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Investissements agricoles indiens en Ethiopie

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 oct. 2009

Dans beaucoup de pays africains, l'espace agricole est sous exploité faute de moyens techniques et d'investissements. Des pays émergents comme l'Inde qui disposent de capitaux investissent dans l'agriculture industrielle. Ils louent auprès du ministère éthiopien de l'agriculture de grands domaines à mettre en valeur, parfois contre l'avis des agriculteurs locaux.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
15 oct. 2009
Production :
INA
Page publiée le :
25 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001455

Contexte historique

Par Claude Robinot

En avril 2008, s'était tenu à New Delhi le premier sommet Inde-Afrique. Il s'agissait pour le géant indien de combler son retard par rapport à la Chine qui investissait sur le continent africain deux fois plus que l'Inde. Un des volets du sommet concernait l'agriculture, où, en des termes très généraux, on souhaitait : « assurer la sécurité alimentaire, éradiquer la pauvreté et améliorer les moyens de subsistance des populations ». En 2011, le deuxième sommet s'est tenu à Addis-Abeba. Entre temps, les investissements indiens sont passés de 31 à 46 milliards de dollars, à l'initiative de firmes privées comme la Karuturi Global, leader mondial de la production de roses coupées qui réalise 90 % de sa production en Ethiopie. Cette société envisage de s'étendre pour produire des biens alimentaires sur de nouvelles terres disponibles : riz, tomates, canne à sucre, maïs, coton légumineuses. Karuturi Global veut entrer dans le groupe des 5 premiers producteurs de denrées agricoles pour assurer la sécurité alimentaire de l'Inde qui deviendra le pays le plus peuplé de la planète.

Entre 2007 et 2011, l'Afrique sub-saharienne a loué pour 45 millions d'hectares de terres agricoles. L'Ethiopie arrive en tête pour le nombre de contrats signés : 260 sur un total de 408. Cette ruée sur les terres africaines disponibles s'est produite sous les effets conjugués d'une hausse spéculative des prix agricoles entre 2007 et 2009 et d'une production accrue de biocarburants stimulée par des subventions des pays industrialisés.

L'ouverture aux investisseurs étrangers est une politique voulue par le gouvernement éthiopien qui donne son accord aux projets qui lui sont présentés. La négociation se déroule ensuite au niveau régional, là où l'investisseur souhaite exploiter un domaine. Les autorités se chargent de la négociation avec les propriétaires et les communautés villageoises dont les titres reposent sur des droits coutumiers. L'accord est en général obtenu après des promesses d'emploi, d'aides et de création d'infrastructures. Dans la région de Gambella proche du Soudan, 200 000 personnes ont été déplacées et installées dans de nouveaux villages où l'Etat doit construire des écoles et des hôpitaux. Les anciennes terres ont été défrichées et aménagées pour produire de la canne à sucre, du café et d'autres cultures commerciales intensives et mécanisées. Les baux sont établis pour une période de 10 à 50 ans. Le prix de location des terres est attractif, entre 3 et 10 $ par hectare et par an, bien en dessous du cours mondial car l'objectif des autorités n'est pas la rente mais le développement en termes d'emplois, de transfert de technologie et d'infrastructures. Le gouvernement éthiopien est conforté dans cette démarche par le discours des officiels indiens soucieux de se différencier des Chinois en se présentant comme des partenaires du développement. La réalité sur le terrain est différente. Certes, les terres louées ont été mises en valeur et les retombées sur l'emploi et les entreprises locales sont positives, mais les négociations se font dans l'opacité la plus totale, au détriment des populations locales qui ne sont jamais signataires des accords. Les éleveurs sont particulièrement touchés : leurs pratiques pastorales sont rendues impossibles par les cultures, les restrictions de circulation et l'accès aux points d'eau. Les organisations internationales (FAO) et les ONG parlent d'accaparement des terres ; elles demandent la fixation de règles internationales claires pour la location de terres agricoles. Les bailleurs et les usagers perdent tout droit de regard sur la destination finale des terres. En ce qui concerne l'Ethiopie, la situation est d'autant plus dramatique que l'équilibre alimentaire n'est pas atteint et que 2 à 3 millions de personnes souffrent encore de malnutrition et de carences.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Un reportage de quatre minutes dans le journal télévisé de France 2 pour évoquer la course aux terres agricoles. Le lieu de tournage est l'Ethiopie, un pays qui apparaît peu souvent dans les actualités télévisées sauf en cas de catastrophe majeure. Ce détour inhabituel s'explique par la nécessité d'expliquer les effets de la mondialisation au grand public français qui a surtout entendu parler de la présence chinoise en Afrique mais plus rarement de celle d'autres pays émergents comme l'Inde. Le régisseur de la « grande ferme » de Bako (10 000 ha) dans la région d'Oromia, est un employé du groupe privé Karuturi Global spécialisé dans les roses mais veut diversifier sa production agricole. Il a loué 300 000 ha depuis 2009. Comme le montre la carte tenue par le ministre des investissements, toutes les régions fertiles du pays sont touchées : Gambella à l'ouest ou Awasa au sud. La situation présentée dans le reportage est exemplaire de ce qui est à l'œuvre dans l'ensemble du pays.

Les terres sont la propriété éminente de l'Etat depuis le régime pro-soviétique de Mengistu en 1975. Les populations agro-pastorales qui vivent dans ces régions ne disposent que de droits d'usage pour les parcours de leurs troupeaux. Les autorités régionales prennent en charge leur déplacement et négocient leur départ contre la promesse de réimplantation dans des villages équipés. Promesses pas toujours tenues. On voit donc dans la vidéo l'intervention de tous les acteurs, chefs coutumiers, assemblées de villageois, gardes locaux... On aperçoit aussi le matériel agricole. Les images ont été tournées au début de l'implantation ; depuis, les terres ont été transformées par les défrichements, le drainage et les canaux d'irrigation nécessaires au maïs ou à la riziculture. L'autre exemple montre l'installation de serres légumières pour l'Arabie Saoudite. Cet investissement crée quelques emplois mais surtout il utilise au meilleur coût les ressources hydrologiques de L'Ethiopie au profit d'un autre pays.

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