Histoire du Soldat, épisode 6 : Le dernier mot !

Description

Le choral interrompu retentit à nouveau : ce chant à quatre voix, composé par Martin Luther et sacré pour les protestants, est une référence commune utilisée par de nombreux compositeurs, dont le célèbre Jean-Sébastien Bach.

Ici, chaque nouveau fragment du chant sacré (dont le texte, Ein Feste Burg, nous est caché) répond à une phrase du soldat qui, pensif, donne sans le savoir la morale du conte.
Et bien que le texte implicite du choral évoque la victoire de Dieu contre le diable, cette victoire n'est plus tout à fait certaine pour les deux héros, qui se mettent à nouveau en route pour retrouver les traces du passé.

Le soldat avait pourtant prévenu : On ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était.

Enfin, la dernière pièce à retentir est bien loin de l'ambiance recueillie et apaisée du choral... c'est la marche du diable, pleine de violence, de rythmes brutaux, et d'accords saillants.

* Grand choral
* Marche triomphale du Diable

Éclairage

Le Studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique accueille le conte inquiétant du compositeur russe Igor Stravinsky et de l'écrivain et poète suisse Charles Ferdinand Ramuz, vieille légende russe du soldat qui déjoue les pièges tendus par le diable.
Charlotte Lagrange met en scène ces six courts épisodes de l'Histoire du Soldat, qui sont autant d'étapes sur le chemin semé d'embûches du protagoniste, raconté par les comédiens Robinson Stévenin et Sidney Ali Mehelleb et les musiciens de l'Orchestre national de France.

Stravinsky et Ramuz situent cette histoire en Suisse où, au moment de l'écriture, ils sont tous deux réfugiés de la Première Guerre mondiale. Ils la confient à un petit théâtre ambulant dans le but de faire la tournée des villages, accompagnés d'un minuscule orchestre de sept instruments. Ce décor sobre, dépouillé, monté sur des tréteaux, qui met au jour les artifices du théâtre, a inspiré la mise en scène du spectacle de 2021, où même les musiciens s'immiscent dans la pièce.

Ceux-ci forment une compagnie hétéroclite, où instruments graves et aigus se répondent : percussions, basson et clarinette, trombone et cornet, contrebasse et violon. Et ce dernier est sûrement le plus important d'entre tous, celui-là même que le diable aimerait dérober au soldat, en prenant au passage son âme.
Le violon mène ses six camarades dans une aventure musicale haute en couleurs, où se succèdent marches militaires, chœurs sacrés, et danses de tous les continents, que Stravinsky mélange joyeusement, en entassant rythmes et accords dans un chaos savant.
Une œuvre atypique, à la croisée du mime, du théâtre et de la danse, « lanterne magique animée » (selon les mots de C. F. Ramuz) dont les ombres forment une histoire impérissable.