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Conférence de presse du général de Gaulle du 21 février 1966

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 21 févr. 1966

Le général de Gaulle expose sa vision de l'évolution des rapports est-ouest et du rôle de l'OTAN en Europe. Puis, il justifie le retrait de la France du commandement intégré de l'Alliance atlantique.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
21 févr. 1966
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000098

Contexte historique

Par Philippe Tétart

Le général de Gaulle a toujours refusé que la politique des blocs, héritée du partage consécutif à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre froide, détermine indéfiniment l'orientation des relations et des équilibres internationaux. Le syndrome de Yalta domine sa pensée et son action, notamment pour ce qui touche à la souveraineté militaire de la France et à sa place dans l'OTAN.

Sur cette question comme sur la construction européenne, il entend dégager une voie française, défaite des pesanteurs de la bipolarité est-ouest. Cette voie autonome redonnerait à la France sa liberté de manœuvre diplomatique. Elle permettrait, dans le droit fil de la détente avec l'URSS depuis 1963, d'approfondir le dialogue avec le bloc communiste. Sur le plan militaire, l'indépendance de la France vis-à-vis de l'OTAN permettrait de ne pas être inéluctablement solidaire de guerres que la France n'a pas voulu (Vietnam) ou d'être engagé dans d'éventuels conflits contre son gré, au nom de la solidarité atlantique. Enfin, sur le plan de la Défense, le Général a rejeté fin 1963 la proposition américaine de force nucléaire multilatérale (MLF) ; il veut une dissuasion nucléaire française.

Après avoir esquissé à de nombreuses reprises, depuis 1959, les contours de cette politique du dégagement, il décide, en 1966, d'en accélérer le processus. Le 21 février, tout en assurant que le traité fondateur de l'OTAN (4 avril 1949) reste valable, il en dénonce certaines modalités : la présence militaire étrangère dans l'Hexagone, le placement de forces françaises sous le commandement allié. Le 7 mars 1966, Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, remet à l'ambassadeur américain un message pour le président Johnson ; il précise que la France se propose de recouvrer sur son territoire l'entier exercice de sa souveraineté.

La France quitte le commandement intégré de l'OTAN tout en continuant à siéger au Conseil du traité. Le 1er avril 1967, tandis que le siège de l'OTAN a été transféré de Paris à Bruxelles, il n'y a plus de présence militaire étrangère en France et les troupes repassent sous commandement français. Les accords Ailleret-Lemnitzer d'août 1967 – en partie secrets – redéfiniront le cadre de la participation de la France à la défense commune.[Serge Berstein, La France de l'expansion. La République gaullienne, 1958-1969, Paris, Le Seuil, 1989, p. 255 / Jean-Baptiste Duroselle, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours, Paris, Dalloz, 1990 (10e édition), p. 700]

Éclairage média

Par Philippe Tétart

C'est pour une fois faire trop d'honneur aux journalistes que de les prendre les premiers à témoin dans une de ces conférences de presse qu'il siérait mieux d'appeler conférence à la presse, tant le jeu traditionnel des questions y apparaît dérisoirement maintenu. Ce commentaire acerbe d'Hubert Beuve-Méry, publié dans Le Monde du 23 février 1966 sous la célèbre signature de Sirius, fait directement référence à la conférence de presse du 21. Plus généralement, il renvoie au cérémonial des conférences de presse du Général : ce dernier s'y présente solennel et discourt souvent seul, une heure durant, voire plus, en consultant rarement ses notes et en abordant différents sujets qui donnent lieu à autant de courtes allocutions entrecoupées de quelques réponses aux journalistes. Le 21 février, il parle de l'OTAN, de l'affaire Ben Barka, des élections législatives, de l'URSS, de l'Europe… C'est seulement ensuite que les journalistes peuvent poser leurs questions. Le Général, soucieux du moindre détail et préoccupé de ne pas sortir de l'ordonnance prévue, offre des réponses dans lesquelles chaque mot a été pesé auparavant.

Dans cette séquence, on assiste donc au cœur d'une conférence de presse tel qu'il les conçoit et les aime : lui, développant un propos détaillé, argumenté, devant le parterre des journalistes réunis dans la salle des fêtes du palais de l'Élysée – et ici captivés par ce sujet grave – mais tenus de patienter jusqu'à ce que le président daigne leur offrir quelques réponses rédigées d'avance. Loin de manquer leur cible, ces conférences de presse d'un genre très précis furent définies par Pierre Viansson-Ponté comme l'arme absolue du général de Gaulle.

Bibliographie :

Jean-Pierre Guichard, De Gaulle et les mass media. L'image du Général, Paris, France Empire, 1985, p.198-199.

Jean-Noël Jeanneney, L'Écho du siècle. Dictionnaire historique de la radio et de la télévision française, Paris, Pluriel, 2002 (2e édition), article "De Gaulle", pp.481-484.

Marc Riglet, "Conférences de presse", in Sirinelli Jean-François (dir.), Dictionnaire historique de la vie politique française, PUF, édition 1995, pp. 218-220.

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