La Résistance et de Gaulle face aux intrigues des Américains

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 août 1976 | Date d'évènement : 1943

Deux membres de la Résistance intérieure, acteurs de la création du Conseil national de la Résistance, Daniel Mayer et Claude Bourdet, témoignent de la façon dont cette institution, créée en mai 1943, a permis de renforcer la légitimité du général de Gaulle auprès des Alliés dans la crise qui l’opposait au général Giraud depuis le débarquement en Afrique du nord.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Le Conseil national de la Résistance

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Chroniques du temps de l'ombre, 1940-1944
Réalisation :
Panigel Armand
Date de l'évènement :
1943
Date de diffusion du média :
27 août 1976
Production :
Antenne 2
Page publiée le :
23 mai 2023
Modifiée le :
05 sept. 2023
Référence :
00000005506

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Le 8 novembre 1942, les troupes américaines et britanniques débarquent en Afrique du Nord, au Maroc et en Algérie. L’opération Torch est un tournant de la guerre. Quelques semaines après la contre-offensive victorieuse des Britanniques à El-Alamein, elle confirme que le conflit est en train de basculer en faveur des Alliés alors que le Reich était victorieux sur tous les fronts depuis 1939. 

Une transition politique va s’engager dans l’Afrique du Nord libérée. Le chef de la France libre, le général de Gaulle, qui continue la lutte dans le camp allié depuis l’été 1940, pouvait croire son moment arrivé. Mais les Alliés ne l’ont pas tenu au courant de leur projet de débarquement. Les Américains mettent à profit la présence à Alger de l’amiral Darlan, l’ancien dauphin de Pétain, qu’ils nomment haut-commissaire de la France en Afrique.

L’ assassinat de Darlan le 24 décembre 1942 par un jeune résistant, Fernand Bonnier de la Chapelle, ne permet pas au général de Gaulle de revenir au premier plan. Les Américains lui préfèrent le général Giraud, un général 5 étoiles (donc hiérarchiquement supérieur à de Gaulle), intronisé en janvier 1943 « commandant en chef civil et militaire ». Pendant plusieurs mois, l’Afrique du Nord connaît une période « giraudiste » ambiguë. Giraud maintient la législation de Vichy. Il refuse de recevoir le général de Gaulle. Les deux hommes finissent par se rencontrer sur insistance de Winston Churchill, le Premier ministre britannique, lors de la conférence d’Anfa au Maroc, entre le 14 et le 24 janvier 1943, au cours de laquelle Roosevelt et Churchill préparent la stratégie future des Alliés. Les échanges sont alors tendus et la poignée de main entre les deux généraux pour la presse n’est que de pure façade.

Le travail accompli depuis le 18 juin 1940 par le général de Gaulle pour incarner la France qui lutte aux côtés des Alliés est menacé. Mais il lui reste une carte en main par rapport à Giraud, son rival : ses relations avec la Résistance intérieure. La création, en France, du Conseil national de la Résistance n’a pas pour seul but d’unir la Résistance française. Elle doit aussi permettre que tous les résistants ne reconnaissent qu’une seule autorité : celle du général de Gaulle. De fait, le CNR a été un instrument déterminant pour renforcer sa légitimité aux yeux des Alliés. 

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Deux anciens résistants, Daniel Mayer et Claude Bourdet, témoignent, plus de trente ans après les faits, sur l’histoire de la création du Conseil national de la Résistance (CNR) en 1943 dans le cadre d’un documentaire réalisé pour l’émission Ce jour-là j’en témoigne : Chroniques du temps de l’ombre 1940-1944 diffusé sur Antenne 2 le 27 août 1976. L’extrait fait moins d’une minute. Il permet de souligner l’importance que représentait le CNR pour le chef de la France libre, comme l’évoque en ouverture la citation de Daniel Mayer (« De Gaulle en avait besoin. »)

Les deux personnes qui témoignent ici ont toutes deux participé à la création du CNR, Daniel Mayer comme représentant du parti socialiste, la SFIO, et Claude Bourdet comme représentant du mouvement Combat en l’absence de son chef, Henri Frenay, parti à Londres. Elles expliquent toutes les deux l’importance qu’a représentée le CNR pour remettre le général de Gaulle en selle après sa marginalisation par les Alliés au lendemain du débarquement allié au Maroc et en Algérie. La Résistance intérieure ne pouvait accepter la politique menée en Afrique du Nord par le général Giraud, qui y avait maintenu la législation de Vichy. De Gaulle s’était, pour sa part, engagé depuis avril 1942 et sa déclaration aux mouvements de Résistance à rétablir la démocratie et la République lorsque le pays serait libéré. C’est la raison pour laquelle les chefs de mouvements ont fini par accepter la volonté de Jean Moulin de donner la plus forte représentativité possible au Conseil national de la Résistance en y incluant les partis politiques et les syndicats. Mais on ressent clairement, à travers le témoignage de Claude Bourdet et la formule utilisée (« s’incliner »), combien ce choix a été difficile et mal vécu par les responsables de Combat. Cette intégration au sein du CNR des partis et syndicats, dont les leaders avaient une notoriété internationale dont ne disposaient pas les chefs de mouvements, a été déterminante pour montrer aux Alliés que le général de Gaulle était bien plus légitime que le général Giraud pour incarner la Résistance française.  

On notera enfin que le témoignage de Claude Bourdet au sujet de l’attitude des Américains en Afrique du Nord montre son évolution vers l’extrême-gauche non communiste au lendemain de la guerre (il participe, à la Libération, à la création du Centre d’action des gauches indépendantes). Le journaliste évoque des « intrigues » et porte des accusations « contre le capitalisme mondial qui ne veut pas céder le pouvoir à la Résistance ». Le socialiste Daniel Mayer apparaît pour sa part plus neutre lorsqu’il évoque ces questions.

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