Bergame : une catastrophe sanitaire

Contexte historique

Apparue en Chine en décembre 2019, l’épidémie de Covid-19 a gagné l’Europe à partir de la fin janvier 2020. Les premiers cas ont alors été détectés en France et en Allemagne. Mais c’est l’Italie qui a été le pays d’Europe le plus durement touché par la première vague de cette pandémie. C’est en Italie que les premiers cas italiens de Covid-19 ont ainsi été détectés, le 21 février 2020, à Codogno, au sud de Milan.

Afin d’enrayer la propagation de l’épidémie, cette ville, avec dix autres communes italiennes, a instauré un confinement de sa population. Puis le 10 mars 2020, l’Italie toute entière s’est confinée, devenant le premier pays d’Europe à le faire : la population était invitée à restreindre au maximum ses déplacements, les enseignements étaient suspendus, les rassemblements culturels ou sportifs annulés. Cette mesure de confinement général, inédite en temps de paix, avait été annoncée la veille au soir par le président du Conseil italien, Giuseppe Conte : Nous allons tous devoir renoncer à quelque chose, avait-il averti. Il s’agissait de lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19, alors particulièrement forte en Italie : le nombre de nouveaux cas positifs au Covid-19 augmentait de 25 % à 30 % chaque jour. Instauré le 10 mars 2020, ce confinement a été maintenu jusqu’au 18 mai.

L’épicentre de l’épidémie en Italie se trouvait en Lombardie, région la plus peuplée et la plus riche de la péninsule. Au sein de la Lombardie, c’est la province de Bergame qui a été la plus durement touchée par le virus : le 15 mars 2020, sur les 24 000 cas de Covid-19 détectés dans toute l’Italie, plus de 3 400 avaient été recensés dans cette province. La rubrique nécrologie du journal local L’Eco di Bergamo, comprenait, en mars 2020, jusqu’à dix pages au lieu au lieu d’une page et demie quelques semaines auparavant.

Proportionnellement la ville la plus touchée par le virus en Italie, Bergame, est même devenue un symbole mondial de l’épidémie de Covid-19. Le 18 mars 2020, des images filmées par des habitants de la ville ont en effet révélé un long convoi de camions de l’armée évacuant de nuit des dizaines de cercueils hors de Bergame vers d’autres communes du nord de l’Italie. Cette évacuation militaire répondait à la saturation du crématorium de la ville. Diffusées dans le monde entier, ces images choc ont fait de Bergame une cité martyre, témoignant de la crise du système sanitaire italien, au bord de l’effondrement face à l’épidémie.

Au total, de mars 2020 à mars 2021, 30 000 personnes ont été victimes du Covid-19 à Bergame et dans sa province, soit près d’un tiers des 100 000 morts enregistrés en Italie au cours de la même période. La province de Bergame a ainsi été la région la plus durement touchée par le Covid-19 d’Italie et même d’Europe. Un an après cette période macabre, c’est à Bergame, en présence de Mario Draghi, le président du Conseil des ministres, qu’a été organisée une cérémonie en mémoire des victimes italiennes du Covid-19. 

Éclairage média

Diffusé dans le journal télévisé de 20 h de France 2 du 18 mars 2020, ce reportage a été réalisé à Bergame, au nord-est de Milan. Le correspondant permanent de France Télévisions en Italie, Alban Mickozy, souhaitait en effet témoigner de la réalité de la situation de Bergame, ville ravagée par l’épidémie de Covid-19. Au moment de réaliser ce reportage, la cité lombarde venait d’enregistrer dans les vingt-quatre heures précédentes 475 décès dûs à ce virus.

Le reportage de France 2 s’ouvre sur une séquence tournée au sein du Centre hospitalier de Bergame. Cette séquence vise à faire prendre conscience aux téléspectateurs français, qui se trouvent alors confinés comme les Italiens, de l’ampleur de la catastrophe sanitaire subie par l’Italie et plus particulièrement par Bergame. Différents plans montrent des malades en salle de soins intensifs, ainsi que des membres du personnel soignant, portant tous des masques et des protections contre le Covid. Alban Mickozy a même interrogé un malade anonyme, le visage dissimulé, portant un masque à oxygène, de même qu’un médecin de l’hôpital de Bergame.

Dans sa deuxième partie, le reportage de France 2 met surtout en valeur l’hécatombe humaine subie par la cité lombarde. Une vidéo diffusée sur un réseau social révèle ainsi le grand nombre de victimes du Covid-19 par le biais du feuilletage de la rubrique nécrologique de l’édition du 13 mars 2020 du journal local, L’Eco di Bergamo : les pages nécrologiques s’étendent alors sur dix pages contre sur une page et demie le 9 février précédent. Une autre vidéo, également diffusée sur un réseau social, laisse quant à elle voir de nombreux cercueils entreposés dans une église : elle reflète l’ampleur des ravages du Covid à Bergame, ainsi que la saturation des cimetières de la ville, incapables d’accueillir autant de cercueils. Le reportage de France 2 ne comprend toutefois aucune des images saisissantes du cortège de camions militaires remplis de cercueils filmées le même jour par des habitants de Bergame.