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Guide suprême, gardiens de la Révolution : comment fonctionne le pouvoir en Iran ?

Copyright de l'image décorative: ATTA KENARE / AFP

L'ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême iranien, dans un bureau de vote de Téhéran le 1er mars 2024.
Par L'équipe Lumni Enseignement
Publication : 26 avr. 2024 | Mis à jour : 02 mai 2024

Niveaux et disciplines

Fin 1978, la nette dégradation de la conjoncture économique en Iran suscite d’importants troubles dans ce pays dirigé depuis 1941 d'une main de fer par le chah Mohammad Reza Pahlavi. La contestation est menée à la fois par les milieux libéraux, par des marxistes et par les islamistes partisans de l’ayatollah Khomeyni, leader religieux en exil. Après la fuite du chah en janvier 1979, ce dernier revient à Téhéran en février, élimine les autres groupes révolutionnaires et s’impose comme l'homme fort de la nouvelle « République islamique d’Iran », proclamée par référendum en avril 1979.

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L'ayatollah Khomeyni instaure les bases d'un régime théocratique et autoritaire : la République islamique d'Iran. La Constitution iranienne tient compte depuis 1979 de la loi islamique (charia) et place toutes les institutions (politiques, judiciaires, militaires et médiatiques) sous l’autorité du Guide suprême de la Révolution islamique. Depuis la mort de Khomeyni en juin 1989, cette fonction est assumée par l’ayatollah Khamenei.

Ce schéma, téléchargeable en PDF, vous permettra de comprendre les rouages du pouvoir en Iran :

Schéma - la répartition des pouvoirs en République islamique d’Iran

La répartition des pouvoirs en république islamique d’Iran.

Institutions soumises à un processus électoral :

  • Le Président
  • Le parlement
  • L’assemblée des experts

Institutions non soumises à un processus électoral :

  • Le guide suprême
  • Les forces armées
  • Chef du système judiciaire
  • Le conseil de discernement
  • Conseil des gardiens de la constitution

Le conseil des gardiens de la constitution vérifie les candidatures.

L’électorat élit directement le Président, le parlement et l’assemblée des experts.

Le président choisit les membres de son gouvernement. Chaque membre doit être approuvé par le Parlement.

L’assemblée des experts nomme ou approuve le guide suprême.

Le guide suprême nomme les commandants des forces armées, le chef du système judiciaire et le conseil de discernement.

Crédit : Patrick Bonaldi - INA

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Ayatollah : Accolé aux noms de Khomeyni et de Khamenei, ce terme ne correspond pas à une fonction politique. Il s'agit d'un titre honorifique donné aux principaux chefs religieux et experts de l'islam chiite.

Électorat : Femmes et hommes détiennent le droit de vote. Pour exercer ce droit, il faut être âgé de 15 ans au moins.

Président : Il est élu pour un mandat de quatre ans et ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Deuxième personnalité du pays selon la Constitution, le président est chargé de garantir son application. En tant que chef d'État, il signe les traités et accrédite les ambassadeurs. Il est aussi le chef du gouvernement. Mais en pratique, ses prérogatives sont limitées et il peut être destitué par le Guide suprême ou le Parlement. L'actuel président de la République islamique d’Iran, Ebrahim Raïssi, a été élu le 18 juin 2021.

Gouvernement : Ses membres sont nommés par le président et leur nomination doit être approuvée par le Parlement. Ses prérogatives sont également limitées puisque le Guide suprême est très impliqué dans les affaires liées à la défense, à la sécurité et à la politique étrangère.

Parlement : Les 290 membres du Majlis – le Parlement – sont élus au suffrage universel, tous les quatre ans. Le Parlement a le pouvoir d'introduire et de voter des lois, et est habilité à convoquer et à destituer les ministres ou le président. Notons cependant que toutes les lois adoptées par le Majlis reçoivent l'accord préalable du Conseil des gardiens de la Constitution.

Conseil des gardiens de la Constitution : Très influent, le Conseil regroupe six théologiens nommés pour six ans par le Guide suprême, ainsi que six juristes désignés par les juges et dont la nomination est approuvée par le Parlement. Cet organe approuve les lois votées par le Parlement. Il peut faire usage de son droit de veto s'il estime que les lois issues du Parlement sont incompatibles avec la Constitution et la loi islamique (charia). Le Conseil peut aussi empêcher un candidat de se présenter aux élections législatives et présidentielle ou de se faire élire à l'Assemblée des experts.

Assemblée ou Conseil des experts : Ses 88 membres, tous religieux, sont élus depuis 1982 pour un mandat de huit ans. Ils ont pour tâche de nommer le Guide suprême, d’évaluer son action et de le destituer s'il est jugé inapte à accomplir son devoir. L'Assemblée tient deux sessions ordinaires chaque année.

Guide suprême : Il est choisi par des religieux membres de l'Assemblée des experts. Sa place primordiale et centrale dans la Constitution découle des principes énoncés par l'ayatollah Khomeyni dès 1979. C'est ce Guide, et non le président, qui contrôle les forces armées et prend les décisions en matière de sécurité, de défense et de politique étrangère. Il est aussi habilité à nommer le chef du système judiciaire, six membres du puissant Conseil des gardiens, les commandants des forces armées, les imams des prières du vendredi et le directeur de la station de radio et télévision. Il valide aussi l'élection du président.

Ali Khamenei est depuis 1989 le guide suprême de la République islamique d'Iran, après en avoir été le président de 1981 à 1989.

Forces armées : En plus des forces régulières, les forces armées comptent le corps des gardiens de la révolution (Pasdaran). Les principaux chefs des armées et des gardiens de la révolution sont nommés par le Guide suprême et ne rendent compte qu'à ce dernier. Le corps des gardiens de la révolution a été créé après la révolution de 1979, avec pour mission de combattre ceux qui sont opposés à la révolution.

Système judiciaire : Il s'assure que les lois islamiques – la charia – sont appliquées et définit l'environnement juridique du pays. Le système judiciaire est également habilité à nommer six membres du Conseil des gardiens. 

Conseil de discernement : Il s’agit d’un organe consultatif qui soumet ses analyses au Guide suprême. Nommés par le Guide suprême, les membres du Conseil de discernement sont des personnalités religieuses et politiques de premier plan.

Pour aller plus loin

Notre dossier complet sur la Perse et l'Iran, de 1906 à nos jours.

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