L'agriculture algérienne

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1948

Les consommateurs français peuvent bénéficier d'importants produits agricoles de qualité en provenance d'Algérie. Grâce à la colonisation, l'agriculture algérienne est en effet devenue très moderne, très performante et bien irriguée.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
1948
Production :
INA
Page publiée le :
23 juil. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001209

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

La date de ce reportage (1948) s'inscrit dans un contexte tout à fait particulier pour en comprendre le sens. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, alors que les premiers craquements se font pourtant sentir dans l'Empire colonial (révolte de Sétif, soulèvement en Indochine, révolte malgache) et que la présence française est de plus en plus contestée, les Français apparaissent globalement très attachés à leurs colonies, notamment à la plus importante d'entre elles, l'Algérie.

Après l'humiliation de la défaite de 1940 et quatre années d'occupation allemande, les Français pensent en effet que l'Empire constitue le principal atout leur permettant de redevenir une grande puissance et d'accélérer la reconstruction. Sur le plan économique, l'Empire apparaît en effet comme une véritable réserve de matières premières et de produits agricoles pour la métropole. Et dans les années qui suivent la fin de la guerre, alors que les ressources agricoles restent très limitées en France (le rationnement alimentaire se maintient après la Libération, jusqu'en 1949), les Français mettent beaucoup d'espoir dans le rétablissement des liens avec l'Empire, qui ont été coupés à la faveur de la guerre, pour améliorer leur approvisionnement alimentaire.

Au sein de cet Empire, l'Algérie occupe bien sûr une place particulière puisque c'est avec elle que les liens de la métropole sont les plus forts (l'Algérie a le statut de département). C'est également la colonie la mieux mise en valeur, notamment sur le plan agricole.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Tout le sens de ce reportage est de justifier la colonisation par le développement d'une complémentarité et réciprocité sur le plan économique entre la métropole et sa colonie algérienne. Le message dégagé est qu'avant la colonisation, une partie importante des terres en Algérie étaient incultes et l'agriculture se limitait à des techniques traditionnelles et peu performantes. Le colonisateur a permis, par ses travaux d'assainissement des zones marécageuses, par l'irrigation des terres les plus sèches (grâce à la construction de nombreux barrages et canaux) et par l'introduction d'une importante mécanisation (moissonneuses batteuses), le développement d'une agriculture capitaliste, moderne et performante. La mise en valeur de la plaine de la Mitidja est à cet égard exemplaire. En retour, l'Algérie apparaît comme une véritable réserve agricole pour la France, notamment pour les cultures fruitières et céréalières, les agrumes, la vigne.

Derrière ces clichés, la réalité est bien sûr toute autre. Si les Français ont tendance à considérer qu'ils ont "fait l'Algérie", les Algériens de leur côté soutiennent que la France a plutôt "défait" l'Algérie. L'Algérie était un pays prospère sur le plan agricole avant la colonisation. C'est la conquête coloniale, particulièrement violente, qui a contribué à détruire les structures agricoles du pays. De plus, les Européens ont en fait largement confisqué la terre aux musulmans, obligés de travailler comme ouvriers agricoles ou saisonniers dans les grandes exploitations constituées par les propriétaires pieds-noirs.

Enfin, l'agriculture capitaliste qui est présentée dans le reportage cache l'existence d'une agriculture particulièrement duale en Algérie, avec le maintien dans les régions de l'intérieur d'une agriculture traditionnelle, de subsistance, essentiellement laissée aux mains des musulmans, mais qui ne bénéficie pas des progrès et de la modernisation. Cette agriculture ne dégage quasiment pas de bénéfices et ses acteurs s'enfoncent le plus souvent dans la misère. Particulièrement symbolique par exemple est la situation de l'élevage en Algérie, pratiqué surtout par les musulmans, dans les régions les plus pauvres de l'intérieur du pays, et qui loin de progresser, connaît un véritable effondrement : les troupeaux bovins tombent ainsi de 1,1 millions de têtes à 800 000 entre 1911 et 1953, les ovins de 8 millions de têtes à 6 millions au cours de la même période.

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