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Voyage du président Daladier en janvier 1939 en Afrique du Nord

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 02 janv. 1939

Bizerte, Tunis, Alger... : à chaque étape de son voyage en Afrique du Nord effectué en janvier 1939, le président du Conseil Edouard Daladier reçoit un accueil enthousiaste de la part d'une population nombreuse venue l'acclamer.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Pathé
Date de diffusion du média :
02 janv. 1939
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
23 juil. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001201

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, présidents du Conseil et présidents de la République effectuent des tournées régulières dans les territoires d'Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Algérie) afin de souligner les liens qui unissent la France et ses possessions nord africaines, véritable joyau de son empire colonial (l'Algérie est la seule colonie intégrée à la République française puisqu'elle a le statut de département français). Au printemps 1922, le voyage du président Millerand a ainsi duré plus de 40 jours.

La tournée effectuée en janvier 1939 par le président du Conseil Edouard Daladier s'inscrit toutefois dans un contexte particulier. Quelques mois après la conférence de Munich (septembre 1938), qui a semblé constituer un dernier espoir de sauver la paix, la guerre apparaît de plus en plus inéluctable en Europe. Edouard Daladier, qui bénéficie d'une popularité importante en France, évolue progressivement d'un attachement à la paix ( qui a guidé son attitude lors de la conférence de Munich) vers une intransigeance plus marquée à l'égard de l'Allemagne d'Hitler et de l'Italie de Mussolini. Un "sursaut" et une politique de "redressement national" (caractérisés notamment par une reprise importante de l'armement) se développent ainsi à partir de la fin de l'année 1938. La tournée effectuée par Daladier en Afrique du Nord répond à plusieurs objectifs : rappeler qu'en cas de conflit la France n'est pas seule et peut compter sur les richesses et les ressources de son Empire, démontrer la fidélité de cet Empire, prêt à se mobiliser au service de la métropole comme il a pu le faire lors du premier conflit mondial, s'opposer enfin aux prétentions de plus en plus marquées de l'Italie sur la Tunisie. Après un passage en Corse, la Tunisie constitue d'ailleurs la première étape du président du Conseil, marquant ainsi clairement son refus de répondre aux rodomontades italiennes. Dans l'imaginaire collectif, la ligne Mareth du sud tunisien, censée barrer la route à une invasion italienne venant de la Libye, rejoint ainsi la ligne Maginot : l'une et l'autre préservent l'intégrité du territoire, intégrant l'Empire colonial au même titre que les provinces de la métropole.

Cette importance de l'Empire colonial apparaît essentielle à prendre en compte pour comprendre les choix stratégiques de la France à l'approche de la Seconde Guerre mondiale. Dotée du second plus vaste empire colonial derrière l'Empire britannique, alors que l'Allemagne en est dépourvue, la France mise en effet sur une guerre longue qui ne peut que lui être favorable, du fait des ressources considérables dont elle dispose. "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts" déclarent ainsi des affiches placardées lors de la drôle de guerre, avec en toile de fond des images de l'Empire. L'attentisme français adopté entre la déclaration de guerre (septembre 1939) et le printemps 1940 a ainsi une logique : celle de miser sur une guerre d'usure qui asphyxierait l'Allemagne.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le contexte de la tournée de Daladier en Afrique du Nord (cf. supra) fait que le message diffusé par cette séquence d'actualité prend un sens particulier. Les images permettent d'insister essentiellement sur deux choses. La première, c'est de rappeler la force que constitue la possession de l'Empire en vue d'un éventuel conflit à venir. Alors que l'opinion française reste profondément divisée sur l'attitude à avoir face à l'Allemagne, le discours de Daladier se veut rassurant et cherche à rappeler que la France ne doit pas avoir peur et doit être sûre de sa force : la France, malgré les difficultés des années 1930, reste une grande puissance grâce à son Empire et ne doit pas craindre des adversaires qui en sont dépourvus.

Le second élément concerne la fidélité et la loyauté de cet Empire, que souligne l'accueil enthousiaste des populations réservé à Daladier à Bizerte, à Tunis ou à Alger (500 000 personnes sont venues acclamer Daladier dans la capitale algérienne). Le reportage insiste sur le fait que cet accueil est le fait à la fois des populations européennes mais aussi indigènes (une petite fille tunisienne remet des fleurs à Daladier). Le bey de Tunis rappelle lui aussi sa fidélité envers la métropole, déclarant : "S'il en est besoin, tous les Tunisiens sauront se regrouper autour de la France". Si la guerre est déclarée, la France pourra ainsi compter sur la fidélité de son Empire et la mobilisation de ses hommes et de ses ressources.

Rien n'est dit évidemment sur les différents craquements qui caractérisent l'Empire depuis plusieurs années et le développement en Afrique du Nord de mouvements nationalistes contestant la domination française (Messali Hadj, Ferhat Abbas en Algérie, Habib Bourguiba et le Neo Destour en Tunisie).

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