Tourisme et culture

Tourisme et culture

Par Jean-Marie Guillon et Stéphane KronenbergerPublication : 2021

# Présentation

Le tourisme est l’activité principale et souvent unique de très nombreuses localités du littoral, mais aussi de l’arrière-pays et pas seulement dans sa partie montagnarde. Notre région est en effet la première région touristique de France, la première pour le tourisme national et la deuxième, après l’Île-de-France, pour la fréquentation étrangère. Si le plus grand nombre de ces plus de 30 millions de visiteurs annuels vient principalement en période estivale pour bénéficier du soleil et de la mer, nombre d’entre eux en profitent pour se rendre au moins sur les sites remarquables proches de leur lieu de séjour et beaucoup d’autres viennent d’abord en Provence, en saison et hors saison, pour ses villes, ses monuments, ses musées et ses événements culturels. Ce tourisme culturel n’est pas, dans la région, un phénomène nouveau, mais son développement bénéficie d’une attention particulière et sans cesse renouvelée, à la fois des pouvoirs publics et d’acteurs privés.

     

# Un berceau du tourisme culturel

Le tourisme est né en grande partie dans notre région à la fin du XIXe siècle avec les hivernants qui venaient passer plusieurs mois sur la côte, y faisaient construire des monuments et des quartiers qui appartiennent aujourd’hui au patrimoine et commençaient à découvrir les environs grâce au train ou aux premiers véhicules. Le mouvement qui conduit une partie de la France et de l’Europe (voire au-delà) depuis un siècle et demi en Provence-Alpes-Côte d’Azur a pris avec la démocratisation du déplacement en automobile une expansion considérable. Mais la fréquentation des musées et des monuments concerne aussi tout un public local, qui a d’ailleurs constitué très tôt, dès les premières sociétés d’excursionnistes, le socle des visiteurs des principaux monuments de la région. Dans ce cadre, le tourisme collectif (à l’initiative d’associations, de comités d’entreprise, de municipalités, d’établissements scolaires) garde toute son importance. Plus récemment, de nouvelles formes de tourisme sont apparues avec le développement rapide du croisiérisme (le port de Marseille a accueilli 1,8 million de croisiéristes en 2019), qui fait toutefois l’objet de critiques en lien avec la protection de l’environnement. La région a été également pionnière en matière de fréquentation festivalière, puisque celle-ci a pris son essor dès après la Seconde Guerre mondiale autour des grands festivals de renommée internationale (Cannes, Avignon, Aix-en-Provence, Orange) qui restent aujourd’hui ses fleurons.

Voir à ce sujet le parcours Provence, terre de festivals

Ces formes de tourisme, nouvelles ou plus anciennes, ont été encouragées à partir du moment où s’est imposée la nécessité de trouver des relais au tourisme de masse, notamment d’origine étrangère, fondé sur le triangle mer/soleil/été, d’autant qu’il piétine depuis que la banalisation des échanges internationaux permet de trouver ailleurs, à meilleur coût, dans des conditions de confort au moins aussi bonnes, ce que l’on vient chercher sur le littoral provençal. Confrontées en outre à la crise des bases économiques traditionnelles de la région – l’industrie, l’agriculture -, les collectivités locales ont accru leurs efforts pour mieux mettre en valeur le patrimoine culturel de la région et en faire, mieux qu’auparavant, l’un de ses traits distinctifs. On peut dater ce tournant des années 1970-80. Dans certaines villes, comme Arles, le tourisme culturel est devenu la principale activité économique.

Mais l’accent mis sur le culturel n’avait pas seulement des visées économiques. Il correspondait aussi au moment où le patrimoine suscitait un grand engouement, celui que reflétait la création par Jack Lang, ministre de la Culture, en 1984, de la première « Journée portes ouvertes dans les monuments historiques », qui préfiguraient les « Journées européennes du patrimoine », lancées en 1991 sur ce modèle par le Conseil de l’Europe et dont le succès ne s’est plus démenti depuis. Enjeu économique et atouts patrimoniaux ont donc conduit les collectivités locales à mettre en place des politiques culturelles et touristiques plus dynamiques. La Région a largement contribué à les susciter en étant elle-même un acteur majeur en ce domaine.

Dès sa création en 1975, elle s’est souciée de l’entretien des monuments régionaux et de leur valorisation et a créé en 2001 l’Agence pour le patrimoine artistique afin de restaurer, avec l’aide de l’État (pour moitié) et des conseils généraux, les monuments antiques les plus fréquentés.

