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L'art du jardin trouve sa reconnaissance

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 13 juin 2000

Le festival des jardins de Chaumont-sur-Loire réunit trente paysagistes pour proposer des compositions de jardin. Associant architecture et paysages, ils construisent des cadres et des ambiances afin de créer des sensations et des émotions, à l'instar des autres arts.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique

    L’oeuvre et le paysage

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
13 juin 2000
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001506

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Le jardin est une « œuvre d'art totale ». Mais c'est une œuvre qui change, évolue, et parfois son créateur n'en voit pas l'aboutissement car il faut une cinquantaine d'année pour qu'un jardin atteigne sa maturité.

Le jardin est un support qui permet la maîtrise comme le développement de l'aléatoire (les jardins imprévus de l'Île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux), il se construit et se déconstruit à l'infini. Enfin le jardin permet une réflexion sur l'écologie : il est le lieu où il faut penser le mariage des essences et les interactions avec l'environnement pour lui permettre de survivre. C'est un lieu de « développement durable » au sens strict.

Les jardins n'ont jamais cessé d'être intégrés dans des ensembles qui les associent à l'architecture comme une relation entre nature et culture. Codifié à partir du XVIe siècle, des styles classiques de l'art du jardin s'affirment : jardin à la française, à l'anglaise, à l'italienne ou jardin japonais. La forme évolue au vingtième siècle avec une dimension « architectonique » et géométrique : des tracés viennent organiser le jardin en cohérence avec les bâtiments, des sculptures s'invitent dans les jardins de Mallet-Stevens et Guévrékian dans les années 1920.

Le jardin connait une éclipse entre la Seconde Guerre mondiale et les années 1970, remplacé par les espaces verts dans les interstices de la ville. Mais il renaît ensuite pour ré-humaniser et remettre de la vie dans les villes. Les jardins se renouvellent et se modernisent. La profession de paysagiste est organisée par la fondation de la Fédération internationale des architectes du paysage (IFLA) en 1948 et une charte adoptée à Florence en 1981 fait du jardin un « monument vivant ». Les jardins nomades et jardins éphémères affirment le rôle du paysagiste en équivalent du plasticien.

Les formes se diversifient : le potager et le verger lui apportent une touche utile et multiplient les fonctions sociales du jardin. Les villes se dotent de grands jardins : le parc de La Villette est confié à Bernard Tschumi en 1982 ; le parc André-Citroën (1986-1992), est réalisé par Allain Provost et Gilles Clément ; ce dernier réalise la « savane arborée » inaugurée en 2011 au musée du Quai Branly ; une promenade plantée, la « coulée verte », est conçue sur plus de deux kilomètres dans le XIIe arrondissement de Paris. Le territoire de la ville de Lyon est repensé autour de parcs à toutes les échelles dans sa périphérie. Des aménagements sont également réalisés dans toutes les grandes villes : la Thames Path de Londres, la High Line de New York.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

En 1995, un centre de formation de jardinier paysagiste est créé à Chaumont-sur-Loire afin de donner de la légitimité à un métier souvent méprisé. L'existence du festival des jardins hisse cette création paysagère au rang d'oeuvre d'art qui s'expose.

Les expositions les plus importantes sont celle de Métis au Québec et celle de Chaumont sur Loire, dans le Loir-et-Cher en France. Trente jardins sont proposés au public, « pour un festival des jardins sans pareil ». Sur une musique légère, bucolique, caractéristique de la partie magazine du journal télévisé, le commentaire vente les « matériaux simples » et « l'imagination » des paysagistes qui « créent la surprise ».

Le premier jardin visité, conçu par le jardinier paysagiste Hugues Peuvergne, surprend. C'est un jardin original où l'allée, encadrée de bottes de pailles et de palissades de bois, se transforme en forteresse ou jardin secret car pour lui « la personne qui habite à trouvé une espèce d'amoncellement de bottes de paille et s'est dit “c'est un endroit parfait pour faire mon petit refuge, mon petit nid” ».

La simplicité des projets se marie à l'ambition esthétique pour le plaisir des visiteurs.

Le regard porté par le public sur les créations se heurte au même problème de définition que pour toute œuvre d'art, mêlant jugement et regard critique. Ils cherchent les mots pour qualifier la dimension plastique de cette expérience. « Il y a un jardin avec des tables de verre, c'est absolument original, avec des matériaux modernes qui sont modernes et tout, et qui sont appliqués d'une certaine manière, c'est superbe ». Les tables en question sont des plaques de verre où les plantes s'enracinent par des ouvertures pratiquées dans le plateau de la table.

Plus loin, l'architecte Jean-Louis Bouchard, est le créateur d'un poulailler design mêlant bois et tôle ondulée car « la tôle ondulée est très populaire, tous les vieux jardiniers ont fait un cabanon avec de la tôle, moi je l'utilise mais pas pareil. Je la mets verticale ». La basse-cour est masquée par les plaques de tôle, mais des ouvertures pratiquées permettent du jeter un œil. Jean-Louis Bouchard opère ainsi un travail de réappropriation et de modernisation des codes de construction de structures aussi frustes qu'un poulailler. Ce faisant, l'architecte questionne nos habitudes et notre regard sur le paysage rural, cet espace jugé immobile parce que nous ne le voyons pas changer. Dans la société urbaine, le regard sur les animaux est celui de curieux qui n'ont plus l'habitude de les fréquenter. La jardin devient alors témoignage d'un rapport à l'espace et à l'environnement.

Le Jardin de Tati, créé par le paysagiste Christophe Mallemouche en référence à l'acteur et réalisateur Jacques Tati, tient du clin d'oeil et du questionnement. Son organisation est une citation directe du film de Jacques Tati Mon oncle, réalisé en 1956-57, qui met en scène le monde moderne. Jacques Tati y interprète le gaffeur et débonnaire Monsieur Hulot venu semer involontairement la zizanie dans le jardin géométrique et rigoureux de son beau-frère, le riche industriel Monsieur Arpel. Le jardin est chez l'industriel bardé de gadgets électriques à l'utilité douteuse. Monsieur Hulot les dérègle, mettant en péril le bel ordonnancement d'une modernité lisse et sûre de son progrès. L'ironie est dans les détails : le parapluie planté au milieu du jardin japonais minéral, le bruit anormal de la fontaine.

Si le Jardin de Tati fait qu'« on n'a rien à envier aux jardiniers japonais, même avec nos jardins de graviers à nous, en France, on peut leur damer le pion », dans les faits c'est un univers tout à fait différent que ces derniers proposent. Le vallon qui sert la composition de style japonais est baigné d'une brume créée de toutes pièces, arrosant des essences exotiques dans un cadre recyclant les images du Japon médiéval.

L'imagination dont font preuve les paysagistes sert la réflexion sur le regard porté au paysage, même dans le cadre d'un reportage faisant partie des « marronniers ». C'est ainsi qu'est désigné le sujet réalisé chaque année à la même période : un journaliste se voit confier la tâche de couvrir le festival. Il en rapporte des images, privilégiant l'insolite, le pittoresque qui font sortir de l'ordinaire de la représentation du jardin.

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