Le Misanthrope de Molière [extrait]
Notice
Résumé
Adaptation de la pièce Le Misanthrope de Molière par Pierre Dux en 1971. La scène des portraits (II,4).
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- Date de diffusion : 20 févr. 1971
- Référence : 01579
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Contexte historique
Né en 1622, Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un véritable homme de théâtre. À la fois acteur, dramaturge et metteur en scène, il est considéré comme un des plus grands auteurs comiques. C'est aussi un artiste engagé dans son temps.
Destiné à reprendre la charge de son père, qui était tapissier et valet de chambre ordinaire du roi, le jeune Poquelin entre dans un collège jésuite, avant de commencer des études de droit. Mais il affirme sa vocation et rompt avec sa famille en s'installant chez les Béjart à Paris. En 1643, il fonde l'Illustre Théâtre, qui fait rapidement faillite. Molière est incarcéré pour dettes.
À sa sortie de prison, il parcourt avec sa troupe pendant plus de dix ans la province, en donnant des représentations dans des lieux de fortune. Il interprète des rôles comiques et tragiques, écrit ses premières pièces, dont Le Dépit amoureux. En 1658, la troupe décide de conquérir Paris et s'attire avec Le Docteur amoureux les faveurs du roi. Molière diversifie sa production : il exploite la farce dans Sganarelle (1660), élabore des spectacles divertissants, qui mêlent musique, danse et chant (Les Fâcheux, 1661) ou se livre à une critique des ridicules et des vices (Les Précieuses ridicules, 1659). Cette verve satirique lui vaut de farouches ennemis.
Avec L'Ecole des femmes jouée en 1622, Molière hisse la comédie au rang de genre noble. Commence alors le temps des chefs d'œuvre, mais aussi des difficultés. On accuse Molière de ridiculiser le sacrement du mariage. En 1664, il s'insurge, avec son Tartuffe, contre l'hypocrisie religieuse. La Compagnie du Saint-Sacrement fait interdire la pièce. L'année suivante, le dramaturge répond par Dom Juan, qui, en mettant en scène un libertin séducteur et athée, provoque de nouveau le scandale (voir le document Dom Juan, de Molière). La question de la sincérité est une nouvelle fois soulevée par Molière en 1666, avec Le Misanthrope, époque à laquelle il se met à douter de la loyauté du roi et connaît des difficultés dans son couple. Mais ayant un théâtre à gérer, il ne peut plus prendre le risque de voir ses pièces interdites. Il s'oriente alors vers la comédie-ballet (Le Bourgeois gentilhomme, 1670) ou la farce (Les Fourberies de Scapin, 1671). C'est au cours d'une représentation du Malade imaginaire en 1673, que, pris de convulsions, il est transporté chez lui et meurt.
À l'instar de Tartuffe ou de Dom Juan, le héros du Misanthrope est un original qui proclame haut et fort son mépris du genre humain. En dénonçant l'hypocrisie ambiante, il remet en cause les règles du jeu social, sans lesquelles la vie en société ne serait pas supportable. La démesure extravagante d'Alceste est liée à la passion qui l'habite – passion de la vérité et passion de l'amour. En effet, s'il est aimé d'Arsinoé et d'Eliante, que courtise Philinte, il aime contre ses principes la futile et médisante Célimène. Contrairement aux autres héroïnes de Molière – jeunes filles ou femmes mariées – la jeune veuve peut jouir d'une grande liberté sentimentale dont elle use et abuse, au grand dam de « l'homme aux rubans verts ». À travers ce schéma des amours contrariés, Molière – qui, en Alceste, donnait la réplique à sa femme, Armande Béjart, âgée de vingt ans de moins que lui – questionne habilement les amitiés (qu'est-ce qu'un ami ? Et que fait-on quand un ami – Alceste, miné par la misanthropie, le chagrin amoureux, le procès que lui fait un ami – plonge ?) et la sincérité. L'acte cinq souligne l'échec des extrêmes : Célimène, la charmante menteuse, est démasquée par ses soupirants ; la quête d'absolu d'Alceste le condamne à l'exil. À l'inverse, le mariage de Philinte et Eliante, les personnages modérés de la pièce, semble indiquer que la mesure, le respect des conventions semblent plus adaptés au monde. L'exil pour Alceste, la prison pour Tartuffe ou la mort pour Dom Juan : le dénouement étonnamment tragique de ces comédies pourrait signifier que les marginaux n'ont pas leur place dans la société policée de Louis XIV.
