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L’affaire Harvey Weinstein et le mouvement #balancetonporc

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 oct. 2017

Le producteur américain Harvey Weinstein est exclu de l’Académie des Oscars suite aux accusations de harcèlements sexuels, d’agressions et de viols qui le touchent. Cette affaire provoque la libération de la parole sur le harcèlement sexuel : à la suite de l’initiative de la journaliste française Sandra Muller, de nombreux témoignages portant le hashtag #balancetonporc sont publiés sur Twitter.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
15 oct. 2017
Production :
INA
Page publiée le :
29 août 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001934

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

En octobre 2017 éclate l’affaire Harvey Weinstein. Dans son édition du 5 octobre 2017, le New York Times révèle que cet éminent producteur de cinéma américain est parvenu à étouffer durant des années les accusations de huit femmes de l’industrie du cinéma de harcèlement sexuel, d’agression sexuelle ou de viol en leur versant des indemnités. Quelques jours plus tard, le New Yorker révèle d’autres cas d’agressions sexuelles commises par Harvey Weinstein. L’actrice italienne Asia Argento accuse par exemple ce dernier d’une relation sexuelle orale non consentie qui aurait eu lieu à Cannes en 1997. Par la suite, de nombreuses autres femmes du milieu du cinéma dénoncent elles aussi les agissements du fondateur de la société de production Miramax. Asia Argento publie même une liste des cent femmes ayant témoigné avoir été harcelées ou agressées sexuellement par Harvey Weinstein, dont les actrices Gwyneth Paltrow, Rose McGowan et Léa Seydoux.

Ces accusations ont d’immenses répercussions, d’abord aux États-Unis. Harvey Weinstein est ainsi limogé dès le 8 octobre 2017 du studio qu’il avait fondé en 2005, The Weinstein Company, puis exclu de l’Académie des Oscars le 14 octobre suivant. En mai 2018, l’ancien producteur est inculpé, devant un tribunal de New York, de viol sur une femme et d’actes sexuels forcés sur une autre. Il risque en théorie jusqu’à vingt-cinq ans de prison.

L’affaire Weinstein débouche rapidement sur l’essor d’un vaste mouvement de libération de la parole des femmes victimes de harcèlement, de violence sexuelle ou de viol. L’actrice américaine Alyssa Milano publie ainsi, le 15 octobre 2017, le message suivant sur Twitter : « Si vous avez été victime de harcèlement ou d’agression sexuelle, écrivez “moi aussi” (« Metoo ») en réponse à ce tweet. » Le hashtag #MeToo connaît dès lors un essor fulgurant : trois millions de tweets comportant ce mot-dièse sont recensés par Twitter en trois mois, et plus de 17 millions en un an. Ainsi de l’affaire Weinstein a émergé un véritable mouvement #MeToo qui permet aux femmes du monde entier de témoigner des agressions sexuelles qu’elles ont subies.

Peu avant le message publié par Alyssa Milano, le 13 octobre 2017, la journaliste française Sandra Muller avait quant à elle lancé sur Twitter le mot-dièse francophone #balancetonporc, l’accompagnant du message suivant : « Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends. » Et Sandra Muller de témoigner d’un harcèlement qu’elle avait elle-même subi en livrant le nom de son agresseur. Le mot-dièse #balancetonporc devient viral en France : il est repris 200 000 fois en quelques jours et 930 000 fois en un an.

Par-delà la libération de la parole féminine sur les harcèlements et les agression sexuelles, le mouvement #MeToo, né de l’affaire Weinstein, a plus largement permis de poser la question de la place des femmes et du rapport hommes-femmes. L’anthropologue française Véronique Nahoum-Grappe décrit ce phénomène sans précédent comme « un mouvement social féminin du XXIe siècle, qui sait user des outils technologiques de l’époque pour faire apparaître un point de vue non pris en compte à la mesure de sa réalité massive et tragique » (revue Esprit, mai 2018).

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Le 15 octobre 2017, France 3 consacre une part importante de son 19.20 à l’affaire Harvey Weinstein et à ses retombées. En effet, la veille, l’Académie des Oscars a décidé d’exclure l’influent producteur américain à la suite de plusieurs révélations d’agressions et harcèlements sexuels commis contre de nombreuses femmes de l’industrie du cinéma. La rédaction de France 3 propose ainsi deux sujets enchaînés, l’un sur l’affaire Weinstein sur le harcèlement sexuel, l’autre sur les répercussions de cette affaire en France.

Le premier sujet porte principalement sur Harvey Weinstein dont la déchéance est illustrée par plusieurs images d’archives prises en différents événements, dont l’un très récent, le 13 octobre 2017 à Los Angeles, ou après sa remise de la Légion d’honneur au Palais de l’Élysée en 2012. Ce sujet ne se contente pas d’évoquer le producteur mais laisse la parole à trois figures importantes de l’industrie du cinéma : les actrice Michelle Rodriguez et Isabelle Adjani, et la réalisatrice Agnès Varda. Aucune n’évoque explicitement Harvey Weinstein mais toutes dénoncent le harcèlement sexuel subi par les femmes dans le milieu du cinéma.

Le second sujet dépasse l’affaire Harvey Weinstein, attestant de l’ampleur de la déflagration causée par ces révélations - la présentatrice du journal télévisé de France 3 parle à juste titre de « tempête ». Il s’intéresse en effet au mouvement francophone #balancetonporc. Ce mouvement de libération de la parole féminine est né sur le réseau social Twitter à la suite des révélations de harcèlements et d’agressions sexuelles commises par Harvey Weinstein. Il a été initié par Sandra Muller, journaliste pour La Lettre de l’audiovisuel. Le 13 octobre 2017, elle a lancé sur Twitter le hashtag #balancetonporc en s’inspirant du titre d’un article du Parisien relatif à Harvey Weinstein. Elle l’a accompagné du message suivant : « Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends. » Elle-même victime d’une agression sexuelle, Sandra Muller, interrogée dans le reportage de France 3, justifie son action : « À un moment donné, il ne faut pas se laisser faire. Et ne pas se laisser faire, c’est avoir le courage de donner un nom. »

Le reportage propose plusieurs exemples de témoignages de harcèlement sexuel publiés sur Twitter par des femmes avec le hashtag #balancetonporc : d’abord une capture d’écran d’un fil Twitter comportant ce hashtag, puis trois messages anonymisés sélectionnés comme autant de cas emblématiques. De fait, le hashtag #balancetonporc a été repris 200 000 fois en quelques jours et plus de 715 000 fois en deux mois. Le magazine américain Time désigne ainsi Sandra Muller comme personnalité de l’année 2017 aux côtés d’autres « briseuses de silence », telles que les actrices Rose McGowan, l’une des premières avoir dénoncé les agissements de Harvey Weinstein, et Alyssa Milano, initiatrice du mouvement #MeToo.

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