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Covid-19 : les difficultés des Français à supporter le deuxième confinement

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 nov. 2020 | Date d'évènement : 2020

Les Français éprouvent de plus grandes difficultés à supporter le deuxième confinement contre l’épidémie de Covid-19 que le premier, pourtant plus restrictif. Marie-Estelle Dupont, psychologue, explique ces difficultés par un essoufflement psychologique et une perte de sens du quotidien. 

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
2020
Date de diffusion du média :
22 nov. 2020
Production :
France Télévisions
Page publiée le :
15 mars 2023
Modifiée le :
29 sept. 2023
Référence :
00000004945

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Après une première vague au printemps 2020, la France se trouve confrontée à une deuxième vague de la pandémie de Covid-19 en octobre 2020. Le nombre de cas de malades et celui de patients en réanimation ne cessent alors d’augmenter : lors de la journée du 27 octobre 2020, la France enregistre ainsi 33 000 nouvelles contaminations en vingt-quatre heures et 523 décès supplémentaires, soit un record depuis le mois d’avril 2020. Plus de la moitié des lits de réanimation dans les hôpitaux français (3 000 sur 5 800) sont alors occupés par des malades du Covid-19. Cette épidémie met par conséquent de nouveau le système hospitalier français sous pression, toutes les régions étant alors touchées par la hausse des cas de Covid-19, contrairement à la première vague.

Face à cette détérioration très rapide de la situation sanitaire, et après avoir refusé l’option de l’immunité collective ou celle du confinement pour les seules personnes à risque, Emmanuel Macron annonce un nouveau confinement, quatre mois et demi après le premier (17 mars-11 mai 2020) : dans une allocution télévisée prononcée le 28 octobre 2020, à 20 heures, depuis le palais de l’Élysée, il déclare avoir décidé qu’il fallait retrouver (…) le confinement qui a stoppé le virus. Emmanuel Macron justifie sa décision par l’accélération soudaine de l’épidémie qui submerge le système de santé français : Si nous ne donnons pas aujourd’hui un coup de frein brutal aux contaminations, nos hôpitaux seront vite saturés, sans que nous ayons cette fois la possibilité de transférer beaucoup de patients d’une région à une autre, parce que le virus est partout, déclare-t-il.

À partir du 30 octobre 2020, pour au moins quatre semaines, le territoire national est donc reconfiné. Les déplacements sont de nouveau limités : il faut une attestation de déplacement pour sortir de chez soi, sauf pour se promener près de son domicile pendant une heure, faire ses courses, se rendre à un rendez-vous médical, porter assistance à un proche ou aller travailler. Les réunions privées hors du « strict noyau familial » sont exclues, les rassemblements publics interdits et les déplacements d’une région à l’autre impossibles. Restez au maximum chez vous, respectez les règles, encourage Emmanuel Macron.

Ce confinement est toutefois allégé par rapport à celui du printemps précédent. En effet, les crèches, écoles, collèges et lycées demeurent cette fois ouverts. En outre, il est possible de se rendre à son travail même si le télétravail doit être généralisé. Enfin, interdites au printemps 2020, les visites dans les Ehpad et maisons de retraites sont cette fois autorisées.

Par la suite, lors d’une autre allocution télévisée prononcée le 24 novembre 2020, Emmanuel Macron annonce une prolongation de quinze jours de ce deuxième confinement, estimant que le retour à la normale ne sera pas pour demain. Néanmoins, plusieurs allègements sont apportés au confinement à partir du 28 novembre 2020 : les déplacements pour promenades et activités sportives sont désormais autorisés dans un rayon de 20 kilomètres et pour une durée de trois heures maximum, les commerces peuvent rouvrir avec un protocole sanitaire strict, les lieux de culte également, dans la limite de trente personnes.

