Le Centquatre à Paris : un établissement de culture dans un quartier défavorisé
Journal régional - Ile-de-FranceNotice
Résumé
A l'occasion de l'ouverture du Centquatre dans le 19e arrondissement à Paris, le reportage fait le point sur le projet. Dans un premier temps, le journaliste va à la rencontre des publics dans leur diversité. Un entretien avec Robert Cantarella, le co-directeur de l'établissement permet ensuite de mettre le projet en perspective.
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- Date de diffusion : 11 oct. 2008
- Référence : 01548
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Contexte historique
Le 104 se présente comme un « espace de programmation et de création, d'expériences et d'innovations, perméable aux vibrations du monde contemporain ». C'est le projet culturel phare du maire de Paris Bertrand Delanoë. Restauré par les architectes de l'Atelier Novembre, il est inauguré le 11 octobre 2008 dans les 40 000 mètres carrés de l'ancien site des pompes funèbres du 19e arrondissement de Paris. Il aurait coûté autour de « 100 millions » d'euros (104 disent les mauvais esprits) selon le cabinet de Christophe Girard, adjoint à la culture à la mairie de Paris. C'est un signe fort dans un contexte de réduction des dépenses publiques, singulièrement pour un établissement culturel.
La direction en est confiée aux metteurs en scène Frédéric Fisbach et Robert Cantarella avec un double objectif : offrir un lieu de travail à des artistes en créant des résidences d'une durée d'un mois à un an ; démocratiser l'art sous toutes ses formes via des visites d'ateliers quotidiennes, gratuites l'après-midi et payantes le soir. De jeunes artistes deviennent les médiateurs de la culture vers les publics d'un quartier dont la population est éloignée de la culture. Le public est convié à voir « l'art en train de se faire ».
Le 104 est installé au cœur d'un quartier défavorisé, entre le 104 de la rue d'Aubervilliers et le 5 rue Curial, à deux pas des tours des Orgues de Flandres et de la Cité Curial où le chômage avoisine les 20 % de la population active. Une vingtaine des agents d'accueil sont issus d'un parcours d'insertion et les associations culturelles de pratique amateur sont accueillies dans un lieu attenant au 104, le Cinq.
Le projet d'aménagement est ambitieux pour les artistes en manque chronique de place : dix-neuf ateliers d'au moins cent mètres carrés pour accueillir toutes les disciplines (théâtre, danse, musique, vidéo, arts plastiques, arts de la rue). Les compagnies peuvent répéter dans l'une des deux salles de spectacle. L'équipe du 104 se compose d'une soixantaine de personnes pour accueillir trente-cinq équipes artistiques chaque année. Leurs travaux sont présentées en juin lors d'un grand festival, « Traversée ». C'est le nom donné à la longue allée centrale qui relie la rue Curial à la rue d'Aubervilliers, et qui a vocation à devenir un passage public : pour Fisbach et Cantarella, « L'art, c'est le chemin » (Paul Klee).
Le 104 est un projet expérimental adossé à des commerces (café, restaurant, librairie) pour valoriser le quartier. Mais dès la fin de la première année d'exploitation, le projet prend l'eau. Il ne parvient pas à créer une demande dans le quartier et n'attire pas assez le public extérieur. L'établissement accuse un déficit de 600 000 euros ; les commerces tardent à s'installer. L'établissement coûte chaque année huit millions d'euros de fonctionnement mais ce n'est pas suffisant pour être ambitieux. L'idée de faire du 104 une Université de tous les arts n'aboutit pas. Cantarella et Fisbach démissionnent et la ville de Paris est critiquée pour n'avoir pas su préparer le développement du lieu.
La ville cherche alors un nouveau directeur. Le 9 juin 2010, José-Manuel Gonçalvès est nommé au poste après avoir réussi à faire de la Ferme du Buisson, à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) un haut lieu de culture. Sa première décision consiste à ouvrir le bâtiment sur le 5 de la rue Curial, pour le retourner et aller à la rencontre des habitants. La diversité des pratiques est encore accrue, entre ateliers de « pratiques spontanées » et programmation d'événements pointus ou décalés (le Mondial du tatouage). Gonçalvès veut une rupture dans le sens de plus de liberté : « il fallait arrêter de regarder ce lieu comme un monument. Quand je suis arrivé, on ne pouvait rien accrocher, rien déplacer, tout avait été verrouillé » [entretien accordé au journal Le Monde, 25 août 2013].
