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Henry Moore, sculpteur phare du XXe siècle

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 avr. 1992

Une série d'expositions commémore l'anniversaire de la mort du sculpteur anglais Henry Moore. L'une d'elle, Moore intime, propose une approche de son travail par la reconstitution de son atelier. Une partie du reportage, tournée en Angleterre, permet également de voir les œuvres monumentales du sculpteur dans leur environnement.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
04 avr. 1992
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001500

Contexte historique

Par Alexandre Boza

A partir des années vingt, Henry Moore (1898-1986) révolutionne tranquillement la sculpture.

Formé à la sculpture après la Première Guerre mondiale, il organise ses premières expositions en 1928 et 1931. La dernière entraîne un tel scandale qu'elle lui coûte un poste d'enseignant mais lui apporte une certaine notoriété et ses premières commandes, dont des commandes publiques. Le grand prix de la Biennale de Venise lui est attribué en 1948, lui ouvrant une nouvelle dimension internationale. Le sculpteur a créé une œuvre considérable célébrée à travers le monde par de grandes expositions en 1946 à New-York, en 1972 à Florence, en 1949 et 1977 à Paris, en 1978 et 1983 à Londres, en 1979 à Bonn et en 1982 à Séoul.

La première force de la sculpture de Moore est de prendre au sérieux les arts primitifs en les intégrant dans son travail, comme le fait Constantin Brancusi. Mais il ne le fait pas en intégrant simplement l'esthétique de « l'art nègre ». Il développe une sculpture à la fois abstraite et figurative aux titres évocateurs comme Forme couchée (1938). Il y met à distance l'anthropocentrisme des arts plastiques pour les mettre en résonance avec l'environnement et les éléments naturels. Inspirées des arts néolithique, étrusque, cycladique ou maya, l'artiste donne aux sculptures une figure humaine. Pour leur conférer une dimension plus universelle, Moore met cette figure en relation avec les « choses » naturelles perçues dans son Yorkshire natal car « la figure humaine est ce qui [l']intéresse le plus, mais [il a] trouvé des éléments formels et rythmiques dans des objets naturels [qu'il a] observés,tels que cailloux, rochers, os, arbres, plantes, etc. ».

Très tôt son œuvre s'affirme à la fois monumentale et aérienne, mégalithique, avec des perforations et des emboîtements de volumes. Moore refuse de travailler la glaise ou le plâtre car il ne veut pas « [falsifier] la pierre pour lui faire imiter la chair douce » et n'accepte que la taille directe de la pierre, s'appuyant sur les défauts initiaux de la pierre sans chercher à les masquer, au contraire.

D'abord fasciné par le matériau, Moore évolue vers une réflexion sur l'humain. Il cherche à incarner la fraternité de l'homme avec la nature dans une géométrisation de type cubiste. Marqué par la violence de la Seconde Guerre mondiale, le sculpteur oscille entre thèmes immémoriaux comme la figure de la maternité et inquiétude face au monde qui l'entoure avec des bronzes tragiques comme le Guerrier à terre, la Figure assise devant un mur courbe (1956-1957) et Atom Piece (1964-1966).

Éclairage média

Par Alexandre Boza

L'hommage rendu à Henry Moore, cinq ans après sa mort, par la ville de Paris dans les jardins de Bagatelle respecte son désir de « voir [sa] sculpture dans un paysage, même indifférent, plutôt que dans le plus beau bâtiment ». Mais c'est à l'exposition Moore intime mise en scène par Christian Germanas que le spectateur est convié pour découvrir les sculptures dans leur contexte initial : l'atelier de Moore.

L'« initiateur » de l'exposition, Didier Imbert, en propose un tour d'horizon. Des sculptures de petites dimensions aux formes plus monumentales, c'est tout l'éventail de ses travaux et l'introduction à son travail qui est faite : ses instruments et son mobilier, son univers fait d'oeuvres collectionnées (tableaux et dessins de Degas, Millet ou Seurat présentés par sa fille Mary, sculptures primitives diverses) comme autant de sources d'inspiration. Des prototypes de petite taille portés à taille finale par ses assistants sont présentées. La reconstitution va jusqu'à la vue depuis son atelier de la banlieue de Londres, essentielle pour un sculpteur qui estimait que « l'observation de la nature fait partie de la vie d'un artiste ; elle accroît sa connaissance de la forme, lui permet de conserver sa fraîcheur, le préserve de ne travailler qu'à partir de formules, et nourrit son inspiration. »

Moore traite la sculpture comme un paysage fait de reliefs et d'aspérités, d'où l'importance qu'il accorde aux trous, aux fractionnements. Les images du reportage cherchent à rendre justice à cette alliance inédite entre monumentalité et légèreté. « La sculpture est art de plein air. La lumière du jour et, pour moi, son meilleur cadre et complément, c'est la nature. » C'est la raison pour laquelle Moore a été le photographe exclusif de ses œuvres. Il aime dans son cadre associer la sculpture et le paysage, inaugurant à sa manière une forme d'art in situ.

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