# Protection et mise en valeur d’un patrimoine exceptionnel

Plus de 2 300 bâtiments ou ensemble de bâtiments sont actuellement inscrits ou classés dans les Monuments historiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et ce depuis les premières inscriptions au XIXe siècle. En 1830, sous la Monarchie de Juillet, est créée, par le ministre de l’Intérieur François Guizot, l’inspection générale des monuments historiques, et quatre ans plus tard Prosper Mérimée prend la tête de la nouvelle structure. Avec l’aide d’une commission, il établit en 1840 la première liste des monuments historiques. Elle comprend essentiellement des édifices antiques ou médiévaux, dont par exemple  dans la région le monastère fortifié de l’abbaye de Lérins,  les arènes d’Arles ou le Palais des Papes d’Avignon. Il s’agit de protéger ces monuments et de contrôler au plan national les restaurations, souvent indispensables au sauvetage de nombreux chefs-d’œuvre en péril, tout en facilitant la répartition des crédits nécessaires aux travaux. 

Cette protection s’est étendue au fur et à mesure que la notion de patrimoine s’élargissait à des œuvres de plus en plus récentes ou considérées jusque-là comme mineures. C’est ainsi qu’elle concerne désormais les monuments aux morts de la guerre 1914-1918 et a abouti, après un recensement exhaustif et documenté, à la protection de 11 d’entre eux en 2010 puis au classement de ceux de Salon-de-Provence et de Rauba-Capeù à Nice (2011). En 2016, la région vote une importante enveloppe de 2 millions d’euros pour soutenir les communes dans leurs projets de restauration de l’un des 577 monuments aux morts de la Grande Guerre. 

L’attention s’est portée aussi sur les créations plus contemporaines. Le label « Patrimoine du XXe siècle », créé initialement en 1999, et remplacé en 2016 par le label « Architecture contemporaine remarquable », concerne 300 édifices de la région construits depuis moins de 100 ans. Cela va des villas ou hôtels particulièrement remarquables jusqu’à des bâtiments à usage économique – ainsi certaines caves-coopératives du Var – considérés comme des œuvres architecturales significatives du style, mais aussi de l’activité d’une époque. 

Tous ces chiffres illustrent l’ampleur et l’extrême diversité du patrimoine historique et artistique de la région. L’accession de certains de ses ensembles les plus fameux au Patrimoine mondial de l’Humanité, sélectionné par l’UNESCO, souligne leur exceptionnalité. Ce label prestigieux protège, depuis 1981, les monuments romains d’Orange, dont l’arc de triomphe et le théâtre qui sert de cadre aux chorégies, et les sites romains et romans d’Arles, notamment les arènes, les Alyscamps, la cathédrale Saint-Trophime. Le centre historique d’Avignon, avec son Palais des Papes, y est entré en 1995,  en 2008, ce fut le tour des citadelles de Briançon et de Mont-Dauphin, à l’occasion du classement des sites majeurs de l’œuvre de fortification de Vauban, et plus récemment, en 2016, de l’unité d’habitation de Marseille ou Cité radieuse parmi d’autres réalisations architecturales de Le Corbusier.

Plusieurs autres sites de la région instruisent des dossiers pour bénéficier de ce label, sites naturels comme le massif du Mercantour ou le parc national de Port-Cros, mais aussi la Croisette et les îles de Lérins à Cannes ou la Promenade des Anglais à Nice.

De cet engouement pour le patrimoine et de la floraison des initiatives - privées ou publiques - pour le faire mieux connaître, témoigne la création, le plus souvent dans le dernier quart du XXe siècle, de très nombreux musées aux thématiques les plus diverses : musées de terroir, écomusées centrés souvent sur la vie rurale ou tel ou tel type d’activité industrielle ou artisanale disparue, musées d’histoire locale, musées d’art sacré, collections d’art contemporain, sans parler des musées dont l’objet – art exotique, voitures, etc. – n’a pas de rapport direct avec la région. Le cas de Marseille est représentatif du tournant culturel qui a été pris, d’autant qu’il a été couronné par la désignation de la ville comme « capitale européenne de la culture » en 2013, ce qui a abouti à renforcer et rénover son équipement muséal.

Mais un effort tout à fait notable a été fait ailleurs, notamment à Avignon, Arles et Nice. On compte actuellement plus de 400 musées dans la région (dont 123 bénéficient de l’appellation « musée de France » délivré par le ministère de la Culture), ce qui donne un aperçu de l’investissement humain et financier qui a été consenti à divers niveaux et du potentiel que cela représente.

# Pour continuer le voyage dans le patrimoine culturel de la région

Pour continuer la visite dans le patrimoine culturel de la région, vous disposez de deux autres parcours thématiques

# Bibliographie

  • Virginie Donier et Christophe Van Huffel (dir.), Tourisme et métropoles. Compétences et enjeux : le cas de la région Sud PACA, Paris, L’Harmattan, 2019.   
  • Boris Grésillon, Un enjeu "capitale" : Marseille-Provence 2013, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2011. 
  • Maria Gravari-Barbas (dir.), Le patrimoine mondial. Mise en tourisme, mise en images, Paris, L’Harmattan, 2020.  
  • Stephen Liégeard, La Côte d’Azur, Paris, Quantin, 1887. Rééd. Nice, Serre, 1988.   
  • Émile Temime, Voyages en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Paris, Gallimard, 1997.