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Des travailleurs Polonais en Ecosse

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 juil. 2008

En 2004, 8 pays d'Europe de l'Est rejoignent l'Union Européenne. Le Royaume-Uni, l'Irlande et la Suède, accueillent sans restriction les ressortissants de ces pays qui cherchent un emploi. Les Polonais sont les plus nombreux à faire ce choix qui les conduit jusqu'en Ecosse. Aujourd'hui leur nombre a diminué et certains pensent au retour.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Frontières et migrations

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
19 juil. 2008
Production :
INA
Page publiée le :
21 juin 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001416

Contexte historique

Par Claude Robinot

En 2004, l'Europe accueille 8 nouveaux pays qui ont tous appartenu à la sphère soviétique. Cet élargissement souhaité provoque la crainte dans l'opinion européenne d'un déferlement de travailleurs de l'Est à la recherche de meilleurs salaires. Contre ce risque, le traité d'adhésion avait prévu une période transitoire de 2004 à 2009, pendant laquelle les pays d'accueil pouvaient restreindre la mobilité de ces nouveaux venus. C'est le cas de la France où, en 2005, une polémique éclate à propos de « plombiers polonais » sous-payés qui priveraient d'emplois les nationaux. En revanche, le Royaume-Uni, l'Irlande et la Suède décident d'ouvrir leurs frontières à cette main d'œuvre. Entre 2004 et 2010, l'immigration d'Europe centrale dans les îles britanniques est estimée entre 1,5 et 2 millions de personnes. Les statistiques sont imprécises car elles ne comptabilisent pas les retours qui peuvent être provisoires ou définitifs. D'autres estimations montrent l'ampleur du phénomène. Le recensement de 2011 dénombre en Grande-Bretagne un demi-million de résidents nés en Pologne. Ils n'étaient que 95 000 en 2004. Cette nouvelle vague polonaise submerge les contingents arrivés plus tôt, cherchant à fuir les nazis ou le régime communiste. Autre signe qui ne trompe pas, l'apparition dans l'espace urbain de restaurants et de boutiques d'alimentation polonais qui indiquent la présence d'une communauté résidente. Dans certains quartiers de Londres et dans quelques villes, les Polonais représentent de 4 à 6 % de la population totale. Cette nouvelle diaspora reste attachée à sa patrie d'origine. Elle dispose de journaux, de radios et de sites internet en langue polonaise qui structurent la communauté sans pour autant les couper du reste de la population. Londres n'est pas la seule destination. On trouve aussi des travailleurs de l'Est dans les zones rurales et dans les régions périphériques. Ils sont évalués à plus de 40 000 en Ecosse, dont environ 5000 dans les Highlands, une région traditionnellement sous peuplée.

Parmi les causes de la migration, on invoque le chômage. En 2004, dans une Pologne en pleine transition, il atteignait 20 % de la population active. L'explication est insuffisante car les départs ont continué alors que le taux a fortement diminué (10 % en 2011).

D'autres facteurs sont à prendre en compte : le désir d'amasser un pécule, ou simplement de profiter des conditions favorables à la mobilité des travailleurs communautaires. Les Polonais sont jeunes, la plupart ont moins de 35 ans, ils sont qualifiés et éduqués, presque tous ont terminé leurs études secondaires. L'attirance pour le mode de vie occidental et une expérience à l'étranger agissent aussi comme facteurs de motivation. Les employeurs britanniques recherchent les Polonais qui ont la réputation de travailler durement et d'accepter des emplois inférieurs à leur qualification. On les trouve dans l'hôtellerie-restauration, le bâtiment, les services d'entretien. En Ecosse, ils sont aussi dans le secteur agricole où le manque de main d'œuvre est chronique. Le salaire minimum versé au Royaume-Uni est 4 à 5 fois supérieur à celui du pays d'origine. En épargnant 20 % du revenu, on peut faire vivre une famille polonaise. La banque de Pologne estime à 5 milliards d'euros le montant des revenus annuellement transférés en Pologne.

La crise de 2008 a modifié ce tableau. Les migrants de l'Est sont moins nombreux et un processus de retour est amorcé, touchant 10 à 15 % des Polonais.

Comme pour le départ, les causes sont complexes. L'hostilité des syndicats britanniques et la presse populaire qui rendent les Polonais responsables du chômage et de l'insécurité en est une. Une croissance annuelle de 5 % en Pologne en est une autre. Mais surtout, les Polonais se considèrent comme des expatriés et non comme migrants. Le séjour en Grande-Bretagne est vécu comme une étape dans la vie professionnelle, avant le retour au pays ou vers un autre pays plus attrayant en termes de salaire ou de qualification.

Éclairage média

Par Claude Robinot

L'émission Avenue de l'Europe, animée par la journaliste Véronique Auger, traite régulièrement de sujets européens à dominante économique et sociale. C'est l'occasion d'aborder des thèmes négligés ou traités superficiellement par les journaux télévisés. C'est aussi l'occasion de découvrir des pays de l'Union européenne ou des régions périphériques qui apparaissent peu dans les médias français.

L'émission se compose de quelques reportages qui alternent avec des reprises en plateau pour une analyse ou pour l'expertise d'un témoin qualifié.

Le reportage sur les travailleurs polonais en Grande-Bretagne et en Ecosse répond parfaitement à ce choix éditorial. Il commence par quelques plans sur ces boutiques polonaises apparues dans les villes britanniques ces dernières années, signes de la présence d'une communauté polonaise.

Le choix d'Edimbourg est significatif car il s'agit d'une ville de province assez éloignée des centres traditionnels de l'immigration comme Londres ou le sud de l'Angleterre. Les trois témoins sélectionnés sont jeunes et célibataires, comme la plupart des émigrants d'Europe orientale. Tous les trois incarnent des itinéraires et des attitudes fréquents chez les Polonais. Leur présence au Royaume-Uni est récente, quatre ou cinq ans au plus. On suppose que la coiffeuse, son client et le chef de chantier ont commencé par accepter des emplois sous-payés et non qualifiés dont ils ont tiré le meilleur parti, soit pour se former, soit pour se lancer dans une autre activité. La mobilité géographique et professionnelle est la règle. Le chef de chantier est conscient de sa compétence et cherche à la valoriser par des déplacements fréquents. Pour la coiffeuse, le retour en Pologne est envisageable pour deux raisons : le mal du pays et l'amélioration du marché du travail qui lui laisse entrevoir la possibilité d'un meilleur salaire. Si ses espoirs s'avèrent déçus, elle repartira probablement à l'étranger, peut-être dans un autre pays de l'U.E. Quant au troisième personnage, il compte rester tant que sa situation financière ou professionnelle ne s'est pas améliorée. Pour ces trois jeunes, la migration n'est jamais définitive, le détour par quelques années d'expatriation est une stratégie personnelle et professionnelle qui leur permet de trouver un emploi et une qualification, sans rompre avec leurs attaches nationales.

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