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La Marche sur Rome (27 octobre 1922) et l'accession au pouvoir de Mussolini [muet]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 oct. 1922 | Date d'évènement : Octobre 1922

À la suite de la marche sur Rome, Victor-Emmanuel III décide de confier la direction du gouvernement à Mussolini. Dans les jours suivant cette nomination, les partisans de Mussolini se livrent à de nombreuses parades dans la capitale italienne.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Pathé
Date de l'évènement :
Octobre 1922
Date de diffusion du média :
27 oct. 1922
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000914

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

La marche sur Rome (octobre 1922) constitue la démonstration de force permettant à Mussolini d'accéder au pouvoir. S'ils font régner une importante violence dans la rue et s'imposent de plus en plus par leurs actions comme une force permettant de faire barrage au communisme (organisation de raids contre les communistes, opérations punitives contre les syndicats, actions destinées à briser les mouvements de grève), les fascistes italiens n'obtiennent toutefois que des résultats décevants lors des différentes élections : en mai 1921, les élections législatives n'amènent ainsi à la Chambre que 32 fascistes (pour 122 socialistes, 16 communistes, 240 députés « constitutionnels »...). Alors qu'une accession légale au pouvoir semble donc impossible, Mussolini et son entourage développent l'idée d'une action directe. Fort de nombreux soutiens dans les milieux industriels ou agricoles, bénéficiant de la complicité d'une partie de l'Etat-major italien (le général Diaz), Mussolini pense notamment, par le biais d'une grande marche sur Rome avec ses partisans, exercer une véritable démonstration de force et obliger le roi Victor-Emmanuel III à le nommer à la tête du gouvernement. Cette « marche sur Rome » doit en fait constituer une réplique de la marche sur Fiume organisée par Gabriele d'Annunzio en septembre 1919, qui a permis au poète nationaliste italien de s'emparer de la ville, contraignant les Alliés à conférer à Fiume un statut indépendant lors du traité de Rapallo (1920).

L'été 1922 marque un tournant dans l'histoire du fascisme et le moment où l'idée d'une marche sur Rome se précise, l'entourage de Mussolini exerçant une forte pression sur un Duce quelque peu hésitant et dont la prudence contraste avec les audaces de ses partisans. Les milices fascistes font en effet échouer par la violence la vague de grèves que tentent d'organiser les syndicats ouvriers en juillet-août 1922 pour protester contre la menace fasciste. Dans de nombreuses villes italiennes (Turin, Modène, Padoue...) les fascistes s'installent en maître, occupant les préfectures et mairies, investissant et détruisant les sièges des journaux socialistes et communistes... Face à la décomposition de l'Etat et à l'impuissance des gouvernements en place, incapables de constituer une force de coalition antifasciste, l'arrivée au pouvoir de Mussolini ne fait plus de doute. Il manque simplement l'étincelle qui ferait tout basculer et permettrait à Mussolini de franchir le Rubicon.

A la fin du mois d'août 1922, la décision d'organiser la marche sur Rome est définitivement adoptée : les préparatifs et la mobilisation des troupes sont confiés à quatre lieutenants de Mussolini, les « quadriumvirs » (Michele Bianchi, Italo Balbo, Emilio de Bono, Cesare Maria de Vecchi). Le 24 octobre 1922 est réuni à Naples le congrès du parti fasciste qui permet tout à la fois de mettre au point les derniers préparatifs de la marche sur Rome et de procéder à une première démonstration de force : 40 000 miliciens en tenue affluent dans la ville pour accueillir le Duce. La marche sur Rome débute le 27 octobre 1922 : une trentaine de milliers de partisans de Mussolini convergent vers la capitale italienne derrière les quadriumvirs tandis que dans de nombreuses villes, les fascistes prennent position devant les préfectures, commissariats de police, gares, centraux téléphoniques... Rares sont les cas où, comme à Ancône, Vérone ou Bologne, l'armée résiste. Soucieux d'éviter l'effusion de sang, le roi Victor-Emmanuel III refuse de signer le décret d'état de siège et de faire intervenir l'armée comme le lui a demandé le président du Conseil Facta, qui préfère démissionner. Le 29 octobre 1922, Victor-Emmanuel III propose à Mussolini de former le nouveau gouvernement. Au cours des journées suivant cette nomination, les milices fascistes se livrent à de nombreux défilés dans la capitale italienne, n'hésitant pas à user de leur violence habituelle contre tous leurs opposants.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

La propagande fasciste aime à exalter les « 300 000 de la marche sur Rome » et à magnifier ce coup de force qui permet à Mussolini d'accéder au pouvoir. En fait, la marche sur Rome ne rassemble que quelque 30 000 fascistes particulièrement mal équipés et il ne fait aucun doute que les partisans de Mussolini n'auraient pu résister à une intervention énergique de l'armée.

Ce n'est sans doute pas tant la marche sur Rome qui est déterminante dans l'accession au pouvoir du Duce que les nombreuses démarches entreprises par les milieux d'affaires auprès de Victor-Emmanuel III pour que soit tentée une expérience Mussolini. Le caractère du roi, sa relative faiblesse et son refus d'engager une épreuve de force ont également été déterminants. La marche sur Rome apparaît enfin quelque peu ambivalente car elle révèle derrière les aspects d'un véritable pronunciamento (destiné à souder ses troupes autour de lui), la volonté de Mussolini de respecter certaines apparences légales dans son accession au pouvoir (destiné à rassurer quelque peu l'opinion italienne). Ce souci de « légalisme » explique d'ailleurs pourquoi Mussolini n'est pas à la tête des troupes marchant sur Rome, laissant cette tâche aux « quadriumvirs ».

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