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Gurs, un camp d’internement français 1939-1945

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 avr. 1989

Créé en 1939 pour interner des républicains espagnols réfugiés en France, le camp d’internement de Gurs a ensuite permis aux autorités de Vichy d’interner différentes catégories « d’indésirables » ainsi que des Juifs. Les vestiges du camp encore visibles dans le paysage et les plaques commémoratives permettent de se rappeler des conditions de vie terribles auxquels étaient soumis les internés.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
04 avr. 1989
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2018
Modifiée le :
06 déc. 2023
Référence :
00000001908

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Soumise à l’afflux de nombreux réfugiés (républicains espagnols, personnes fuyant les régimes fascistes et nazis), la France adopte une politique d’internement à partir de novembre 1938 lorsqu’un décret donne la possibilité aux préfets d’interner les « étrangers indésirables » dans des « centres spécialisés ». Le premier camp d’internement ouvre à Rieucros (Lozère) en février 1939. Le camp de Gurs, dans les Basses-Pyrénées  (actuellement Pyrénées-Atlantiques), ouvre quelques semaines plus tard, en avril 1939.

L’entrée en guerre en septembre 1939 s’accompagne d’une extension de l’internement administratif, qui concerne les ressortissants allemands et des territoires occupés par le Reich (Autriche, Tchécoslovaquie), y compris ceux qui avaient pourtant fui le nazisme, ainsi que les membres du PCF, interdit par le gouvernement Daladier le 26 septembre 1939. Au lendemain de la défaite, le régime de Vichy étend l’internement aux Juifs étrangers. Le camp de Gurs sert notamment à l’internement des juifs expulsés du pays de Bade vers la France. Entre août 1942 et mars 1943, les 3907 juifs internés à Gurs sont transférés par convois au camp de Drancy et de là déportés en six convois au camp d’Auschwitz où ils furent presque tous exterminés.

Installé sur un site de cinq kilomètres de long et 500 mètres de large, couvrant une superficie de 28 hectares, le camp de Gurs fut l’un des plus vastes que la France ait connu au cours de cette période. Il se composait de 13 îlots et de 382 baraques en bois. Mesurant 30 mètres sur 6, elles pouvaient recevoir jusqu’à 60 personnes. Du fait de l’absence de tout confort (il n’y avait ni eau courante ni sanitaires dans les baraques) et d’une très forte promiscuité, les conditions de vie des personnes internées étaient très difficiles. La nourriture était rare et de mauvaise qualité. La nature argileuse du terrain explique que le sol était un bourbier permanent pendant les périodes de pluie.

Au total, entre son ouverture en avril 1939 et sa fermeture à la fin de la guerre en août 1944, environ 64 000 personnes ont été internées à Gurs et 1072 y sont mortes du fait d’une alimentation insuffisante ou de maladies liées aux mauvaises conditions d’hygiène. Après avoir servi de camp d'internement aux Républicains espagnols, aux étrangers, aux communistes et aux Juifs, le camp de Gurs fut également utilisé au cours de ses derniers mois d’activité pour interner des collaborateurs.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Tourné en avril 1989, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la création du camp de Gurs, ce reportage montre parfaitement l’oubli qui entoure alors l’histoire du camp, et plus largement celle de l’internement dans la France des années 1940. Le site apparaît totalement abandonné, une friche recouverte par la végétation d’où émergent seulement quelques ruines témoignant de l’existence du camp. Seule une simple pancarte installée au bord de la route permet de rappeler l’histoire du lieu : elle indique aux passants que s’élevait ici entre 1939 et 1944 un camp où furent internés plus de 64 000 personnes. Le cimetière abritant les tombes des internés morts dans le camp rappelle également les conditions de vie terribles qui y régnaient.

Le discours tenu par l’historien Claude Laharie, auteur d’une thèse sur Gurs, qui rappelle que ce camp de concentration était « exclusivement français », « avec des administrateurs et des gardes français » apparaît relativement neuf pour l’époque, où cette question de l’internement restait largement méconnue. Il faudra attendre la publication de la thèse de Denis Peschanski sur l’internement en France entre 1938 et 1945 (La France des camps, Gallimard, 2002) pour que le sujet soit davantage médiatisé et que le voile entourant l’histoire des camps français soit levé.

Pour sortir le camp de Gurs de l’oubli, une amicale des anciens internés se constitua dans les années 1980, organisant chaque année des commémorations. Grâce aux efforts de cette amicale, le site a été davantage préservé. Un mémorial national y a été construit en 1994, le cimetière a été totalement rénové en 2000, un circuit a été aménagé en 2007 pour permettre de parcourir le site et d’en comprendre l’histoire. Le cimetière bénéficie également pour son entretien et sa conservation d’une aide importante de plusieurs villes d’Allemagne (Karlsruhe, Fribourg, Heidelberg, Constance) d’où provenaient les juifs expulsés en 1940 et internés par le régime de Vichy à Gurs.

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