Vidéo
Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 19 juil. 1984
Le comité central du Parti communiste décide la fin de la participation des ministres communistes au gouvernement.
Niveaux et disciplines
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Date de diffusion du média :
- 19 juil. 1984
- Production :
- INA
- Page publiée le :
- 2003
- Modifiée le :
- 29 juin 2023
- Référence :
- 00000000148
Contexte historique
Le gouvernement de Pierre Mauroy a remis sa démission au président de la République le 17 juillet 1984. Laurent Fabius est désigné comme successeur. Il commence aussitôt ses consultations à l'hôtel Matignon pour former son gouvernement. Dans ce contexte de remaniement ministériel, le parti communiste souhaite faire entendre sa voix : il refuse publiquement de participer au nouveau gouvernement, pour ne pas cautionner la politique de rigueur. Cette décision contredit des déclarations publiques de Georges Marchais et des ministres communistes, qui, quelques semaines plus tôt, affirmaient vouloir poursuivre leur participation au gouvernement.
En réalité, le parti est en pleine crise, car les résultats de la liste communiste conduite par Georges Marchais aux élections européennes le 17 juin montrent un effritement très sensible du PCF qui obtient 11,28% des voix, et perd près de la moitié de son électorat : sa participation au gouvernement n'est pas comprise par ses électeurs. Le Secrétaire général doit alors faire face à une violente mise en cause interne : certains cadres, comme Pierre Juquin, Claude Poperen, Marcel Rigout, ou Anicet Le Pors, veulent obtenir son départ et son remplacement à la direction du parti par Charles Fiterman ; ils estiment que la responsabilité de l'échec repose sur la ligne politique du parti ; ce sont les rénovateurs, bientôt désignés du nom de "liquidateurs" par la direction. Georges Marchais pour sa part, et la majorité de la direction, font reposer l'échec électoral sur la participation au gouvernement. La direction communiste estime que seul un départ du gouvernement peut modifier la situation, mais elle opte pour une demi-mesure, puisqu'elle continue de soutenir le gouvernement sans y participer.
Éclairage média
La rupture de l'Union de la gauche est véritablement mise en scène sous l'objectif des caméras, et rarement formation d'un gouvernement aura été aussi peu discrète. Alors que le fait du jour, c'est la prise de fonction du nouveau gouvernement Fabius, qui se réunit en Conseil pour la première fois le jeudi 19 juillet, le journal télévisé revient sur l'absence des ministres communistes à Matignon qu'il impute aux désaccords entre le PCF et le gouvernement autour de la politique économique suivie.
La rédaction du journal épouse l'interprétation officielle du PCF, sans faire apparaître la lecture gouvernementale des faits qui insiste pour sa part sur la continuité politique, avec ou sans ministre communiste. Les dissensions au sein de la direction communiste sont passées sous silence, à peine connues à l'extérieur : le rénovateur Pierre Juquin, également porte-parole du parti, lit la déclaration adoptée par le Comité central. Comme dans la grande tradition communiste stalinienne, c'est le battu qui lit la déclaration des vainqueurs.
La parole revient ensuite à Georges Marchais qui explique la ligne du parti. Aucune voix discordante ne se prononce à l'antenne, l'unité de façade du parti triomphe. Le parti utilise son départ du gouvernement comme un argument pour convaincre les électeurs de revenir vers lui, et renforce une direction fortement mise en cause à l'intérieur de l'organisation partisane.