Éclairage média
Le Centquatre, « lieu le plus branché de la capitale au cœur d'un quartier populaire ? ». C'est ce que le reportage propose d'illustrer en allant à la rencontre des visiteurs venus pour l'inauguration de l'établissement. Ce n'est pas le lieu de culture que l'on vient d'abord voir, mais l'opération de réhabilitation des pompes funèbres parisiennes en lieu de vie et de création. C'est le cas des anciens employés car « maintenant c'est autre chose. C'est les vivants qui sont maintenant ici ».
La place des artistes est centrale et le contrat repose sur un échange : de jeunes artistes méconnus et en devenir disposent d'un lieu pour travailler en résidence. En échange, ils doivent montrer leur travail au public. De manière symbolique, le performeur Nicolas Simarik propose une installation interactive : les visiteurs ont une clef du 104, c'est à eux de choisir de s'en servir pour participer au projet. Les personnes interrogées sont les parfaits exemples des intentions défendues : la dame qui va venir car elle habite « juste à côté », la jeune fille qui attend du lieu « la culture, plus de culture dans le 19e parce qu'on n'avait pas grand-chose », l'artiste qui regrette la pénurie de lieux accueillant des artistes à Paris et se porterait volontiers candidat à une résidence. Le comité de sélection des projets de la « ruche des arts » à reçu plus de trois mille deux cents propositions avant l'ouverture, confirmant ce besoin. Pour Robert Cantarella, co-directeur du Centquatre, « il y a beaucoup de lieux déjà à Paris qui sont des lieux de diffusion, [...] ce que l'on veut donner au Cent-Quatre c'est ce chaînon manquant entre l'artiste tout seul chez lui et qui attend de se montrer, de se faire voir, et le lieu de représentation ; il faut un lieu de travail ».
Pour l'inauguration, « les branchés du monde artistique côtoyait la population locale, pas forcément connaisseuse ». Le reportage pose la question qui fâche : les habitants du quartier auront-ils envie de revenir dans ce lieu d'élitisme culturel, proposant des projections, mais également des lectures, des concerts, du théâtre ? Le contraste entre les artistes réalisant leur performance et le public bigarré est lisible dans les images. Selon Robert Cantarella, « on s'est plaint il y a quelques années que des artistes français n'étaient plus en vogue. En fait c'est absurde, il y a toujours de très grands artistes en France. Simplement il faut leur donner de bonnes conditions de travail. Mais c'est aussi, et c'est la particularité du Cent-Quatre, un lieu pour le public [...], c'est un passage, c'est ouvert de 11 heures à 23 heures, c'est gratuit. Les ateliers seront aussi ouverts régulièrement pour que l'on puisse découvrir des arts que l'on ne connaît pas, ou alors qu'on connaît bien, mais qu'on a envie de connaître autrement. »
Les bobos sont dubitatifs : « c'est pas parce qu'on va mettre un centre d'art au milieu d'une banlieue que tout... enfin voilà. C'est pour les gens qui s'intéressent, c'est tout c'est comme ça. [...] Après ils vont voir un truc, ça peut faire des crossover, mais ça ne sera pas non plus la folie totale ». Le journaliste semble avoir décidé de se « payer » ce public en choisissant une caricature de « cultureux ». Le témoignage est un peu court sur le fond, mais révélateur des enjeux du projet. Le Centquatre s'insère dans une périphérie urbaine qui ressemble à la banlieue, lieu de relégation par excellence. Il faudrait que les gens n'y viennent pas « en curieux », mais par goût.
L'entretien qui suit le reportage est porteur de tous ces espoirs et de toutes ces attentes. Le metteur en scène Robert Cantarella défend avec dynamisme et élégance ce lieu ouvert, tourné « vers les publics du quartier ». Il est également très ambitieux lorsqu'il dit vouloir que les touristes « viennent ici comme on va au Grand Palais, comme on va à la Tour Eiffel. On dira : "on passe par le Centquatre", c'est aussi un bâtiment historique magnifique ».
Transcription
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