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Entretien avec François Mitterrand en 1965

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 nov. 1965

Dans le cadre de la campagne présidentielle de 1965, François Mitterrand répond aux questions du journaliste Roger Louis.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
22 nov. 1965
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000102

Contexte historique

Par Philippe Tétart

Entre 1958 et 1965, François Mitterrand s'impose peu à peu comme un des principaux opposants au régime du général de Gaulle et comme un des leaders de la gauche "moderne". En 1964, la parution de son ouvrage Le Coup d'État permanent en fait le champion incontestable de l'anti-gaullisme.

Fort de son aura et d'une carrière politique déjà longue (il a été onze fois ministre sous la IVe République), le chef de file de l'UDSR projette de se présenter aux élections présidentielles de 1965. Pour ce faire, il crée une plate-forme politique, la Convention des Institutions Républicaines, dont il est le principal animateur.

Toutefois, jusqu'en juin 1965, la candidature de Gaston Defferre l'empêche de se déclarer. Defferre s'étant retiré, il peut envisager de se lancer, à la condition sine qua non de développer une stratégie de rassemblement de la gauche. En effet, le principe de l'élection à deux tours et au suffrage universel impose de concevoir une candidature unique à gauche pour espérer battre la droite en réunissant de larges suffrages, des radicaux aux communistes. Le 9 septembre, il se déclare officiellement candidat. Dans les semaines qui suivent, la SFIO, le PSU, la CIR et l'aile gauche du parti radical lui apportent leur soutien. Il peut également compter sur la neutralité ouvertement favorable du PC. "S'ébauche ainsi un bloc de gauche rassemblé sur le nom du leader de l'UDSR, rendant vie à un schéma tombé en désuétude depuis 1936".

Grâce à cette mobilisation François Mitterrand met De Gaulle en ballottage (32,23%). Au second tour, il réalise 44,8%. C'est un tournant dans sa carrière : il est désormais le leader de la gauche non communiste.

Éclairage média

Par Philippe Tétart

Si elle n'est pas la première campagne accompagnée d'interventions officielles à la radio et à la télévision, la campagne présidentielle de 1965 marque cependant un tournant dans l'histoire des relations entre les hommes politiques et le petit écran. D'une part, la croissance remarquable du parc de téléviseurs (6,3 millions de foyers équipés pour environ 20 millions de téléspectateurs) accentue notablement l'impact des messages politiques télévisés. D'autre part, la campagne respecte des règles strictes quant aux heures d'antenne (deux à la radio et deux à la télévision) attribuées à chaque candidat (décret du 14 mars 1964), ce qui atténue l'emprise du gaullisme, largement critiqué, sur les antennes de la RTF puis de l'ORTF, depuis 1958. Enfin "les hommes politiques comprennent l'importance de l'instrument" télévisuel.

Dans ce cadre, François Mitterrand a la particularité d'avoir des "liens précoces" avec la télévision : en 1948, il est secrétaire d'État à l'information en 1948, en 1955, il est le premier invité d'une émission d'un nouveau genre, l'émission politique (Face à l'opinion). Même si, a posteriori, dans son ouvrage La Paille et le grain (1975), il reconnaîtra avoir rencontré de nombreuses difficultés dans la maîtrise de l'outil, il s'emploie néanmoins à donner, lors de ses passages à la télévision, dans le cadre de la campagne officielle, l'image d'un candidat jeune, souriant, dynamique, ouvert... mais aussi déterminé, ce que montre bien cette séquence où il place sa candidature sous le signe d'une gauche moderne, fière de son passé, de ses racines et qui entend contrer radicalement la droite et ses passéismes. En offrant un tel profil et en profitant d'un rapport complice avec son intervieweur, François Mitterrand se situe, en force, aux antipodes de la démarche médiatique du général de Gaulle, du moins celle qu'il adopte pour le premier tour.

Bibliographie :

Jérôme Bourdon, Histoire de la télévision sous de Gaulle, Paris: Anthropos-INA, 1990.

Agnès Chauveau, "Les campagnes électorales", in Jeanneney Jean-Noël, L'Écho du siècle. Dictionnaire historique de la radio et de la télévision française, Paris: Pluriel, 2002 (2e édition), pp.434.

Pascale Puthod, "François Mitterrand", in Jeanneney Jean-Noël, ibid, pp.492-496.

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