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Analyse de Guernica, de Picasso, par la critique Hélène Parmelin

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 23 oct. 1981

En direct de Madrid, au musée du Prado, interrogée par le journaliste Yves Mourousi, l'écrivaine et critique d'art Hélène Parmelin évoque Pablo Picasso et parle de son plus célèbre tableau, Guernica. Une œuvre peinte en 1937, quelques semaines après le bombardement de cette ville basque.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Mourousi Yves (Journaliste)
Date de diffusion du média :
23 oct. 1981
Production :
Télévision Française 1
Page publiée le :
06 avr. 2023
Modifiée le :
05 sept. 2023
Référence :
00000005368

Contexte historique

Par Arnaud Papillonprofesseur agrégé d'histoire )

Ce tableau monumental de 3,49 m x 7,77 m évoque le bombardement de la petite ville basque de Guernica par les avions allemands, alliés des nationalistes, le 26 avril 1937. Pablo Picasso y dénonce les crimes de guerre commis par le camp franquiste durant la guerre civile. Il exprime, de l’aveu même de Picasso, son « horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort ».

Picasso s’est toujours opposé à ce que son tableau, peint en 1937 pour le pavillon espagnol de l’exposition internationale de Paris, revienne dans la péninsule tant que les libertés publiques n'y seraient pas rétablies. Conservé au MoMA de New York depuis 1939, Guernica doit donc attendre la mort de Franco, en 1975, et surtout l'adoption par l'Espagne d'une constitution démocratique, en décembre 1978, pour rejoindre l’Espagne. Il y est enfin exposé à l’occasion du centenaire de la naissance du peintre, le 25 octobre 1981. Peu de temps auparavant, le 23 février 1981, l’échec d’un coup d’État militaire avait montré l’attachement du nouveau roi Juan Carlos à la constitution libérale et la réalité de la transition démocratique espagnole.

L’évènement artistique que représente l’accrochage de Guernica, ainsi que sa signification politique, ont une résonance particulièrement forte en France, pays frontalier où se sont exilés de nombreux opposants espagnols à la dictature après la victoire nationaliste de 1939 et où une alliance des socialistes et des communistes, emmenée par François Mitterrand a, le 10 mai 1981, remporté une victoire historique aux élections présidentielles. 

Éclairage média

Par Arnaud Papillonprofesseur agrégé d'histoire )

Dans ce sujet d’actualité diffusé au journal de 13 heures de TF1, Hélène Parmelin (1915-1998) est interviewée par le journaliste Yves Mourousi, envoyé spécialement à Madrid, le 23 octobre 1981, à l’occasion du vernissage de l’exposition que le musée du Prado consacre à Picasso pour le centenaire de sa naissance. L’événement est plus particulièrement l’occasion de mettre en valeur la toile maîtresse de l’artiste espagnol, Guernica, récemment arrivée des États-Unis.

Hélène Parmelin, écrivaine, journaliste, mais aussi critique d’art, est mariée depuis 1950 au peintre Édouard Pignon. Elle partage ses convictions communistes, mais a cependant, comme lui, rompu avec le stalinisme dès 1956 et condamné l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie en 1968, avant de quitter le PCF en 1980.

Son interview succède à celle de son mari qui, quelques instants plus tôt, s’est exprimé sur Guernica, la toile maîtresse de l’exposition. Associé à d’autres œuvres de l’artiste, notamment Songe et mensonge de Franco, le tableau permet de montrer le chemin parcouru par l’Espagne depuis la guerre civile et la normalisation démocratique du pays. Hélène Parmelin note d’ailleurs, avec une certaine ironie, que les deux toiles à charge contre le franquisme sont aujourd’hui protégées par la garde civile, hier encore outil de répression au service de la dictature.

L’écrivaine évoque surtout la personnalité de Picasso, que le couple connaît bien pour l’avoir assidûment fréquenté à partir des années 1950. Si elle reconnaît la force des idées de l’artiste et le génie de son œuvre, elle évoque aussi un « homme de violence » et « shakespearien », d’une grande complexité.

On sait aujourd’hui la violence psychologique, et parfois physique, que Picasso imposait à ses compagnes successives. L’une d’entre elles, Françoise Gilot, en atteste en 1964, dans un livre autobiographique intitulé Vivre avec Picasso. Hélène Parmelin, qui publie en 1980 Voyage en Picasso, à la tonalité sensiblement différente, ne peut ignorer cette phase sombre du peintre espagnol. Critique d’art, elle sait aussi que deux des anciennes maîtresses maltraitées du peintre, Dora Maar et Marie-Thérèse Walter, l’ont accompagné et inspiré dans la création de Guernica.

La caméra, qui filme en gros plan son visage durant la majeure partie de l’interview, revient dans la dernière minute sur certains détails du tableau, alors que l’écrivaine décrit le choc provoqué par sa contemplation.

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