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Référendum en Grèce sur le plan international d'aide financière : large victoire du "non"

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 06 juil. 2015

Au lendemain du référendum qui a vu le rejet du plan d'aide financière internationale à la Grèce, des Athéniens expriment leurs inquiétudes sur l'avenir de leur pays. Des partisans du "non" fêtent leur victoire. Le Premier ministre Alexis Tsipras, le ministre des Finances démissionnaires Yanis Varoufakis et le vice-président de la Commission européenne Vladis Dombrovskis font des déclarations.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
06 juil. 2015
Production :
INA
Page publiée le :
30 nov. 2017
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001848

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

A partir de 2010, la Grèce subit une profonde crise financière en raison de l'ampleur de sa dette publique. La crise débute avec la révélation en 2009 par le nouveau Premier ministre socialiste Georges Papandréou d'un déficit public record : il atteint 12,7 % du PIB et non 6 % comme l'annonçait le gouvernement précédent de Kostas Karamanlis. Les créanciers refusent alors de continuer à prêter de l'argent à Athènes dont la dette publique s'élève à 350 milliards d'euros. Georges Papandréou demande l'aide du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Union européenne (UE). Un premier plan de sauvetage est adopté en mai 2010 : la Grèce obtient 110 milliards d'euros sur trois ans, 80 milliards de l'UE et 30 milliards du FMI. En échange, Athènes s'engage à mettre en place différentes réformes, telles que le gel des salaires des fonctionnaires pendant trois ans, l'allongement des cotisations des retraites ou la hausse de la TVA à 23 %.

Face à l'aggravation de la situation économique et financière grecque, d'autres plans d'aide sont cependant ensuite mis en place par la "troïka" (Commission européenne, Banque européenne et FMI). Ainsi en octobre 2011, l'UE et le FMI octroient à Athènes un prêt supplémentaire de 130 milliards d'euros. En outre, les banques privées acceptent d'abandonner la moitié de la dette publique qu'elles détiennent sur la Grèce. Ces aides s'accompagnent de nouvelles mesures de rigueur, telles qu'en février 2012 l'adoption d'un salaire minimum à moins de 590 € et une réduction des retraites des fonctionnaires de 12 %. Cette austérité provoque de fortes tensions sociales et un mécontentement d'une large partie de la population grecque.

Ce mécontentement se traduit par la victoire historique de Syriza aux élections législatives du 25 janvier 2015. Ce parti de la gauche radicale obtient 36,3 % des voix. Son chef, Alexis Tsipras, qui a promis pendant la campagne électorale de mettre fin aux cinq années d'austérité imposées par l'UE et le FMI, devient Premier ministre. Il entame alors de nouvelles négociations avec la "troïka" pour prolonger les programmes de refinancement de la dette grecque. Mais le 27 juin 2015 il décide de rompre les négociations. Il annonce l'organisation d'un référendum sur le plan d'accord proposé deux jours auparavant par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI qui prévoit de nouvelles mesures de rigueur concernant notamment la fiscalité, la TVA ou les retraites. Le 5 juillet suivant, le "non" l'emporte nettement avec 61,31 % des suffrages exprimés contre 38,69 %. Ce rejet massif d'un nouveau plan d'austérité fait craindre aux dirigeants européens que la Grèce ne sorte de la zone euro.

