PISTE PÉDAGOGIQUE
Viralité et information sur les réseaux sociaux : quels mécanismes ? quelles menaces ?
Niveaux et disciplines
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Présentation et place dans les programmes
Cette piste pédagogique à destination des élèves du cycle 4 et du lycée les amènera à comprendre la viralité dans le contexte des réseaux sociaux. Elle vise à analyser des phénomènes viraux afin d'en comprendre la genèse, les ressorts, à la fois techniques et émotionnels. Les 3 séances de trois heures proposées ici visent également à développer l'esprit critique et une sensibilité à la désinformation en ligne.
- Éducation aux médias et à l’information (EMI) : Exploiter l’information de manière raisonnée > Distinguer les sources d’information, s’interroger sur la validité et sur la fiabilité d’une information, son degré de pertinence
- Enseignement moral et civique (EMC) : Construire une culture civique > Les rôles des médias, des réseaux dans l’information et la vie démocratique
- Programme de français en 4e : Informer, s’informer, déformer ?
- Français > Seconde générale et technologique > La littérature d’idées et la presse du XIXe siècle au XXIe siècle
- Français > Seconde professionnelle > S’informer, informer : les circuits de l’information
- Sciences numériques et technologie (SNT) > Seconde > Les données et l’information, les algorithmes ; impacts sur les pratiques humaines
- HGGSP > Première > S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication
I,1 – Mener une recherche et une veille d’information
Durée et modalité de l'activité
- Première séance : Distinguer opinion et information
- Deuxième séance : Analyse de la viralité
- Troisième séance : La viralité, opportunités et dangers
Séance 1 : Distinguer opinion et information
Durée de la séance : une heure.
Activité 1 : Mise en réflexion
Durée : 20 minutes.
- Débat « spontané » pour lancer la réflexion
Thématique possible : « peut-on s’informer sur les réseaux sociaux ? » ou plus explicitement en lien avec la vidéo (voir ci-dessous) : « Les réseaux sociaux, c’est de l’info ? ».
Ce débat peut se faire en cours dialogué ou de manière plus structurée. Par exemple, l’enseignant pourra organiser sa séance de cette manière :
- Répartir les élèves en trois groupes
- Deux groupes : « oui » et « non » selon leurs convictions ou aléatoirement, pour préparer leurs arguments et trouver des exemples.
- Un groupe où les élèves joueront des rôles spécifiques pendant le débat (voir ci-dessous).
- Distribuer des rôles
- Des élèves introduisent et concluent le débat pour en indiquer le contenu, en expliciter les termes et les règles. On insiste sur le fait que ce débat a moins comme objectif d’avoir raison contre l’avis adverse que de trouver des idées, d’explorer la question en réfléchissant ensemble.
- Des modérateurs du débat distribuent équitablement la parole, relancent leurs camarades, les aiguillent et canalisent la discussion.
- Des élèves notent les arguments (au moins deux élèves par parti pris).
- Un bilan pour synthétiser les arguments et expliciter l’objectif du débat (à savoir : trouver des idées ensemble et non déboucher sur une confrontation).
Activité 2 : Faits, opinions, sentiments
Durée : 30 minutes
Consigne : Cette vidéo intitulée « Les réseaux sociaux, c’est pas de l’info ? » est issue de la série d’éducation aux médias et à l’information SPAM
(Savoir, penser, analyser les messages), produite par l’INA et France Télévisions.
Visionnez cette vidéo.
Les réseaux sociaux, c'est pas de l'info ?
Des lanceurs d'alerte aux fake news, les réseaux sociaux sont des outils qui peuvent être mis au service de l'information... Comme de la désinformation ! Pour faire la part des choses, il est nécessaire de comprendre la différence entre une information et opinion, entre le principe de véracité et le principe de viralité, spécifique aux réseaux sociaux.
Consigne aux élèves : Veuillez regarder cette vidéo, soyez attentif à ce qui est dit et montré, prenez des notes et répondez au questionnaire suivant.
question 1
Comment appelle-t-on le fait d’interroger une personne dans la rue pour recueillir son expérience ou son opinion sur un sujet ?
question 2
Qu’est-ce qui se dit dans ce micro-trottoir ?
question 3
À partir de la vidéo, dites comment se manifestent les opinions sur les réseaux sociaux.
question 4
Selon la vidéo, quels sont les trois critères qui définissent une information ?
Fait, opinion ou sentiment ?à distribuer en classe.
Pour aller plus loin
Cette vidéo éditée par ARTE et le CLEMI donne une définition claire d'une information.
Insert de la ressource Document - ID: 00000003263 en mode complementaireSéance 2 : Analyse de la viralité
Durée de la séance : une heure.
L’objectif est d’amener l’élève à trouver une définition de la viralité, puis d’en analyser les ressorts sur les réseaux sociaux (algorithmes, bulles de filtres).
Activité 1 : Définition de la viralité
Consigne : Les élèves peuvent commencer par revoir la vidéo de la séance précédente en intégralité ou ils visionnent tout simplement l'extrait suivant (issu de la même vidéo).
Comment définiriez-vous la viralité ?
Donnez des exemples de contenus viraux.
Quelles sont les conséquences potentielles de la viralité ?
