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L'ouverture du MAC/VAL à Vitry-sur-Seine : un musée de banlieue ?

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 26 nov. 2005

L'inauguration du Mac Val à Vitry-sur-Seine est l'occasion pour les riverains de venir en curieux et de découvrir l'art contemporain dont ils sont peu familiers. Un important dispositif pédagogique est mis en place, s'appuyant entre autres sur la médiation de jeunes de la ville. La création d'un musée en banlieue doit permettre de lutter contre les préjugés sur la périphérie de Paris.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
26 nov. 2005
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001512

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Le MAC/VAL (Musée d'Art Contemporain du Val-de-Marne) plante en novembre 2005 un jalon dans l'entreprise de démocratisation de la culture et de développement territorial. Il s'agit d'un musée d'art contemporain dirigé par Alexia Fabre qui affiche des ambitions culturelles fortes. D'autant plus fortes qu'il est construit à Vitry-sur-Seine, en banlieue parisienne, loin de son public parisien habituel et à la rencontre d'un nouveau public peu familier de ce type d'art, voire de l'art en général.

Il a fallu vingt-trois ans d'engagement pour faire naître ce musée. En 1982 lorsque le ministère de la Culture crée les Fonds régionaux d'art contemporain (FRAC), le conseil général du Val-de-Marne se dote d'un Fonds départemental d'art contemporain (FDAC). Il est né de la volonté de deux hommes, Michel Germa, alors président (PCF) du département, et Raoul-Jean Moulin, critique d'art au journal L'Humanité, qui joue ensuite un rôle essentiel dans la constitution de la collection du FDAC. Cette collection comprend environ mille deux cents oeuvres de deux cent cinquante artistes modernes et contemporains. Elle continue de s'enrichir d'achats et de commandes du FRAC. Mais il manquait alors à cette collection un lieu d'exposition à sa mesure. Les pièces du FRAC sont conservées au Plateau, à Paris, et les pièces du FDAC sont exposées de manière itinérantes dans différents lieux du département.

Dans les années 1990, l'idée d'un espace d'exposition s'impose sur le carrefour de la Libération à Vitry-sur-Seine, où est installée la monumentale Chaufferie avec cheminée de Jean Dubuffet en 1996. Le projet architectural de l'atelier d'architecture Jacques Ripault et Denise Duhart est retenu pour ses « lignes pures et horizontales. Un bâtiment blanc et transparent, ouvert sur l'espace urbain et sur de vastes espaces verts ».

L'arrivée de la conservatrice Alexia Fabre en 1998, puis du critique Frank Lamy pour organiser des expositions temporaires, donne un coup d'accélérateur au projet. La commune fournit le terrain, le Département du Val-de-Marne, la Région Île de France et l'Etat financent la construction pour un coût global de plus de trente millions d'euros. Les travaux commencent en 2002, et en attendant leur achèvement, une structure temporaire de préfabriqués permet d'accueillir le public et de montrer des œuvres.

Des efforts importants sont consentis pour assurer le développement territorial du Val-de-Marne. Le musée est organisé comme un lieu de rencontre de publics très divers sur un territoire populaire dont les habitants sont éloignés de la culture. La direction du musée fait notamment d'importantes proposition de médiation en direction des publics locaux. Elle développe un solide appareil pédagogique autour d'ateliers, de rencontres et de partenariats avec les établissements scolaires des communes alentours.

Lors d'une conférence donnée pour l'ouverture du musée, Christian Favier, président (PCF) du Conseil Général où il succède à Michel Germa, pose les enjeux : « Comment faire d'un équipement culturel majeur un acte urbain important, un vecteur à la fois de cohérence sociale, de valorisation économique et un atout majeur de développement ? ». Avec 400 000 visiteurs en cinq ans, le succès du MAC/VAL apporte des éléments de réponse positifs sur la valorisation du territoire local.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Le MAC/VAL, musée en banlieue ou musée de banlieue ? Cette ambiguité est au cœur du reportage qui propose une visite du musée du point de vue des riverains. Un travelling illustre le succès de l'opération portes ouvertes pour l'inauguration du musée.

Le micro trottoir dans la file d'attente démontre à quel point le public de cette inauguration n'est pas le public habituel des manifestations culturelles, comme telle femme qui avoue que « c'est la première fois [qu'elle va] au musée », tel jeune homme qui déclare habiter « à côté », tel lycéen qui signale qu'il n'y a « pas beaucoup de sorties au lycée » et tel autre qui signale que « comme c'est gratuit on en profite, c'est tout ». Diversité des motivations d'où il ressort que les visiteurs ne sont pas venus voir de l'art mais sont poussés par la curiosité. Il semble improbable que les six mille visiteurs du jour soient venus « prendre l'art » comme le dit joliment la campagne publicitaire pour le MAC/VAL. Le reportage met en avant tous les clichés sur la banlieue. Pourtant tout le monde joue le jeu de l'évènement avec « curiosité, constance, patience ». Le commentaire aurait-il été le même pour une inauguration en centre-ville ?

Le parti pris du musée est celui de faire venir les jeunes publics, et le reportage confirme que c'est un succès. Quitte à détourner les œuvres pour en faire un effet spécial ou une aire de jeu. Les contrastes des motivations sont soulignés par des discours plus construits comme celui d'une adolescente qui rappelle qu'« à Vitry, y'a pas forcément des jeunes qui puissent aller sur Paris et on a la chance d'avoir un peu de culture sur ce qui est peinture, sculpture du vingtième siècle. Donc ça nous apporte un peu question culture générale ».

Les visiteurs sont manifestement satisfaits de découvrir les œuvres en famille dans ce musée qui n'est « pas la sortie habituelle », et pour lesquelles « on nous tend la main » par un accueil bienveillant. De nombreuses images montrent des visiteurs dubitatifs devant des œuvres qui sont censées « faire réfléchir » et « provoquer le dialogue avec les tout nouveaux agents d'accueil recrutés dans le voisinage ». L'une d'entre eux, Chadila, explique qu'elle « aime beaucoup travailler avec le public, être en contact » donc est « très heureuse d'être ici ». Soixante-cinq personnes ont été recrutées sur place pour les différentes tâches au sein du musée et à la mission d'accès à la culture s'ajoute la nécessité de s'insérer dans le territoire local.

La conclusion du reportage revient à la charge en soulignant les maux de la banlieue : « Le musée ne sera peut-être pas à lui seul l'antidote au malaise des banlieue, mais c'est une offre de plus pour lutter contre le désœuvrement des uns et le désespoir des autres ». Il en est pourtant peu question dans les paroles des habitants. Mais cette sortie pas banale parviendra-t-elle à s'installer durablement dans les habitudes vitriotes ?

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