. La date de 1918 indique que le document a été tourné pendant l'année en cours.

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