Christian Dior et le New Look

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 sept. 1953

Lors d'un défilé privé sont présentées quelques-unes des tenues de de la collection de haute-couture de 1953 réalisée par le grand couturier Christian Dior, figure de proue du New Look.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
03 sept. 1953
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000536

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Pendant la Seconde Guerre mondiale, New York ravit à Paris la première place pour la mode et les produits de luxe. A la faveur de la reconstruction, Paris reconquiert son statut grâce à une nouvelle génération de créateurs comme Pierre Balmain et Christian Dior, étoile filante de la mode des années 50 qui présente sa première collection en 1948 et meurt subitement en 1957. Ce dernier est la figure de proue du New Look, expression forgée par une journaliste du magazine américain de référence Harper's Bazaar, témoignant ainsi du rayonnement international retrouvé de la haute couture française.

En réaction aux années de guerre où dominait l'uniforme, Dior veut dessiner "des femmes-fleurs, aux épaules douces, aux bustes épanouis, aux tailles fines comme des lianes et aux jupes larges comme des corolles" ; il fait pour cela "réapparaître" les jambes des femmes, use de tissus en abondance concevant d'abord un bustier et un jupon aux mesures de la cliente ; dans un second temps, il ajuste l'étoffe, elle-même doublée, pour remodeler et mettre en valeur les parties rondes du corps féminin (épaule, poitrine, hanche). C'est aussi l'invention du "détail-couture" (pinces, incrustations, drapés, noeuds, revers...), artifice et touche de virtuosité dans des robes à la construction rigoureuse, obligeant la femme à maîtriser ses attitudes. Les accessoires (turban, béret, gant, bijoux) complètent une toilette pensée dans tous ses détails et qui doit révéler le "savoir-vivre" des femmes à qui il est recommandé de se changer plusieurs fois par jour pour répondre à leurs obligations comme le signifient les dénominations des robes qui sont "de ville", "pour l'après-midi" ou "à danser".

L'aide apportée par l'Etat à de nombreuses maisons de couture de 1952 à 1959 soutient ce renouveau alors que la conjoncture économique est défavorable. C'est dans ce contexte que Dior adopte une stratégie commerciale de "diffusion" internationale en ouvrant des boutiques de prêt-à-porter à New York et à Londres, posant les fondements de l'économie de luxe française.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Cette présentation privée, organisée sans doute exclusivement pour les Actualités françaises, répond à une mise en scène parfaitement réglée, illustrant le "coup d'Etat" ou coup de théâtre de la nouvelle collection du couturier français Christian Dior. Le premier acte se joue dans l'escalier où la caméra cadre au travers d'une rampe pudique les chevilles dénudées des mannequins comme pour signifier le léger parfum de scandale que représente la "bombe Dior", qui est à la fois cette jupe coupée "à 40 cm du sol" et la femme qui la porte.

La dramaturgie est simple - quatre femmes rendent visite à une amie l'après-midi avant d'aller en soirée - et permet de montrer les différents modèles de robes. Les gestes de mannequins donnent une touche de "réel" à ce défilé : poser son parapluie, son manteau, main levée pour dire bonjour. L'ellipse temporelle est matérialisée par les changements de pièces dans un hôtel particulier qui sert de décor. La musique légère et le ton enlevé viennent souligner l'atmosphère détendue de l'action. La "pièce" se conclut en miroir avec le premier plan (montée et descente de l'escalier correspondant à l'entrée et à la sortie de scène) avant que les femmes ne réalisent leur salut pour clore le spectacle si "naturel" des femmes de la "haute" société. Tout a été fait pour faire rêver le spectateur et la spectatrice apprenant ainsi au passage les bonnes manières.

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