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Recyclage des déchets à Mumbai

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 déc. 2004

A Mumbai, la capitale économique de l'Inde, des milliers de ruraux récemment installés dans la ville passent leur journée à collecter et trier les ordures et les déchets qu'ils revendent. Cette collecte donne naissance à des filières de recyclage et de transformation qui alimentent le pays en objets plastiques ou métalliques.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
20 déc. 2004
Production :
INA
Page publiée le :
25 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001477

Contexte historique

Par Claude Robinot

L'Inde doit gérer et traiter deux types de déchets. Les premiers sont issus des circuits de la mondialisation : déchets électroniques et électriques, métaux et produits toxiques envoyés par les pays du nord pour être recyclés dans des conditions pas toujours légales. Depuis 2003, le gouvernement tente de limiter l'importation des rebuts industriels par des mesures de contrôle et des obligations de réexportation. Le second type de déchets concerne la production domestique et urbaine. En Inde, la croissance démographique des villes a rarement été accompagnée par l'adaptation des infrastructures à la nouvelle situation. L'étalement urbain non contrôlé, comme à Mumbai, aggrave la situation en incluant dans la ville des décharges qui étaient autrefois périphériques comme celle du bidonville de Dharavi. Le traitement des ordures ménagères est confié aux municipalités. Depuis 2000, le gouvernement fédéral a édicté des règles de collecte et de traitement qui ne sont pas toujours appliquées. Le ministère de l'urbanisme remarque que si la collecte et le transport des ordures ménagères fonctionne tant bien que mal, presque rien n'est fait pour la transformation et le stockage selon des normes modernes.

L'Inde produit annuellement 50 millions de tonnes de déchets ménagers, ce chiffre est en forte croissance (5 % par an) ce qui laisse prévoir un doublement en moins de 20 ans. Comparé à d'autres pays émergents, l'Inde produit moins d'ordures ménagères par habitant (environ 150 kg par an dans les villes). Les deux-tiers de ces rejets sont biodégradables mais avec le changement des habitudes de consommation, la part des plastiques et des métaux va augmenter. Sur l'ensemble du pays, la collecte organisée ne représente que 38 % du total. Le reste est déversé directement dans les décharges sauvages. Le tri sélectif ne concerne qu'un tiers de déchets. Pour pallier ces insuffisances, les villes indiennes ont recours au secteur informel. Les chiffonniers - ragpickers - procèdent au tri sélectif, dans les décharges ou à domicile. Leur collecte journalière est revendue à des marchands qui revendent eux-mêmes les produits triés à des négociants qui alimentent des industriels ou des artisans. A Mumbai, sur les 12 000 tonnes d'ordures quotidiennes, seulement la moitié est collectée. Le reste est abandonné dans les décharges et trié par les chiffonniers de bidonvilles qui travaillent pour un peu plus d'un euro par jour. Cette économie parallèle fait vivre les néo-urbains et permet à la ville de ne pas crouler sous le poids de ses rejets. Pour le gouvernement fédéral, on ne peut pas se contenter de cette situation. A partir de 2005, il a lancé le programme « National Urban Renovation Mission » (NURM) concernant 63 villes qui doivent à moyen terme devenir des villes durables, répondant aux normes internationales. Le gouvernement garantit des investissements après avoir validé des projets de développement. A Mumbai, la municipalité a fait construire à Gorai une décharge couverte capable de traiter 10 % des ordures de la métropole. Le méthane est récupéré et le carbone stocké, ce qui génère des subventions de la banque mondiale. Le gouvernement soutient aussi des PPP, partenariats public-privé. Des investisseurs privés regardent avec envie un marché de 570 millions de dollars. 36 % du traitement des ordures est assuré par le privé. C'est le cas de Hanjer Biotech, qui a mis au point un système original : il ne fait pas payer le traitement des déchets mais garde pour lui la valorisation après traitement. Il a mis au point des unités capables de produire du compost, des plastiques, du carburant vert... Au final, les déchets ultimes ne dépassent pas 15 % du total ! L'entreprise estime à 3 milliards de $ le marché du recyclage. L'Inde urbaine comptait environ 500 000 chiffonniers, il est probable qu'avec la rénovation urbaine qui comprend aussi l'élimination des bidonvilles, leur nombre va diminuer.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Le recyclage des déchets est un des trois reportages du magazine de géopolitique de France 2 Un œil sur la planète qui portait le titre « Pourquoi faut-il croire en l'Inde ? » ; les deux autres documents portaient sur les OGM et sur la spiritualité. Un angle d'analyse qui prend le parti de montrer un pays émergent pris entre tradition et modernité. Le reportage commence par un petit lancement in situ dans les rues d'une ville indienne puis on part avec une infographie et des bruits de klaxons vers Mumbai. Les images sont soignées : on commence par suivre un ragpicker de 22 ans dont le commentaire dit qu'il vient de la campagne et qu'il était cordonnier. Ce qui peut se traduire pour les Indiens par : « un émigrant rural des basses castes ». On le voit ensuite ramasser les rebuts de consommation des quartiers riches. Il se dirige ensuite vers le bidonville de Dharavi qui a servi de décor au film Slumdog millionnaire. Depuis 2004, ce quartier fait l'objet de toutes les convoitises. Situé près de la gare et proche du nouveau centre des affaires, il doit être détruit et rénové, mais la corruption et les résistances font que 9 ans après le tournage du reportage, il est toujours là, avec son organisation et son industrie, telles qu'elles sont montrées dans le film. L'économie informelle de Dharavi nourrit les secteurs officiels en lui fournissant de la matière première. Les chiffonniers continuent d'assurer la collecte et le tri là où les services urbains n'arrivent pas. La modernisation du traitement des déchets réduit l'espace des ragpickers mais ne les fait pas disparaître.

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