Le deuxième confinement instauré pour lutter contre la deuxième vague de Covid-19 est finalement levé le 15 décembre 2020. Il aura duré un mois et 15 jours – contre un mois et 25 jours pour le premier. Mais les restrictions pour lutter contre l’épidémie ne sont pas pour autant terminées : si la population peut à nouveau se déplacer partout en France sans attestation, tout le territoire métropolitain est désormais soumis à un couvre-feu nocturne de 20 heures à 6 heures du matin. Et restaurants, cafés et lieux culturels demeurent fermés. Par la suite, un troisième confinement est mis en place du 3 avril au 3 mai 2021. Et ce n’est que le 20 juin 2021 que le couvre-feu est définitivement levé.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Ce reportage, diffusé dans le 19/20 de France 3 le 22 novembre 2020, a été réalisé un peu plus de trois semaines après l’entrée en vigueur du deuxième confinement contre le Covid-19, débuté le 30 octobre 2020. Composé d’images factuelles, d’images d’archives, d’un microtrottoir et d’une interview, il s’intéresse aux difficultés des Français à supporter un nouveau confinement, sept mois après le premier.

Une première séquence, tournée à Paris dans la journée du 22 novembre 2020, est principalement constituée d’images d’illustration : ces différents plans donnent à voir des Parisiens se promenant, courant ou assis au soleil. Ces images purement illustratives ont deux objectifs : d’abord, montrer que durant le deuxième confinement les Français profitent de l’autorisation de se promener pendant une heure à proximité de leur domicile. Mais ce qui intéresse surtout la journaliste de France 2, Éléonore Bailly, c’est de témoigner de la lassitude de la population après deux confinements. C’est ce que révèle particulièrement le microtrottoir effectué auprès de Parisiens. Les trois personnes interrogées, toutes porteuses d’un masque chirurgical, sont unanimes à exprimer leur hâte que ça finisse. On se dit juste que ça va bientôt s’arrêter espère la première. Ça fait huit mois que ça dure, c’est trop, dit le second. Ras-le-bol et j’aimerais bien reprendre une vie normale, espère la troisième.

Constituée uniquement d’images d’archives tournées quelques mois auparavant, lors du premier confinement, entre le 17 mars et le 11 mai 2020, la deuxième séquence du sujet de France 2 a précisément pour but de montrer que le premier confinement aurait été beaucoup mieux vécu et accepté par les Français. Selon ce sujet, le premier confinement aurait été d’abord marqué par une profonde reconnaissance des Français envers le personnel soignant : elle est manifestée ici par les images d’une distribution de fruits et légumes à des soignants, mais aussi par celles d’applaudissements aux balcons le soir à 20 heures en hommage au personnel hospitalier. Le reportage de France 2 présente également le premier confinement comme une période exceptionnelle d’échanges et de solidarité entre voisins confinés : des images donnent à voir des individus qui jouent de la musique, dansent à leur balcon ou se livrent des courses. 

Ces images du premier confinement visent à mieux mettre en valeur la lassitude psychologique exprimée par les Français lors du deuxième confinement. Lassitude qui se trouve au cœur de la troisième séquence du sujet, une interview de Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne, spécialisée en psychopathologie. 

Toutefois, la vision du premier confinement que donne ce sujet apparaît très idyllique et aseptisée. Pas un mot n’est dit des difficultés psychologiques engendrées par cette période si particulière : ni de la rupture du lien social, ni de la maladie, ni de la perte de proches, ni encore des difficultés familiales, scolaires ou professionnelles. Comme si pour mieux mettre en valeur l’épuisement psychologique des Français lors du deuxième confinement, il avait fallu dresser le tableau le plus radieux possible du premier. Or, le premier confinement avait déjà fortement aggravé les troubles de l’anxiété et les cas de dépression.

Le sujet de France 2 s’achève sur une allusion à la prochaine allocution télévisée d’Emmanuel Macron prévue le 24 novembre 2022 pour faire le point sur le confinement (Les Français devraient être nombreux devant leur poste de télévision mardi afin de savoir si l’étau se desserre ou pas.). Ce jour-là, le président de la République a certes annoncé un allègement progressif du confinement à partir du 28 novembre 2020, mais n’a fixé sa levée définitive qu’au 15 décembre suivant. 

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