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Attentat contre des chrétiens pakistanais à Lahore

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 mars 2016

Le 27 mars 2016, le jour de Pâques, un attentat-suicide commis par un taliban vise des chrétiens pakistanais dans un parc de loisirs. 72 personnes sont tuées dont 29 enfants. Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif se rend au chevet de victimes. Les chrétiens de Lahore enterrent leurs morts et critiquent l'absence de protection de la part du gouvernement.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
28 mars 2016
Production :
INA
Page publiée le :
30 nov. 2017
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001858

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le 27 mars 2016, le dimanche de Pâques, un attentat-suicide très meurtrier a lieu à Lahore, la deuxième ville la plus peuplée du Pakistan (10 millions d'habitants) et capitale de la province du Pendjab. L'attaque vise un parc de jeux où des chrétiens s'étaient réunis pour célébrer la plus importante fête du christianisme. Un terroriste kamikaze se fait exploser près d'une aire de jeux pour enfants, alors que de nombreuses familles étaient en train de quitter le parc. Ainsi la grande majorité des victimes sont des enfants et des femmes : 72 personnes dont 29 enfants sont tuées et près de 340 blessées.

Cet attentat est revendiqué par le groupe Jamaat-ul-Ahrar, groupe dissident du mouvement des talibans pakistanais créé en 2014. Son communiqué de revendication témoigne d'une volonté délibérée de cibler des chrétiens le jour de Pâques : "La cible était des chrétiens. Nous envoyons ce message au Premier ministre Nawaz Sharif pour lui dire que nous sommes entrés dans Lahore".

Les chrétiens représentent environ 2 % de la population pakistanaise, soit entre 3 et 4 millions de personnes. Lahore abrite notamment une forte communauté chrétienne. Dans la République islamique du Pakistan, les chrétiens sont fréquemment l'objet de brimades et de persécutions. Ils sont également victimes d'attentats. Avant celui de Lahore du 27 mars 2016, ils avaient notamment fait l'objet de deux autres attentats-suicides perpétrés par les talibans pakistanais. Le 22 septembre 2013, à Peshawar, dans le nord-ouest du pays, un terroriste s'était fait exploser devant une église anglicane, à la sortie de la messe dominicale, tuant 82 personnes. Puis le 15 mars 2015, déjà à Lahore, deux attentats-suicides avaient visé des églises, l'une catholique, l'autre anglicane, lors de la messe. 15 personnes avaient trouvé la mort.

La tuerie de Lahore du 27 mars 2016 provoque cependant un bien plus grand émoi dans le monde entier. Le fait que de nombreux enfants aient péri dans l'attentat choque la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, demande ainsi la traduction rapide devant la justice des auteurs de cet acte de terrorisme. Le lendemain de l'attaque, devant les fidèles catholiques réunis place Saint-Pierre, à Rome, le pape François condamne quant à lui "un attentat exécrable" : "Encore une fois, la violence et le meurtre haineux conduisent seulement à la souffrance et à la destruction". Il appelle les autorités pakistanaises à tout faire pour mieux protéger la minorité chrétienne du pays.

Dans une déclaration télévisée prononcée le lendemain, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, dont le parti, la Ligue des musulmans du Pakistan, a précisément son fief à Lahore, condamne l'attentat : "Les terroristes ne peuvent émousser notre détermination. Notre lutte continuera jusqu'à l'élimination complète de la menace terroriste." Une vaste opération policière est alors conduite dans le Pendjab, conduisant à de nombreuses arrestations. Un deuil de trois jours est également décrété dans cette province.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé le 28 mars 2016 dans l'édition nationale 19.20 de France 3, ce reportage est consacré à l'attentat qui a visé la veille des chrétiens pakistanais dans un parc de loisirs à Lahore. Il s'inscrit dans une actualité très chargée du terrorisme. Ce dernier a en effet occupé une place médiatique très importante en 2015 et 2016, principalement à la suite des attentats à Paris les 7-9 janvier et 13 novembre 2015 (voir Attentat contre le journal Charlie Hebdo, Double prise d'otages terroriste dans le magasin Hyper Cacher à Paris et à Dammartin-en-Goële et Les attentats de Paris du 13 novembre 2015) et à Bruxelles le 22 mars 2016 (voir Les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles). L'édition du journal télévisé de France 3 du 28 mars 2016 y consacre trois sujets : le reportage sur l'attentat de Lahore est précédé par un autre sur un projet d'attentat déjoué en France, puis par un plateau extérieur réalisé à Bruxelles portant sur la veillée d'hommage aux victimes des attentats du 22 mars 2016.

Les médias français et européens accordent dans l'ensemble un traitement différencié aux attentats commis selon l'aire géographique dans laquelle ils sont commis. Un attentat perpétré en Europe ou aux Etats-Unis fait toujours l'objet d'une couverture médiatique importante. A l'inverse, les nombreuses attaques terroristes hors du monde occidental ne sont le plus souvent au mieux évoquées que par une brève. C'est en particulier le cas des pays les plus touchés par le terrorisme, l'Afghanistan, l'Irak, le Pakistan, le Nigeria et la Syrie, qui représentent pourtant près de 60 % des attentats commis dans le monde depuis le début du XXIe siècle. Ce traitement des attentats à géométrie variable répond à la loi journalistique dite de proximité : plus un événement se déroule dans un espace éloigné du téléspectateur, moins il est traité par les médias. C'est en particulier le cas pour les attaques terroristes, pour lesquelles on parle également de loi du "mort-kilomètre": plus un attentat est commis loin, moins il semble intéresser le téléspectateur.

Le reportage consacré à l'attentat de Lahore de la veille fait donc exception. Le choix de la rédaction de France 3 de s'y intéresser répond pourtant également à la loi de proximité. Il ne s'agit pas là d'une proximité dans l'espace mais d'une proximité affective. En effet, l'attaque-suicide de Lahore a d'abord visé des chrétiens, très minoritaires au Pakistan mais majoritaires en France et en Europe. Le reportage de France 3 met ainsi particulièrement en valeur la dimension religieuse de l'attentat. Carole Gaessler, la présentatrice du journal télévisé, la souligne d'ailleurs dès son lancement plateau : "Ce sont bien les chrétiens qui ont été délibérément pris pour cible par une faction des talibans". Le journaliste Régis Nusbaum le confirme ensuite dans son commentaire : "Il visait les chrétiens". Les deux témoignages recueillis dans le reportage déplorent quant à eux le manque de protection de la minorité chrétienne au Pakistan. En revanche, le reportage de France 3 n'insiste pas sur un autre aspect qui a pourtant ému l'opinion occidentale et qui constitue un autre motif de proximité affective : le fait que l'attentat ait été commis dans une aire de jeux et que de nombreux enfants figurent parmi les victimes. Le journaliste se contente d'évoquer le nombre d'enfants morts, sans en dire plus.

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