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Témoignage d’une survivante du massacre de Babi Yar commis par les Einsatzgruppen en 1941

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 nov. 1993 | Date d'évènement : 29 sept. 1941

Elle est jeune alors, Rebecca Schwarzmann, lorsque, au mois de septembre 1941, les Allemands envahissent Kiev, la capitale de l'Ukraine soviétique. Convoquée, comme des milliers d'autres Juifs, au lieu-dit de Babi Yar, elle n'imagine pas ce qui l'attend. Près de quarante ans plus tard, elle raconte le massacre commis par les unités du IIIe Reich : plus de 33 000 Juifs qui périssent en seulement deux jours.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
29 sept. 1941
Date de diffusion du média :
29 nov. 1993
Page publiée le :
16 juil. 2021
Modifiée le :
04 oct. 2023
Référence :
00000004240

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Dès le déclenchement de l’opération Barbarossa contre l’URSS le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie se livre à des massacres de masse des populations juives en territoire soviétique. Ces massacres sont principalement perpétrés par les Einsatzgruppen groupes d’intervention ») : il s’agit d’unités de soldats SS chargées de suivre la progression de l’armée allemande en territoire soviétique afin, en principe, d’éliminer tous les ennemis du régime nazi. Mais, dès le premier mois qui suit l’invasion allemande de l’URSS, ce sont, en immense majorité, des hommes juifs en âge de combattre qui sont exécutés par les Einsatzgruppen.

Ensuite, à partir du début d’août 1941, certaines unités des Einsatzgruppen commencent à assassiner également des femmes juives, et non plus seulement des hommes. Et à partir de la mi-août 1941, les enfants juifs sont eux aussi fusillés. Commence alors une politique d’assassinat systématique des juifs soviétiques, encouragée par Heinrich Himmler, le chef de la SS. À Kamenets-Podolski, les 27 et 28 août 1941, 23 600 juifs sont par exemple exécutés.

La très grande majorité d’entre eux sont assassinés lors de fusillades de masse : les juifs sont conduits, à pied ou en camion, près d’un fossé, où ils sont tués par balles, avant que le fossé ne soit recouvert de terre. La principale tuerie a lieu dans des ravins situés près de Kiev, à Babi Yar (« le ravin de la grand-mère »), les 29 et 30 septembre 1941 : 33 771 juifs sont exécutés par une unité de l’Einsatzgruppe C commandée par le SS Paul Blobel, appuyée par des bataillons de police et des collaborateurs ukrainiens. Au total, d’août à décembre 1941, les Einsatzgruppen, aidés par des auxiliaires locaux (Ukrainiens, Biélorusses ou Lituaniens), assassinent de 500 000 à 800 000 juifs dans les territoires soviétiques.

La méthode d’exécution des juifs soviétiques par fusillade ne satisfait toutefois pas les autorités nazies. Ayant assisté le 15 août 1941 à une exécution de juifs à Minsk, en Biélorussie, Himmler juge lui-même les fusillades trop éprouvantes pour ses troupes et pas assez efficaces. Ses services mettent alors au point un autre moyen pour assassiner les juifs : des camions à gaz mobiles, expérimentés et fournis aux Einsatzgruppen à la fin de l’année 1941. Il s’agit ainsi d’acheminer les populations juives vers un point central d’exécution plutôt que de faire se déplacer les tueurs. Dès lors, le gazage devient la principale méthode utilisée par les nazis pour exterminer les juifs, bien qu’ils aient encore recours aux fusillades jusqu’à la fin de la guerre. En décembre 1941 est ouvert à Chelmno, en Pologne, le premier centre de mise à mort nazi destiné à l’exécution des juifs par des gaz asphyxiants.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce témoignage d’une survivante du massacre commis par les Einsatzgruppen à Babi Yar, en Ukraine, en septembre 1941, a été diffusé le 29 novembre 1993 sur France Inter, dans le cadre de l’émission Là-bas, si j’y suis

Cette émission radiophonique quotidienne, animée et conçue entre 1989 et 2014 par le journaliste et producteur Daniel Mermet, faisait partie d’une série de cinq émissions consacrées à l’Ukraine lors de la semaine du 29 novembre 1993. Il s’agissait, six ans et demi après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, survenue le 26 avril 1986, de proposer un éclairage sur ses effets sur les Ukrainiens. Si trois émissions ont ainsi porté sur les retombées de la catastrophe elle-même, cette série a également été l’occasion d’une plongée dans le passé d’autres heures sombres de l’Ukraine : le plus important massacre de juifs perpétré par les nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale, celui de Babi Yar, les 29 et 30 septembre 1941.

Première émission de la série, celle-ci donne à entendre le témoignage d’une rescapée du massacre de Babi Yar, interrogée en Ukraine : Rebecca Schwarzmann, âgée de 70 ans. Le format de l’émission – 55 minutes principalement constituée d’interviews – permet d’entendre longuement son récit. Elle témoigne ainsi de qui est arrivé le 29 septembre 1941 et de la façon dont elle est parvenue, avec son jeune fils, à échapper à la tuerie lors de laquelle dix personnes de sa famille ont péri sous les balles des Einsatzgruppen.

En 1993, lorsque ce témoignage a été recueilli, l’histoire des massacres commis par les Einsatzgruppen à l’encontre de la population juive d’URSS était alors peu connue. Ce n’est que plus tard, à partir de 2002, que les témoignages d’Ukrainiens ayant assisté aux tueries ou y ayant même participé, ont commencé à être recueillis et à être diffusés à la suite des recherches du père Patrick Desbois. En effet, ce prêtre catholique français a mené à partir de 2002 en Ukraine une enquête pour localiser les fosses communes dans lesquelles avaient été enterrés les juifs soviétiques fusillés par les Einsatzgruppen. Président de l’association Yahad-In Unum, créée en 2004 par les responsables ecclésiastiques catholiques français en coordination avec leurs homologues juifs, Patrick Desbois a conduit plusieurs campagnes de fouilles en Ukraine de 2002 à 2007. Les témoignages recueillis ont permis de localiser plus de 500 fosses communes. S’exprimant régulièrement dans les médias, le père Desbois fit ainsi connaître au grand public ce qu’il a appelé la Shoah par balles. Cette expression est néanmoins contestée par une partir des historiens qui mettent en avant le fait que les fusillades de masse n’ont pas constitué la seule méthode employée par les Einsatzgruppen pour exterminer les juifs d’Union soviétique.

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