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Allocution d'Alain Poher en 1969

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 mai 1969

Discours de campagne électorale d'Alain Poher, candidat centriste à la présidence de la République en 1969.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
17 mai 1969
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000116

Contexte historique

Par Eve Bonnivard

Avant même qu'il ne se déclare candidat, Alain Poher dispose d'une forte position dans les sondages où il talonne Georges Pompidou. L'issue du référendum et l'intérim qu'il exerce après la démission de de Gaulle ont fait connaître le Président du Sénat. Pourtant, Poher privilégie la continuité des institutions plutôt que sa candidature. Au lendemain du référendum, il déclare : "Les institutions, rien que les institutions, on verra la campagne électorale après". Ce n'est donc qu'à la dernière minute, sous la pression des sondages et des centristes dont il est apparu comme le chef de file pendant la campagne du référendum, qu'il entre dans la campagne électorale. Derrière lui se rangent non seulement les opposants modérés ou centristes au gaullisme, mais aussi une bonne partie de la gauche non communiste décidée à voter utile dès le premier tour et qui constate rapidement que la gauche n'a aucune chance de l'emporter.

Toutefois, au fil des semaines, la faveur pour Poher s'érode et, le jour du premier tour, il obtient la moitié des voix dont le créditaient les sondages un mois plus tôt, soit 23,30%. A mesure qu'il précisait ses conceptions politiques, il écartait de lui un certain nombre d'électeurs de gauche qui ont reporté leur suffrage sur le candidat communiste Jacques Duclos, lequel a fait une excellente campagne. D'autre part, Pompidou a réussi à rassembler autour de lui les gaullistes et un certain nombre de personnages importants du centre qui, déçus parce que Poher ne répondait pas à leurs interrogations, sont venus le rejoindre (Joseph Fontanet, Jacques Duhamel). L'effet de bipolarisation a joué en sa défaveur.

Éclairage média

Par Eve Bonnivard

Au fil des scrutins législatifs et présidentiels, les règles du débat électoral se mettent en place et l'égalité des candidats s'accroît. Le décret du 14 mars 1964 relatif à la campagne présidentielle sur les ondes de la radio et de la télévision met en place un système rigoureusement égalitaire pour les candidats : l'accès à l'antenne est gratuit, chaque candidat se voit attribuer exactement le même temps d'antenne. Le déroulement de la campagne est placé sous le magistère d'une Commission nationale de contrôle.

Lors de la campagne de 1969, il semble donc que le pluralisme et l'équilibre soient entrés dans les faits. Pierre Bordry, qui fut le directeur de cabinet du Président du Sénat de 1968 à 1987, puis de 1990 à 1992, raconte pourtant une anecdote significative sur cette campagne : "Alain Poher va dans une émission alors qu'il est candidat (...)" Juste avant que la prise de vues ne commence, un technicien s'approche d'Alain Poher et lui dit : "Je vous aime beaucoup, faites attention, votre siège est déséquilibré, si vous vous appuyez en arrière, vous allez tomber". Poher a fait changer le siège, qui était effectivement cassé." [Présidentielles, les surprises de l'histoire, 1965-1995, Olivier Duhamel et Jean-Noël Jeanneney, Seuil, 2002].

Sans doute, le candidat centriste a t-il été pénalisé par l'absence de téléprompteur ; cet outil, déjà en usage aux Etats-Unis, lui aurait à tout pour le moins, évité de lire son texte et de tourner maladroitement les pages. C'est un piètre "communicateur", à l'élocution souvent hachée. Ironie, c'est au moment de dire "Permettez-moi de répéter avec beaucoup de clarté", qu'il trébuche sur le mot "répéter". Quel contraste avec Pompidou ! Lui connaît son discours par coeur et peut ainsi regarder les Français droit dans les yeux. En outre, Poher disserte longuement sur les institutions, au risque de susciter l'ennui chez le téléspectateur. Ainsi, la campagne de 1969 confirme l'opinion selon laquelle les candidats qui "passent bien" ont des avantages supplémentaires.

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