Alexis Tsipras reprend toutefois les négociations avec l'Union européenne. Le très médiatique ministre des Finances, Yanis Varoufakis, fervent partisan du "non", démissionne même dès le 6 juillet 2015 afin de faciliter l'obtention d'un accord. Finalement, le 13 juillet suivant, le Premier ministre grec se résigne à signer un accord avec la "troïka" après dix-sept heures de discussions. La Grèce obtient un nouveau prêt de 86 milliards d'euros sur 3 ans en échange de nouvelles mesures de rigueur. Cet accord sauve le pays de la faillite et lui permet de rester dans la zone euro. Mais en s'y pliant, Alexis Tsipras renonce à mettre fin à l'austérité contre laquelle les électeurs grecs s'étaient prononcés à deux reprises, lors des élections législatives de janvier 2015 puis du référendum du 5 juillet. Une quarantaine de députés de Syriza refusent ainsi de voter les nouvelles mesures de rigueur. Alexis Tsipras annonce alors le 20 août 2015 la démission de son gouvernement et convoque de nouvelles élections législatives pour le 20 septembre. Il gagne son pari puisque Syriza remporte de nouveau ce scrutin avec 35,5 % des voix.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Le 6 juillet 2015, France 3 dédie une grande partie de son journal télévisé au référendum qui a eu lieu la veille en Grèce : même si cet événement ne bénéficie pas d'une édition spéciale à proprement parler, 14 minutes sur les 24 que compte l'édition nationale du 19.20 y sont consacrées. L'événement reçoit un traitement médiatique très important en raison de ses conséquences pour l'Union européenne et plus particulièrement pour la France. Le 19.20 du 6 juillet 2015 alterne ainsi les reportages, réalisés à Athènes et en France, avec les duplex d'envoyés spéciaux depuis le palais de l'Elysée et la capitale grecque, un extrait de déclaration du président de la République François Hollande et une analyse plateau d'un journaliste.

Le présent reportage ouvre le journal télévisé. Filmé principalement à Athènes par une équipe de France 3 mais aussi partiellement à Bruxelles, siège de la Commission européenne, il se constitue d'un montage de plans filmés la veille lors de la soirée électorale ainsi que le jour même. Il traite des réactions au résultat du référendum.

Il s'intéresse d'abord aux réactions de la population grecque. La journaliste Stéphanie Desjars commente des images factuelles montrant une file d'attente devant un distributeur de banque au lendemain du référendum. Un micro-trottoir est aussi organisé dans les rues d'Athènes afin de recueillir l'opinion d'Athéniens sur l'avenir de la Grèce. Le sujet donne également à voir la liesse des partisans du "non" la veille après l'annonce des résultats : ils célèbrent le résultat sur la place Syntagma devant le Parlement grec en dansant et en applaudissant, des drapeaux grecs dans la main.

Le reportage ne s'intéresse pas uniquement aux réactions des anonymes mais également à certains des principaux acteurs politiques de la crise. Il propose ainsi des extraits de plusieurs déclarations. D'abord celle du Premier ministre Alexis Tsipras, l'initiateur du référendum, qui s'exprime depuis la Villa Maximos, la résidence du chef du gouvernement grec. Le drapeau européen qui figure à ses côtés avec celui de la Grèce peut être interprété comme un symbole de son refus d'interpréter le résultat du référendum comme un rejet de l'Union européenne. Le sujet donne aussi à entendre le ministre des Finances Yanis Varoufakis qui annonce sa démission lors d'une conférence de presse. Enfin, il intègre aussi un extrait de déclaration d'un représentant de l'Union européenne, le Letton Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne chargé de l'euro et du dialogue social.

Au milieu de ces trois acteurs politiques, le très médiatique Yanis Varoufakis détonne. Son anticonformisme, qui avait particulièrement irrité lors des réunions mensuelles des ministres des Finances des pays de la zone euro, est particulièrement visible à l'écran. Son style vestimentaire rappelle davantage celui d'une popstar que celui d'un homme politique en charge d'un portefeuille ministériel de premier plan. Dans le reportage, il apparaît ainsi tour à tour vêtu d'une chemise décontractée, d'un tee-shirt moulant, d'une veste en cuir et d'un jean. Les images de son départ à moto après sa démission du ministère des Finances détonnent également : on le voit casqué, monter à moto et prenant derrière lui son successeur, Euclide Tsakalotos. Cette sortie spectaculaire de Yanis Varoufakis, clairement mise en scène pour les médias, tranche avec les images traditionnelles des hommes politiques qui s'engouffrent dans des voitures officielles.

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