vidéo - 

Evacuation des sans-papiers réfugiés dans l'église Saint-Bernard

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 23 août 1996

Le 23 août 1996, les CRS interviennent dans l'église Saint-Bernard à Paris pour faire évacuer les sans-papiers qui s'y étaient réfugiés.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
23 août 1996
Production :
INA
Page publiée le :
2005
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000453

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le problème des "sans-papiers" apparaît au premier plan en 1996. Etrangers entrés clandestinement en France, donc dépourvus de titre de séjour, et à ce titre sous la menace d'une expulsion, ils mènent alors plusieurs actions pour obtenir la régularisation de leur situation. Dans un premiers temps, 430 Africains sans papiers occupent l'église Saint-Ambroise, dans le XIe arrondissement de Paris, le 18 mars 1996, et certains entament une grève de la faim. Expulsés de l'édifice religieux, ils trouvent finalement refuge à la Cartoucherie de Vincennes.

A partir du 29 juin, 300 sans-papiers menés par Ababacar Diop décident une nouvelle occupation, se réfugiant dans l'église Saint-Bernard, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. 10 d'entre eux débutent alors une grève de la faim pour obtenir leur régularisation, avec le soutien de nombreuses associations et de plusieurs personnalités (le professeur de médecine et ancien ministre Léon Schwartzenberg, le généticien Albert Jacquard, ou les actrices Marina Vlady et Emmanuelle Béart...). Mais le gouvernement d'Alain Juppé demeure ferme dans sa volonté de ne pas régulariser les sans-papiers. A sa demande, les CRS investissent l'église Saint-Bernard, le 23 août 1996 et évacuent par la force, après de sérieuses échauffourées, les sans-papiers, de même que les personnalités présentes sur les lieux.

Cet assaut sans ménagement intervenu pendant la célébration d'un office religieux choque l'opinion. Et dès le soir même, plus de cent mille personnes manifestent place de la République pour protester contre cette opération. Finalement, si certains sans-papiers évacués de l'église Saint-Bernard sont reconduits dès le lendemain à la frontière, la plupart restent en France, régularisés ou ayant vus leur procédure d'expulsion entachée d'irrégularité par de nombreux vices de forme.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dès le début du journal télévisé, ce reportage revient sur l'évacuation spectaculaire par les forces de l'ordre des sans-papiers réfugiés dans l'église Saint-Bernard qui a eu lieu le matin même. On suit ainsi dans des conditions proches du direct les différentes étapes de cette intervention, des caméras l'ayant filmée aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'église. Les images montrent la brutalité de l'opération - le présentateur parle d'une "matinée musclée". La violence est perceptible dès le début du sujet, les CRS forçant le barrage formé par des manifestants devant l'église. Elle atteint son paroxysme lors de l'assaut lancé par les forces de l'ordre qui fracassent la porte de l'église à coups de hache pendant la célébration d'un office religieux. Des images présentent également l'expulsion de force de certains sans-papiers, tout comme celles de personnalités les soutenant, dont le professeur Léon Schwartzenberg et l'actrice Emmanuelle Béart. De même, les images du gaz lacrymogène lancé contre les manifestants et celles des échauffourées attestent qu'il s'agit bien d'un véritable affrontement entre les CRS et les sympathisants des sans-papiers.

Ce reportage s'emploie en outre à montrer et à recueillir l'émotion de ces derniers : on voit une jeune fille pleurer, tandis que le curé de l'église Saint-Bernard, interrogé sur le vif, paraît très ému et se dit scandalisé, tout comme un homme dans la foule venue soutenir les sans-papiers. La diffusion de ces images choqua particulièrement l'opinion publique et eut un impact immédiat sur le mouvement de soutien aux sans-papiers : le soir même, plus de cent mille personnes défilaient place de la République pour protester contre cette opération.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème