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Le système de Bretton Woods 1944-1971

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 mai 1983

En 1944, à Bretton Woods, une conférence internationale réorganise le système monétaire international. Une des décisions importantes prise à cette occasion est de fixer une parité fixe entre l'or et le dollar. Le billet vert devient l'étalon de référence à la place du métal précieux. Cette équivalence dure jusqu'en août 1971.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
10 mai 1983
Production :
INA
Page publiée le :
21 juin 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001340

Contexte historique

Par Claude Robinot

Au moment où s'ouvre la conférence de Bretton Woods, le 1 juillet 1944, la guerre n'est pas terminée mais l'issue ne fait plus de doute. 730 délégués, représentant 44 pays alliés, sont réunis dans un hôtel d'une petite ville du New-Hampshire. Les Soviétiques ont envoyé une délégation comme dans toutes les réunions de la grande alliance.

Le but de cette conférence est d'organiser un système monétaire international (SMI) assez solide pour assurer la reconstruction d'après-guerre. La crise des années trente avait fait voler en éclat le système du Gold Exchange Standard, défini à la conférence de Gênes en 1922. De fait, l'économie mondiale était balkanisée autour de trois zones monétaires (zone dollar, zone sterling, bloc-or) dont les rivalités commerciales avaient bloqué les échanges internationaux. Tous les participants s'accordent sur le principe d'une économie mondiale basée sur le libre-échange et des taux de change stables. Depuis 1941-1942, des équipes d'économistes réfléchissent sur des projets monétaires. Les Anglais et John Maynard Keynes proposent une monnaie internationale détachée des devises nationales, nommée « Bancor ». Le projet américain souhaite faire du dollar le pivot des règlements internationaux. En 1944, le rapport de force politique et économique est largement en faveur des Américains. Les Etats-Unis possèdent 70 % du stock d'or mondial et ont une économie florissante. Le représentant américain Harry Dexter White, sous-secrétaire d'Etat au Trésor, impose assez facilement ses vues.

Le dollar devient la seule monnaie dont la valeur est définie par une parité fixe avec l'or dans la proportion de 35 $ pour une once d'or (environ 28 g). Les autres devises s'apprécient par rapport au dollar selon un taux de change stable. A titre d'exemple, 1 dollar s'échangeait le plus souvent autour de 4,50-5,50 francs français. Pour éviter les distorsions et les déséquilibres sur les changes, les pays déficitaires peuvent jouer sur deux mécanismes : le contrôle des changes et des mouvements de capitaux à titre provisoire ou le recours à un prêt sous condition pour restaurer sa balance. L'organisme chargé d'accorder le prêt est le FMI (fonds monétaire international), la deuxième création des accords de Bretton Woods. Ce fonds est alimenté par des quotes-parts proportionnelles à l'importance du pays. En échange, le pays reçoit des droits de vote plus ou moins importants. La discussion sur l'attribution des quotes-parts fut particulièrement difficile, chaque pays souhaitant jouer un rôle majeur dans l'institution. Ainsi le délégué français Pierre Mendès-France proteste sur le sort réservé à la France. Les Etats-Unis de leur côté se réservent 25 % des votes assortis d'un droit de veto. Le système est complété par une banque : la BIRD, chargée de financer des projets de développement. Les discussions sur le commerce international et les droits de douanes sont reportés, elles aboutissent en 1947 à la création du GATT.

Le système de Bretton Woods ne sera réellement appliqué qu'en 1958, après que les effets du plan Marshall et de la croissance retrouvée permettent aux monnaies européennes de devenir convertibles. Une des conditions de bon fonctionnement du SMI est que les pays acceptent les paiements en dollars et que le ratio avec le métal précieux se maintienne. Or, l'économie mondiale en croissance exige des dollars et les Etats-Unis peuvent financer leur déficit et la guerre du Vietnam par la création de monnaie. En 1967, les pays qui s'étaient associés avec les Américains dans un « pool de l'or » pour maintenir la parité or-dollars y renoncent. Les doutes sur la valeur du dollar persistent et s'amplifient. En août 1971, le président Nixon annonce la fin de la parité fixe qui avait fondé le système de Bretton Woods.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce reportage à caractère historique et économique montre les rares images de la conférence de Bretton Woods, tournées par les opérateurs des actualités cinématographiques. Les images originales muettes sont été prises le 22 juillet 1944, au moment où les chefs de chacune des délégations nationales, les uns après les autres, viennent signer les accords. Moment solennel et classique des réunions diplomatiques. Il n'est pas sûr qu'à l'époque l'événement ait eu beaucoup de retentissement dans un monde encore en guerre. Parmi les personnalités qui apparaissent à l'image, on peut apercevoir J.M. Keynes, l'économiste anglais et le secrétaire au Trésor américain Henry Morgenthau. Un plan montre aussi le délégué de la Chine nationaliste. Ce pays, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, est considéré comme une grande puissance, alors que la place de la France n'est pas encore assurée. Pierre Mendès-France qui négocie pour le général de Gaulle ne joue qu'un rôle mineur. Les images d'époque se terminent par un plan sur les armes du fonds monétaire international, très inspirées par celles des nations unies avec un globe et un rameau d'olivier.

Le manque d'images illustratives fait que le commentaire du journaliste spécialiste de l'économie Christian-Marie Monnot doit se terminer face à la caméra, ce qui est assez rare pour être souligné. Il termine son papier en évoquant 1971 et la fin de la convertibilité du dollar en or, plus exactement au taux fixe de 35 $ l'once. On peut toujours acheter du métal avec des billets verts mais le prix n'est plus le même.

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