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Le conflit social chez Lip en 1973

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 déc. 1973

En 1973, les ouvriers de l'entreprise horlogère Lip occupent leur usine menacée de déposer son bilan et poursuivent son exploitation. Malgré l'intervention de la police puis la nomination d'un médiateur, les "Lip" continuent leur lutte.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
28 déc. 1973
Production :
INA
Page publiée le :
2005
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000479

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le conflit de l'entreprise horlogère Lip de Besançon défraie la chronique tout au long de l'année 1973, devenant éminemment symbolique des luttes sociales des années de crise. Les ouvriers de Lip entament en effet une grève le 17 avril 1973 pour protester contre la fermeture de leur usine. Refusant le dépôt de bilan, ils décident alors d'occuper l'usine à partir du 18 juin 1973, sous la direction de Charles Piaget, leader local de la CFDT. Ils commencent à autogérer leur entreprise, commercialisant les stocks de montres et continuant à en fabriquer. Cette "autogestion" contribue à rendre le conflit très populaire : les ouvriers de Lip sont largement soutenus par l'opinion ainsi que par les partis de gauche.

Le gouvernement de Pierre Messmer utilise dans un premier temps la manière forte pour mettre fin à l'occupation de l'usine : le 14 août 1973 la police intervient et fait évacuer l'usine. Mais cette intervention ne fait que durcir la lutte des "Lip", qui le 29 septembre reçoivent le soutien de 100 000 manifestants à Besançon. Les pouvoirs publics tentent par ailleurs d'obtenir une conciliation en nommant un médiateur le 8 août, Henri Giraud. Cette médiation échoue essentiellement en raison de la division syndicale, la CGT étant favorable à la reprise du travail et la CFDT y étant hostile. Puis, en décembre 1973, un jeune patron, Claude Neuschwander, se voit confier la mission de sauver l'entreprise par Jean Charbonnel, ministre du Développement industriel et scientifique. L'usine redémarre ainsi sous le nom de Société Européenne d'Horlogerie et de Mécanique, même si le 5 janvier 1974 Pierre Messmer proclame : "Lip, c'est fini".

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce reportage diffusé en fin d'année 1973 traite le conflit Lip de manière rétrospective à partir d'une sélection d'images. Les premières présentent une manifestation organisée à Paris durant l'été en soutien des ouvriers de l'usine, et dans laquelle on peut entendre chanter "L'Internationale" : il s'agit d'insister d'emblée sur l'ampleur de ce conflit social et sur sa dimension emblématique de lutte contre le patronat. Il faut toutefois relever dans le reportage l'absence d'images du grand rassemblement de soutien aux ouvriers de Lip, le 29 septembre 1973, à Besançon. Le sujet s'emploie ensuite à retracer de manière chronologique les différentes étapes du conflit. Un plan sur une banderole proclamant "C'est possible, on fabrique, on vend, on se paie" souligne ainsi le triomphe de l'autogestion mise en pratique par les "Lip", d'une envergure sans précédent (le journaliste commente : "On n'avait jamais vu ça"). Des images de montres Lip derrière des vitrines et d'ouvriers travaillant à en fabriquer illustrent cette autogestion.

Dans un deuxième temps, le reportage s'attache à décrire, sur fond d'une musique inquiétante, les différentes interventions des pouvoirs publics pour trouver une solution au conflit : sont ainsi insérées dans le montage des images du médiateur nommé par le gouvernement, de même que des forces de l'ordre investissant l'usine. Ce sujet s'emploie à montrer les négociations (une assemblée générale d'ouvriers est filmée) : leur échec est symbolisé par l'allocution à la presse du médiateur Henri Giraud, et par l'évocation des dissensions syndicales. Les gros plans sur des affiches "Lip vivra" dans une rue de Besançon souligne cependant la poursuite de la lutte. Les dernières images de l'usine et le commentaire du journaliste laissent en suspens le sort final de l'usine Lip, qui n'est pas encore connu au moment de la diffusion du reportage.

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