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De Gaulle livre son analyse de la guerre et appelle les Français à manifester

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 déc. 1940 | Date d'évènement : 28 déc. 1940

Dans un discours du 28 décembre 1940, de Gaulle livre son analyse du conflit, rappelant que si la France a perdu une bataille, la guerre, qui est mondiale, n’est pas terminée. Dans ces conditions, les Français doivent manifester à la fois pour montrer leur opposition à l’occupation et leur soutien aux Alliés qui continuent de lutter contre le Reich

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
28 déc. 1940
Date de diffusion du média :
28 déc. 1940
Production :
INA
Page publiée le :
29 oct. 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000003433

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Depuis l’appel lancé le 18 juin 1940 par le général de Gaulle, la BBC constitue le principal instrument pour permettre aux Français libres à Londres de s’adresser aux Français de métropole. Une émission spécifique, intitulée « Les Français parlent aux Français » permet de soutenir le moral des Français et de contrer Radio Vichy et Radio Paris. Diffusée de 20h30 à 21h, elle mêle causeries, sketches, chansons, messages personnelles ou lecture du courrier de France. La France libre dispose également d’une émission plus « officielle » de cinq minutes d’antenne, « Honneur et Patrie » diffusée à 20h25, après le bulletin d’information. Animée par Maurice Schumann, « Honneur et Patrie » permet au général de Gaulle d’intervenir régulièrement pour délivrer ses messages aux Français. Il le fera 67 fois tout au long de la guerre.

D’abord inquiets de l’apathie de la population au début de l’Occupation, la France libre constate une nette évolution à partir de l’automne 1940, avec une anglophilie croissante et une perception de plus en plus favorable du gaullisme au sein de l’opinion. La manifestation des lycéens et étudiants à Paris à l’occasion du 11 novembre 1940, au cours de laquelle furent brandies des croix de lorraine et criés des « vive de Gaulle » confirme ces soutiens croissants à la cause gaulliste. S’inspirant de pratiques développées par les gouvernements belges et hollandais en exil à Londres, de Gaulle décide d’appeler les Français à manifester publiquement leur rejet de l’occupation et de la politique de collaboration pratiquée par Vichy. Dans le discours de fin d’année qu’il prononce dans l’émission « Honneur et Patrie », le général de Gaulle appelle ainsi la population à manifester en silence le 1er janvier 1941. Il demande aux Français de faire le vide dans les rues des villes et villages entre 14h et 15h afin de montrer par une « sorte de plébiscite du silence » que « l’ennemi est l’ennemi » et que la France ne voit son avenir que dans la liberté, l’honneur et l’indépendance. Cet appel avait déjà été lancé depuis plusieurs semaines par les différents chroniqueurs des émissions de la France libre mais le fait que de Gaulle lance lui-même cette invitation à résister pacifiquement lui donne encore un peu plus de force. Il est difficile cependant de savoir si cet appel a réellement été appliqué dès lors que le 1er janvier n’était pas une journée travaillée et que les manifestations silencieuses sont difficilement « mesurables ». Cet appel aux Français à témoigner de leur refus de l’occupation par l’intermédiaire de manifestations patriotiques et pacifiques n’en constitue pas moins une première. Il annonce une pratique qui se généralisera par la suite à l’occasion de dates symboliques comme le 1er mai, le 14 juillet, le 11 novembre.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Outre l’appel à manifester de façon silencieuse pour le 1er janvier 1941, le discours prononcé par de Gaulle le 28 décembre 1940 permet également de rappeler les principes affichés par le chef de la France libre depuis son appel du 18 juin : si la France a perdu une bataille, elle n’a pas perdu la guerre et la France combattante, incarnée par de Gaulle à Londres, doit continuer la lutte aux côtés des Britanniques, susceptibles d’être rejoints dans un avenir proche par d’autres puissances, en premier lieu les Etats-Unis. La victoire de l’Allemagne n’est donc pas inéluctable et les Français ne doivent pas s’y résoudre. En faisant le choix de l’armistice puis de la politique de collaboration, le régime de Vichy a signé sa trahison et a perdu toute légitimité. Les Français de métropole ne doivent pas se laisser intoxiquer par la propagande allemande ou celle de Vichy et ne doivent pas s’accommoder d’une occupation que le vainqueur s’efforce de présenter comme « correcte ». Mais le type de manifestation auquel appelle de Gaulle, des manifestations silencieuses et pacifiques, montre également que le chef de la France libre condamne le recours à la violence et à la lutte armée en métropole, qu’il considère comme trop précoce, inutile et dangereuse, dès lors que cela expose la population à d’importantes représailles. Il confirmera d’ailleurs ce point de vue quelques mois plus tard en condamnant ouvertement les premiers attentats armés organisés sur le sol français par des commandos communistes au cours de l’été et de l’automne 1941.

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