Vidéo
Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 18 juin 1956
Lors d'une interview menée dans le bureau de Guy Mollet à Matignon, le journaliste Pierre Sabbagh interroge successivement le président du Conseil sur ses lectures, le dispositif téléphonique mis à sa disposition, enfin sur la politique algérienne.
Niveaux et disciplines
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Les Actualités françaises
- Production :
- INA
- Page publiée le :
- 2003
- Modifiée le :
- 19 sept. 2022
- Référence :
- 00000000055
Contexte historique
Le printemps 1956 met fin aux velléités libérales du Front Républicain en Algérie, qui avait affirmé, lors de la campagne électorale de décembre, vouloir en finir avec une "guerre imbécile". Si le gouvernement admet l'existence d'une "personnalité" algérienne, il refuse à l'Algérie le droit à l'indépendance et met en œuvre une répression accentuée par les "pouvoirs spéciaux"( loi du 12 mars 1956). En donnant la priorité à l'action militaire, ces pouvoirs doivent permettre d'imposer au FLN le programme "cessez-le-feu, élections, négociations". Mais le FLN refuse tout dialogue tant que l'indépendance n'est pas à l'ordre du jour. Cette impasse entraîne une aggravation du conflit. Ses répercussions détériorent la santé économique et sociale de la France.
Lorsque Guy Mollet aborde cette question à la télévision, il s'affronte à une triple gageure. Il doit justifier la guerre. Il doit convaincre les Français d'agréer aux ponctions financières nécessaires pour assainir l'économie et soutenir l'effort de guerre (le ministre des Finances Paul Ramadier s'apprête à présenter un emprunt public). Il doit enfin préserver une stabilité gouvernementale mise à mal par la récente démission de Pierre Mendès France, partisan d'une négociation (23 mai), et par les critiques de trois autres ministres : Gaston Defferre (Outre-mer), François Mitterrand (Justice) et Alain Savary (secrétaire d'État aux Affaires Étrangères).
Éclairage média
Ici, dans une scénographie conviviale, le président du Conseil Guy Mollet répond avec un naturel mis en scène (il fume à l'écran) aux questions du journaliste Pierre Sabbagh. Des questions qui se veulent spontanées. Pierre Sabbagh s'excuse d'ailleurs de passer du "coq à l'âne" au nom de l'indiscrétion que lui a autorisée Guy Mollet en début d'entretien. Ainsi, des propos sur le comportement des hommes politiques (à partir d'une lecture de Micromégas) au dialogue informel sur l'univers du président du Conseil (séquence sur la fonction des téléphones), on passe à une interrogation plus grave et provocatrice ("Pourquoi un président du Conseil socialiste (…) ne cherche pas à donner l'indépendance à l'Algérie ?") sur les enjeux de la guerre d'Algérie.
Dans sa conception et sa réalisation, cette émission rompt avec les interventions politiques radiotélévisées souvent proches du discours filmé et jouant rarement sur la personnalité et la présence de l'interviewer.