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Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 15 mai 1962
Lors d'une conférence de presse, le général de Gaulle explique son refus d'une intégration politique européenne qui mettrait fin au système d'une Europe des États-nations.
Niveaux et disciplines
Ressources pédagogiques utilisant ce média
Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel
Les réticences face à l'idée européenne
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Date de diffusion du média :
- 15 mai 1962
- Production :
- INA
- Page publiée le :
- 2003
- Modifiée le :
- 17 janv. 2024
- Référence :
- 00000000095
Contexte historique
La question de la supranationalité dans la construction européenne a toujours engendré de vifs débats. Au début des années 1950, l'échec de la Communauté européenne de défense (CED) témoignait du rejet de l'Europe intégrée par une large partie de l'opinion publique et politique. En 1962, la question reste d'actualité. Elle oppose ceux qui prônent l'intégration politique (qui portent l'idéal d'une organisation politique supranationale) aux défenseurs d'une Europe confédérée des États-nations. Le général de Gaulle soutient cette seconde position. Cela étant, il ne s'oppose pas à ce que soient créées des instances politiques consultatives. C'est pourquoi il défend le plan Fouchet (1961), qui prévoit notamment la création d'un conseil des chefs d'État et de gouvernement.
Mais, le 17 avril 1962, l'opposition de la Belgique et des Pays-Bas fait échouer ce plan. Dans une logique du tout ou du rien
, le Général choisit alors de s'exprimer pour dire son refus définitif d'une Europe intégrée et atlantiste. Il juge qu'elle ne permettrait plus à ses membres ni de jouir de leur liberté de manœuvre et de parole vis-à-vis des États-Unis ni de développer une troisième voie face à la bipolarité est-ouest. Cette réaction tranchée marque un tournant dans son approche de la question européenne.
Elle détermine une mini-crise gouvernementale : ses ministres MRP, Pierre Pflimlin, Robert Buron et Maurice Schumann, scandalisés tant par cette position radicale que par le caractère anti-américain de l'européanisme gaullien, démissionnent en signe de protestation.
[Serge Berstein, La France de l'Expansion. I. La République gaullienne, 1958-1969, Paris : Seuil, 1989, p. 247 / Elisabeth du Réau, L'Idée d'Europe au XXe siècle, Bruxelles : Complexe, 1995, p. 245].
Éclairage média
Loin du caractère solennel et parfois figé de ses allocutions officielles télévisées, le général de Gaulle laisse voir, lors de cette conférence de presse, une disposition évidente à captiver son auditoire en utilisant habilement un large registre rhétorique et gestuel évoquant la détermination, la fermeté, la conviction, la réflexion, l'humour. Cette conférence est restée célèbre par le bon mot que le Général fait à propos des langues artificielles. Je ne crois pas que l'Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l'Allemagne avec ses Allemands, l'Italie avec ses Italiens, etc. Dante, Goethe, Chateaubriand appartiennent à toute l'Europe, dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment italien, allemand et français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et qu'ils avaient pensé et écrit en quelque espéranto ou volapük intégré…
Avec son sens de la formule choc – qui ne manque pas de séduire l'opinion –, de Gaulle souligne que seule l'Europe des États, des nations, des patries reçoit ses suffrages, car elle répond à la logique de la coopération dans le maintien et le respect des différences nationales. Sa tactique montre ici, ainsi qu'il le reconnaît dans ses Mémoires, combien il est attentif à l'importance de la conférence de presse en tant que mode de contact privilégié (...) avec l'opinion publique
.
[Charles de Gaulle, Mémoires d'espoir, tome 1, Plon, 1970, p. 304 / Jean-Pierre Guichard, De Gaulle et les mass media. L'image du Général, France Empire, 1985, p. 205]