Juger les crimes d'Auschwitz : le procès de Francfort
Cinq colonnes à la uneNotice
Résumé
Ce reportage diffusé dans l'émission Cinq colonnes à la Une revient sur le sort réservé aux bourreaux d'Auschwitz et à leurs victimes, près de vingt ans après la libération des camps. L'ethnologue Germaine Tillion, résistante-déportée, témoigne : elle revient avec pudeur et émotion sur son difficile retour vers la vie après Ravensbrück.
Informations
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- Date de diffusion : 08 mai 1964
- Référence : 01835
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Contexte historique
Ce reportage, diffusé dans l'émission Cinq colonnes à la Une, le 8 mai 1964 revient sur le procès de Francfort, au cours duquel 22 membres de l'administration SS d'Auschwitz-Birkenau doivent alors répondre de leur implication directe dans les crimes commis à l'intérieur du camp principal et des sous-camps. C'est la seconde fois que des responsables du camp d'Auschwitz sont traduits devant les tribunaux. En 1947, à Varsovie, les 40 principaux donneurs d'ordres ont déjà été jugés : 23 condamnés à mort et 16 à la prison à vie.
Le "second procès d'Auschwitz" s'ouvre en décembre 1963 après plus de 5 ans d'instruction. Son retentissement est considérable car il concerne le camp d'Auschwitz, devenu un symbole et un lieu de commémoration du génocide perpétré par les nazis. C'est le camp où périrent le plus de victimes et pour lequel les témoignages des survivants sont nombreux.
Il s'agit pour le procureur Fritz Bauer de mettre en évidence le fonctionnement du système concentrationnaire et les responsabilités des différents types de tortionnaires. C'est pourquoi parmi près de 8 000 SS ayant exercé des fonctions à Auschwitz et dans les 40 camps annexes, seuls 22 doivent répondre de leurs crimes. Adjudant, médecins, pharmaciens, infirmiers, gardes, chef de bloc et Kapo, ils représentent les différents maillons de la chaîne de commandement du camp.
Les enjeux de ce procès sont juridiques, historiques et mémoriels :
- Installé dans une salle du conseil municipal, le tribunal va très vite se heurter aux limites de la législation allemande. Pour condamner les prévenus, il faut pouvoir prouver leur implication directe dans la sélection et le gazage des déportés et non leur seule complicité. Faisant fi de l'organisation interne et de la division des tâches au sein du camps, la Cour se heurte donc à l'impossibilité d'établir la culpabilité de 5 accusés. Parmi les 17 autres, 6 sont condamnés à la prison à vie, 11 condamnés à des peines allant de 3 à 14 ans de prison.
- Alors que les archives du camp ont été détruites par les nazis et que les travaux des historiens sont encore lacunaires, la procédure d'enquête préliminaire ouverte dès 1959 permet de recueillir les témoignages de près de 250 survivants et de procéder sur place à des recoupements. Le tribunal peut également s'appuyer sur les notes de Rudolf Höss, premier commandant du camp. L'ensemble de cette documentation constitue un matériau précieux pour l'historien.
- Enfin le procès, très médiatisé, est ouvert au public et des jeunes écoliers viennent y assister à des fins pédagogiques.
Éclairage média
Comme son titre l'indique, l'émission Cinq colonnes à la Une, programme mensuel de 90 minutes, diffusé sur la première chaîne à 20h30 entre 1959 et 1968, reprend certaines techniques de la presse écrite. Une série de reportages y sont diffusés : ils alternent présentation des faits, entretiens et images de transition qui viennent illustrer une narration très construite par le journaliste.
Ce sujet s'intitule Des victimes et des bourreaux. A l'occasion du procès de Francfort, le journaliste entend faire le point sur le sort infligé aux criminels du camp d'Auschwitz mais il donne également la parole à d'anciens déportés.
L’extrait s’ouvre sur un entretien avec Joachim Kugler, jeune procureur allemand qui doit prononcer le réquisitoire final. Il revient sur son enfance en Allemagne nazie et sur les atrocités recensées dans l’acte d’accusation, après 5 ans de procédure. Il explique au journaliste l’intérêt et les limites du procès. Si il juge nécessaire de diffuser auprès de la population allemande la mémoire des camps nazis, il avoue qu’aucune peine ne pourra "faire justice" face à des crimes "si grands et si horribles".
Germaine Tillion a été choisie pour être interviewée, alors même qu'elle n'a pas été déportée au camp d'Auschwitz mais à celui de Ravensbrück, où en tant que résistante classée NN (Nacht und Nebel), elle retrouva 8 000 autres résistantes françaises.
Cet entretien de l'ethnologue, panthéonisée en 2015, se singularise par la teneur très intime et personnelle des propos tenus. Elle n'évoque pas ici les mécanismes de déshumanisation à l'oeuvre dans le camp mais plutôt leurs conséquences à court et long terme sur les victimes survivantes, au-delà même de l'expérience concentrationnaire.
Elle avoue avoir encore du mal à parler de sa déportation et élude la question du journaliste à propos du décès au camp de sa mère, Emilie. Elle décrit également les sentiments qui lui ont permis de survivre à l'intérieur du camp : la colère et l'indignation qui l'ont poussée à agir et à ne plus avoir peur, surtout pas de la mort, omniprésente.
« Empoisonnée de souffrances », elle avoue ici n'avoir retrouvé le goût de vivre que plusieurs années après son retour et près de vingt ans plus tard, elle ne se déclare « pas guérie ». Néanmoins, l'auteur de la pièce le Verfügbar aux enfers, écrite en déportation, n'a eu de cesse de de témoigner après son retour. Dès 1946, elle publie ainsi un ouvrage collectif de référence sur le camp de Ravensbrück.
Elle évoque enfin l'engagement des anciens déportés qui, après leur retour, prennent tous les risques pour lutter contre toute forme d'humiliation. C'est le sens des combats de Germaine Tillion, notamment lorsqu'elle s'engage contre l'emploi de la torture en Algérie mais aussi de son amie Geneviève de Gaulle-Anthonioz au service du mouvement ATD-Quart Monde.
Transcription
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