vidéo

Interview de Guy Mollet (3) : la crise de Suez

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 12 nov. 1956

Dans le bureau de la présidence du Conseil, à Matignon, le journaliste Pierre Sabbagh interroge Guy Mollet sur la crise de Suez et ses conséquences sur l'état de l'opinion en France.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
12 nov. 1956
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000059

Contexte historique

Par Philippe Tétart

Face au refus anglo-américain de s'associer à l'URSS et à la Banque Mondiale pour financer l'ambitieux projet du barrage égyptien d'Assouan, le 26 juillet 1956, Gamal Abdel Nasser réplique en nationalisant la Compagnie du Canal de Suez, contrôlé par les Britanniques. En réaction, le premier ministre anglais Anthony Eden défend les intérêts de son pays : il annonce une action militaire contre Nasser. Paris s'y rallie aussitôt, avec Israël. Pour le gouvernement Guy Mollet, ce ralliement est aussi déterminé par l'espoir de couper les vivres au FLN (notamment alimenté par des réseaux transitant par l'Égypte ou venant d'Égypte) en faisant chuter Nasser. Malgré les appels à la paix de l'ONU, Israël envahit le Sinaï à partir du 29 octobre, puis, le 5 novembre, un corps expéditionnaire franco-britannique occupe une partie la zone du Canal de Suez. Dans le contexte tendu des relations Est-Ouest (l'URSS condamne vivement l'opération), les Etats-Unis font pression sur les belligérants. Londres puis Paris capitulent. Une résolution onusienne du 7 novembre prévoit l'arrivée des Casques bleus. La zone du canal est évacuée. Pour la France, cet épisode se solde par un échec difficile à justifier auprès de l'opinion. Plus durablement, la crise de Suez renforce la solidarité nord-africaine autour du combat des nationalistes algériens. Pour le gouvernement Guy Mollet, Suez est un cuisant revers, international et intérieur.

Éclairage média

Par Philippe Tétart

Au milieu des années 1950, le nombre de foyers français équipés d'un téléviseur décolle : 1% en 1954, 6,1% en 1957. Cette croissance renforce la conviction chez les hommes politiques que la télévision devient capitale dans la gestion de leur image publique et la présentation de leurs décisions politiques, surtout dans les périodes de crise. Lorsque, en novembre 1956, Guy Mollet reçoit la RTF pour faire un tour d'horizon de l'actualité, il doit en particulier s'exprimer sur sa politique vis-à-vis de l'Égypte. Quelques jours après le retrait anglo-français du Canal de Suez et face à la désapprobation internationale de l'action militaire qui y a été menée, l'enjeu est fort. Conscient de cet enjeu, Guy Mollet fixe à plusieurs reprises la caméra plutôt que le journaliste. A la fin de l'entretien, il s'adresse directement aux Français, les appelant au "sang froid" face aux campagnes du PCF (qu'il dénonce nomément), à avoir confiance dans le gouvernement. Confiance dans laquelle lui-même et le gouvernement puiseront du "réconfort".

Il s'agit ainsi pour Guy Mollet de valoriser un message critique (envers Nasser et le PCF) afin, aussi bien de minimiser les conséquences de sa politique (en Algérie et en France même) que de ne pas s'avouer battu dans cette affaire. D'aucun saisiront alors la mise en scène très étudiée de cet interview pour accuser Guy Mollet d'user de la télévision comme d'un outil de "propagande" au service de l'État [E. Cohen, in Marie-Françoise Lévy (dir.), La Télévision dans la République. Les années 1950, Complexe, 1999].

Lieux

Personnalités

Thèmes

Sur le même thème