Vers la mise en place d’un système de retraite pour venir en aide aux personnes âgées

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 janv. 1945

Au cours de l’hiver rigoureux de 1945, les conditions de vie s’avèrent difficiles pour de nombreuses personnes âgées en France. Ce sujet s'indigne qu’elles subissent également la pauvreté et finissent leur vie à l’hospice. Il plaide pour que la société française offre aux personnes âgées une retraite financée par le travail de tous.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
25 janv. 1945
Page publiée le :
12 juil. 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004255

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Au cours de la Seconde Guerre mondiale s’esquissent, alors que les populations européennes sont très durement éprouvées, plusieurs projets d’État-providence (Welfare State) : l’État doit garantir à ses citoyens des droits sociaux en les assurant contre les différents risques (maladie, vieillesse, chômage) et s’efforcer de redistribuer les revenus. Ainsi, en novembre 1942, l’économiste britannique William Beveridge remet un rapport au Parlement (Social Insurance and Allied Services) dans lequel il plaide en faveur d’une intervention beaucoup plus large de l’État dans la société : désireux de parvenir à éliminer les grands maux sociaux (la misère, la maladie, l’ignorance, la saleté et l’oisiveté), il propose la mise en place d’un système de protection sociale pour l’ensemble de la population britannique.

Cette même volonté d’établir un État-providence et de fonder une protection sociale sur les principes de solidarité et de redistribution se retrouve en France dans le programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Créé le 27 mai 1943 sous la direction de Jean Moulin par les différents mouvements de la Résistance intérieure (Ceux de la Libération, Ceux de la Résistance, Libération-Nord, Organisation civile et militaire, Front national, Libération-Sud, Franc-Tireur, Libération-Sud, Combat), des partis politiques et deux syndicats (CFTC et CGT) afin de coordonner les actions résistantes sur le sol français, le CNR approuve en effet le 15 mars 1944, à l’unanimité et dans la clandestinité, un programme d’actions. Ce programme vise d’abord à mettre en œuvre la libération rapide du territoire. Puis il prévoit différentes mesures à appliquer dès cette libération effectuée. Le CNR veut en effet refonder la République par le rétablissement du suffrage universel, des libertés d’expression, de presse, d’association et de réunion, ainsi que de l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi

Surtout, le programme du CNR pose les bases de l’État-providence en France : il propose l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie, ce qui doit notamment se traduire par des nationalisations. Plusieurs réformes sociales sont également proposées afin d’établir un État qui protège les salariés. Outre un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement, le programme du CNR prévoit la mise en place d’un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail . Le CNR défend également le droit au travail et le droit au repos, la sécurité de l’emploi, de même que la restauration d’un syndicalisme indépendant. Il prévoit aussi l’instauration d’une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours.

Ce programme social est en grande partie mis en application à la Libération. La Sécurité sociale voit ainsi le jour par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 : des garanties sont établies contre les risques de maladie, d’invalidité, de vieillesse et de décès. Les aspects sociaux du programme du CNR sont par ailleurs confirmés dans le préambule de la Constitution de la IVe République du 27 octobre : La nation assure à l’individu et à sa famille les conditions nécessaires à son développement. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant et à la mère, aux vieux travailleurs, la protection de la santé, de la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être qui, en raison de son âge, de son état physique et mental, de la situation économique se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. 

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce sujet a été diffusé le 25 janvier 1945 par les Actualités françaises, trois semaines après la création de ce journal filmé qui a succédé à l’éphémère France Libre-Actualités (septembre-décembre 1944). La France se trouve alors encore en guerre et la libération de son territoire n’est pas entièrement achevée. Ce journal des Actualités françaises s’ouvre d’ailleurs sur un document consacré à un convoi d’évacués français de la poche de Saint-Nazaire, toujours tenue par les Allemands.

Intitulé La Misère des vieux, le présent sujet, diffusé immédiatement après celui sur les évacués, a quant à lui été réalisé en lien direct avec les très rigoureuses conditions climatiques du mois de janvier 1945 : le dernier hiver de la Seconde Guerre mondiale est marqué par un grand froid et d’abondantes chutes de neige. C’est en partant de ce contexte –  blanc comme la mort dit le commentateur – que ce sujet s’intéresse spécifiquement aux conditions de vie difficiles des personnes âgées en France.

Porté par un commentaire lyrique, il est constitué de deux séquences bien distinctes. La première se compose uniquement de plans d’illustration : des femmes et hommes âgés ramassant du bois mort dans la neige, fouillant une poubelle, enveloppés dans une couverture, couchés dans un lit d’hospice ou déjeunant dans un réfectoire. Cette longue première séquence n’a pour but que de souligner la difficulté des conditions de nombreuses personnes âgées en ce dernier hiver de guerre particulièrement rigoureux. Ceci afin de mieux mettre en valeur l’injustice de leur situation et de leurs sacrifices au moment d’aborder la dernière partie de leur vie. Pauvre vieux vanné par une vie de travail, où trouveras-tu le repos des derniers jours ? s’interroge le commentateur. Ce sujet s’indigne en effet que des Français ayant travaillé toute leur vie, ayant combattu pendant la Première Guerre mondiale et perdu des fils au cours de la Seconde Guerre souffrent du froid et de la faim. 

Dans une seconde partie, ce sujet prend par conséquent clairement partie en faveur de la prise en charge de ces personnes âgées par la société. Appuyé de nouveaux par des plans d’illustration de différents travailleurs, mais aussi par un schéma, il appelle à la mise en place d’un système de retraite financée par le travail des actifs : la charge de la vieillesse doit être répartie par tous ; que le travail de tous participe au repos de ceux qui ont fini de travailler. Ce sujet fait référence à la proposition contenue dans le programme du Conseil national de la Résistance (CNR), adopté dix mois auparavant, de la mise en place d’un système d’assurance retraite fondé sur les cotisations des actifs et permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours. Toutefois, cette allusion demeure entièrement implicite : à aucun moment le commentateur ne fait mention du programme du CNR ni de mesures concrètes visant à le mettre en œuvre.

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