Le maintien du ravitaillement et la recrudescence des faux tickets de rationnement

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 09 nov. 1945

Le système de rationnement se maintient après la Libération. Mais il apparaît considérablement faussé en raison du grand nombre de faux tickets en circulation. La suppression de la carte de pain suscite un grand enthousiasme à Lyon.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
09 nov. 1945
Production :
INA
Page publiée le :
2004
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000328

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Contrairement aux espoirs qu'elle avait pu susciter, la Libération n'a pas marqué une rupture fondamentale sur le plan de la vie quotidienne : les mesures de contraintes et de restrictions économiques allaient subsister pendant plusieurs années encore. En gage de bonne volonté, le gouvernement avait certes quelque peu relevé le taux des rations au moment de la Libération, mais ces gestes ne furent pas durables en raison de la conjoncture et, très vite, le rationnement, dont on pensait fêter la disparition prochaine, dut être renforcé.

Pour de nombreux produits alimentaires, les rations officielles apparaissaient même inférieures en 1945 par rapport à la période de l'Occupation. Dans ces conditions, le marché noir et les trafics divers continuèrent eux aussi de prospérer après la Libération. Les trafics de faux tickets furent notamment particulièrement actifs au cours de l'année 1945. Des imprimeries clandestines éditaient plusieurs milliers de faux tickets que des trafiquants écoulaient ensuite sur les marchés des grandes villes. L'un des faussaires les plus célèbres, André Loiseau, dit Dédé la Boulange, spécialisé dans les bons de farine, fabriqua ainsi avec quelques complices près d'un million de faux tickets dans une chambre d'hôtel.

Pour tenter de calmer une opinion particulièrement critique à l'égard du maintien du rationnement, les pouvoirs publics décidèrent parfois de manière trop précoce un retour à la liberté pour certains produits. Ce fut le cas notamment lorsque le ministre du Ravitaillement Christian Pineau annonça en août 1945, en pleine campagne électorale, la suppression de la carte de pain à partir du 1er novembre 1945. L'opinion accueillit cette mesure avec une grande satisfaction mais l'opération fut un fiasco total. L'expérience du retour à la liberté pour le pain dura moins de deux mois et la carte de pain fut rétablie le 28 décembre 1945. Il fallut même baisser la ration de pain à 300 grammes, soit à un niveau inférieur par rapport à la période précédent l'expérience de mise en vente libre. Cette "fausse manoeuvre" fut mal comprise par l'opinion, persuadée que "le gouvernement ne tenait pas ses promesses" et déclencha d'importantes protestations dans toute la France.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le reportage sur les faux tickets reprend un raisonnement simpliste très répandu à l'époque : si le système du ravitaillement et du rationnement ne fonctionne pas en ne permettant pas à chaque consommateur d'avoir sa juste part, c'est essentiellement à cause du marché noir et des trafics (ici, trafic de faux tickets) qui favorisent des fuites trop nombreuses hors des circuits officiels. Ce raisonnement consistant à surrévaluer l'importance du marché noir pour en faire la cause première des défaillances du ravitaillement permettait de cacher quelque peu à l'opinion le manque de ressources ou les improvisations ou erreurs des pouvoirs publics en matière de ravitaillement.

Le second reportage se fait l'écho d'un souhait très largement partagé : seule la suppression des tickets doit permettre le retour à un approvisionnement suffisant. L'échec de la tentative évoquée dans le reportage (suppression de la carte de pain au cours de l'automne 1945) démontrera cependant que le maintien des restrictions apparaissait comme une nécessité jusqu'au retour à un certain équilibre entre l'offre et la demande, qui n'interviendra qu'à la fin des années quarante.

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