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Céleste Albaret raconte Marcel Proust

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 nov. 1956

Les longues nuits de Marcel Proust, témoignage de Céleste Albaret dans Les Visiteurs d'un soir en 1956.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
15 nov. 1956
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001560

Contexte historique

Par Johanna Pernot

Marcel Proust a marqué l'histoire littéraire avec son roman À La Recherche du temps perdu, une fiction en partie autobiographique en sept volumes.

Né en 1871 à Paris d'un grand médecin et d'une mère qu'il chérit dès son plus jeune âge, Marcel Proust partage son enfance bourgeoise entre Paris et Illiers près de Chartres (aujourd'hui Illiers-Combray) où il passe ses vacances. De santé fragile, il consacre son temps à la lecture et aux études, aux mondanités et aux promenades. Après sa scolarité au lycée Condorcet, il suit les cours de Bergson à la Sorbonne. Ses amis, avec lesquels il a parfois joué enfant dans les jardins des Champs-Elysées, l'introduisent dans les salons mondains, expérience qui va nourrir les peintures de mœurs qui abondent dans La Recherche. En 1896, il publie le recueil hétérogène Les Plaisirs et les jours, qui rassemble des écrits en prose et en vers, des portraits et même des partitions. Cette œuvre polyphonique annonce déjà par son style et l'expérience de ses protagonistes l'entreprise d'À La Recherche du temps perdu. Proust commence son roman Jean Santeuil, où se révèle déjà son enthousiasme de dreyfusard. La mort de sa mère en 1905 le plonge dans une douleur profonde. Proust, malade, se retire du monde et s'attache à son essai Contre Sainte-Beuve, qui sera publié comme Jean Santeuil à titre posthume. Il fustige le célèbre critique du XIXe siècle, qui, en fondant son interprétation des œuvres sur l'étude biographique de leurs auteurs, réduit, voire déforme leur portée. En 1913, après plusieurs refus, le manuscrit de Du Côté de chez Swann est accepté par Grasset. Le livre est publié à compte d'auteur. Cette même année, Proust tombe fou amoureux de son chauffeur, Alfred Agostinelli, et lui offre un emploi de secrétaire. L'infidélité et la mort du beau jeune homme, un an plus tard, plongent Proust dans un profond chagrin et lui inspirent le personnage d'Albertine, qui remplace Gilberte dans le cœur du narrateur de La Recherche. La jeune femme insaisissable apparaît pour la première fois dans À L'ombre des jeunes filles en fleurs, qui obtient le prix Goncourt en 1919. Suivent en 1921 Le Côté de Guermantes, Sodome et Gomorrhe en 1922, année de la mort de Proust, qui décède d'une pneumonie à l'âge de 51 ans. Gallimard publie dans les années qui suivent la Recherche au complet avec La Prisonnière, Albertine disparue et Le Temps retrouvé.

À La Recherche du temps perdu raconte la vocation d'un écrivain, Marcel. C'est en effet dans les pages ultimes du Temps retrouvé que le narrateur prend enfin conscience de sa vocation, qu'annonçait pourtant un certain nombre de signes épars dans l'ensemble du roman. Il est alors supposé écrire le début de Du Côté de chez Swann, qui conte la vie de Marcel, enfant, à Combray. La vie est ressuscitée par l'écriture de la mémoire, dans un récit à la première personne émaillé de nombreuses analyses sociologiques et psychologiques, où l'art et l'amour sont les leitmotivs les plus frappants.

Éclairage média

Par Johanna Pernot

Les Visiteurs d'un soir est une émission au concept pour le moins original. Deux fois par mois, Pierre Brive y reçoit une personnalité du monde du spectacle que son métier ou les circonstances de sa vie ont amenée à fréquenter des gens insolites, intéressants, connus ou non du public. Ce « maître de maison » accueille à son tour ses amis dans un cadre intime créé en studio selon ses indications. Dans cette première émission diffusée à l'automne 1956 et consacrée au compositeur de chansons à succès Georges Van Parys, les téléspectateurs ont ainsi la surprise de découvrir Céleste Albaret, l'ancienne gouvernante de Marcel Proust, qui est restée à ses côtés de 1914 à sa mort et a rédigé sous sa dictée une partie de son œuvre. Son témoignage nous permet d'accéder à une facette moins connue, plus humaine de l'écrivain.

La séquence s'ouvre sur un insert : la dédicace d'un livre adressée à « Ma chère Céleste », que lit l'invité du soir à Pierre Brive. L'ensemble de l'entretien porte donc sur la relation intime de la jeune gouvernante et de son maître. Il révèle combien le réel et la fiction semblent s'imbriquer dans la vie du romancier.

Les gros plans sur la vieille dame souriante donnent à ce témoignage une touche émouvante et piquante. L'ancienne confidente de Proust s'exprime étonnamment bien ; elle a l'art de conter des anecdotes, de faire vivre son récit en recréant les dialogues qu'elle a eus avec son maître. Elle nous renseigne sur le mode de vie de Proust, qui travaillait à des heures irrégulières, mais toujours la nuit, et jusqu'à l'aube. Pendant les dix ans où elle a été à son service, Céleste Albaret affirme ne s'être jamais couchée la nuit. Parfois, Proust lui parle de ses personnages, qui semblent avoir une vie autonome. D'autres fois, pour compléter un détail, l'écrivain mondain sort. À son retour, il raconte sa soirée pour égayer la nuit de Céleste. Il raille les personnages qu'il a rencontrés, décrit leurs manières et leurs toilettes qui feront la matière de ses livres. Elle raconte également la joie enfantine de Proust, qui lui annonce une grande nouvelle : « eh bien enfin, j'ai mis le mot « fin » à mon livre ». L'entretien s'achève sur la présentation d'un manuscrit original de Proust – un collage mystérieux de grandes pages déployées.

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