Éclairage média
Le personnage d'Alceste a fait l'objet de diverses interprétations. Pierre Dux, qui a réalisé plusieurs mises en scène classiques du Misanthrope, l'éclaire ici sous un jour bien précis : Alceste est un sauvage qui hait la société parce qu'elle ne lui permet pas de réaliser son amour. Au début de la scène 4 de l'acte II, il conjure, il ordonne à Célimène de se déclarer publiquement. Dans l'extrait, Célimène brille par son esprit satirique devant toute sa cour de soupirants, et finit par donner tort à Alceste.
Dans un décor d'époque assez chargé, Pierre Dux illustre l'échec du misanthrope (Jean Rochefort), qui s'exclut en refusant la comédie sociale dans laquelle donnent tous les courtisans. Le genre de la comédie est mis en abyme à travers le personnage talentueux de Célimène (Marie-Christine Barrault). Comédienne née, elle imite ses semblables à la perfection, en usant de toute la palette du jeu théâtral – phrase laissée en suspens, grimaces, œillades, gestes de la main – pour s'attacher les faveurs de son auditoire et railler le monde.
Alors qu'au théâtre, le spectateur accède à la scène en entier et regarde où bon lui semble, la télévision lui impose un cadrage. Ici, la caméra met en valeur le personnage de Célimène qui virevolte dans son salon, entre les invités auxquels elle donne tour à tour la réplique. Les plans rapprochés, qui la prennent toujours pour cible, font d'elle la reine, l'attraction autour de laquelle on gravite. Le plan d'ensemble qui suit la montre d'ailleurs debout, tandis que tous se sont assis : elle est bien l'actrice principale du spectacle qui fait s'esclaffer la galerie. Objet de tous les regards, elle est aussi objet de toutes les convoitises : tous les hommes, qu'elle séduit par son art de la conversation, rient et se pressent autour d'elle, en lui baisant la main.
À l'inverse, Alceste, l'œil sombre, la mine renfrognée, muet dans son fauteuil, est le spectateur lucide par excellence : il ne se laisse pas séduire par le jeu de Célimène – il voit au travers – mais contemple l'ensemble du tableau : le triste spectacle qu'ils composent, elle et son hypocrite cour. Célimène n'est rien sans les flatteurs qui l'écoutent. Et dans ces rieurs eux-mêmes, qui rient de leurs prétendus amis, le regard froid d'Alceste et de Molière dénonce la vanité et la médisance des hommes.
Loin d'être comme les autres un comédien qui sait porter le masque, le misanthrope laisse voir sur son visage, filmé en gros plan, ses réactions et ses émotions, de l'espoir quand Célimène semble s'adoucir, à la réprobation la plus violente. Son corps parle, ses mouvements brusques trahissent son impatience. Son intervention brutale, quand il se lève excédé de son fauteuil et parle à voix rude et forte, contraste avec les paroles mielleuses et savamment tournées des courtisans.
Dans le drame de la passion, Alceste ne joue pas. Il dit la vérité sans fard. Et, ne voulant pas se conformer au jeu social, il s'isole, comme le montrent sa place à un bout du salon et le cadrage de la caméra. Deux camps inéluctablement se forment.
Même lorsque Célimène s'avance vers lui et qu'un plan rapproché l'unit pour quelques instants à son amant, la jeune femme lui adresse des sourires moqueurs et se retourne régulièrement vers ses spectateurs : le couple n'est que factice, aucune intimité, aucune vérité n'est possible sur le théâtre du monde, ce que déplore Alceste : « Les rieurs sont pour vous, Madame, c'est tout dire/Et vous pouvez pousser contre moi la satire. » Célimène trahit, à la fois instigatrice et prisonnière d'un jeu social auquel elle sacrifie son amant.
Transcription
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