Activité 2 : Du bouche-à-oreille aux algorithmes
Consigne aux élèves : Vous allez visionner l’extrait d’une vidéo SPAM
consacré à la propagation la rumeur d’Orléans. Cette expression fait référence à une série de rumeurs circulant dans les années 1960 en France au sujet d'enlèvements de jeunes femmes à Orléans et dans ses environs, au profit d’un supposé réseau de traite d’esclaves orchestré par la communauté juive. La propagation de cette rumeur a été étudiée dans un essai dirigé par le sociologue Edgar Morin en 1969.
La propagation des rumeurs sur les réseaux sociaux
Cette vidéo intitulée Les réseaux sociaux, c’est pas de l’info ? (version enseignants) est issue de la série d’éducation aux médias et à l’information SPAM
(Savoir, penser, analyser les messages), produite par l’INA et France Télévisions. Lionel Vighier, professeur de lettres, s'entretient avec Julien Pain, rédacteur en chef de « Vrai ou Fake » sur Franceinfo.
En partant de la rumeur d’Orléans, tentez de décliner les principaux ressorts de la viralité. Autrement dit, quels sont les ingrédients qui permettent la propagation d’une telle rumeur ?
L’enseignant explique que les réseaux sociaux jouent sur ces mêmes ressorts pour pousser des contenus qui seront facilement partagés par leurs utilisateurs : les algorithmes ont remplacé le bouche-à-oreille. Le visionnage de cette vidéo sur les algorithmes peut illustrer l'explication.
Insert de la ressource Document - ID: 00000004495 en mode complementaireDes liens explicatifs sur la logique algorithmique peuvent être faits avec l'extrait suivant de la vidéo SPAM
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Activité 3 : Algorithmes et bulles de filtres
Utilisez-vous des applications qui fonctionnent avec des algorithmes ? Lesquelles ?
Pourquoi ces applications ont-elles intérêt à promouvoir des contenus viraux ?
Après avoir visionné l’extrait suivant, résumez les avantages et les inconvénients de l’usage des réseaux sociaux à des fins informationnelles.
Séance 3 : Opportunités et dangers de la viralité
Activité 1 : Viralité et engagement citoyen
Consigne aux élèves : visionnez l’extrait de cette vidéo SPAM
sur les lanceurs d’alerte et le printemps arabe
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question 1
Qu’est-ce qu’un lanceur d’alerte ?
question 2
Quelles sont les conséquences positives de la viralité ? Trouvez des exemples dans la vidéo et deux autres exemples tirés de vos propres observations.
À retenir
La viralité, en poussant des contenus en fonction de l’intérêt qu’ils suscitent plutôt qu'en fonction leur véracité, ouvre la voie aux manipulations de masse. Mais, dans certains cas, des citoyens peuvent utiliser les réseaux sociaux pour contourner la censure et mobiliser l'opinion publique.
Activité 2 : Viralité et désinformation : étude de cas de l'incendie de Lubrizol en 2019
Un contenu viral peut très bien être une information vérifiée (et pas du tout mensongère). Il arrive fréquemment que sur une information virale (factuelle et vérifiée) se greffent des contenus fallacieux, des infox, des détournements d'information et des manipulations, qui profitent de la viralité et contribuent à la renforcer.
Pour étudier ce cas de figure avec les élèves, l’enseignant peut s’appuyer sur cette ressource de l’AFP disponible via le GAR ou après connexion à son compte Lumni Enseignement. Cette ressource, qui s’appuie sur l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen en 2019, propose une étude de cas pour amener les élèves à reconnaître une infox dans un contexte où la viralité, et parfois la crédulité, sont renforcés par l’émotion et l’inquiétude de la population.
Traquez les « infox » avec le site de l'AFP :
Étude de cas de l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen
En 2019, les inquiétudes, légitimes, sur les conséquences de l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen ont servi de terreau à de nombreuses manipulations sur les réseaux sociaux tout au long du week-end, de la vidéo virale d'une gigantesque explosion aux faux communiqués sur l'air et l'eau potable. Comment les vérifier ?
Capture d'écran de l'article sur les infox et rumeurs sur l'incendie de Lubrizol du site de l'AFP. Description de l'image : un homme de dos regarde un épais nuage de fumée au dessus de Rouen.
Cette activité représente une continuité intéressante au scénario 2 du jeu « Classe investigation » du CLEMI.
À retenir
La viralité de l’information peut avoir des conséquences diverses et significatives sur la vie démocratique, engendrant à la fois des effets néfastes et vertueux.
Tout d'abord, du côté des effets néfastes, la propagation rapide et incontrôlée de l'information peut conduire à la diffusion des discours de haine, favorisant le cyberharcèlement, l'incitation à la violence et les discriminations. La désinformation, amplifiée par la viralité, peut aussi susciter des réactions disproportionnées, voire incongrues, compromettant ainsi la qualité du débat public et des décisions politiques. La viralité favorise également la propagation de la propagande, manipulant l'opinion publique à des fins politiques ou idéologiques.
D'un autre côté, la viralité de l'information peut également avoir des effets vertueux. En effet, la rapidité de diffusion peut sensibiliser le public à des enjeux de société, suscitant ainsi une prise de conscience collective. Les mobilisations en faveur de causes citoyennes, sociales ou environnementales peuvent gagner en ampleur grâce à la viralité. De plus, le fait de mettre en lumière certaines causes permet de les imposer dans les agendas politique et médiatique, et ainsi conduire à des changements positifs et à une prise en compte accrue de problématiques importantes pour la société.
Décrypter les médias avec la série SPAM
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