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Brigitte Bardot sur le tournage de La Vérité

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 juin 1960

Brigitte Bardot est interviewée par un journaliste bien curieux pendant le tournage de La Vérité de Henri-Georges Clouzot. Elle évoque ses liens de travail avec le réalisateur et l'état de santé de son mari.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
01 juin 1960
Production :
INA
Page publiée le :
2005
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000498

Contexte historique

Par Carole Robert

La fin des années cinquante marque un changement dans le cinéma français avec la naissance de la Nouvelle Vague, qui réunit de jeunes cinéastes nés dans les années trente, et issus de la critique des Cahiers du cinéma. Les réalisateurs plus anciens, comme Claude Autant-Lara, Jacques Becker, Jean Delannoy, Julien Duvivier, Robert Bresson et Henri-Georges Clouzot, poursuivent leur carrière parallèlement, privilégiant un cinéma d'intrigue et de dialogue, très écrit (parfois des adaptations de romans), réaliste et psychologique.

La Vérité, tourné en 1960, est le dixième long métrage de Clouzot, scénariste et réalisateur. Il a derrière lui une filmographie imposante qui débute en 1931 avec un court métrage burlesque. Il continue à travailler sous l'Occupation, réalisant ses célèbres films policiers, noirs et réalistes - L'assassin habite au 21, Le Corbeau. Il poursuit dans ce style réaliste psychologique et noir après la guerre en réalisant Quai des Orfèvres (1947), Les espions (1957), et Les Diaboliques (1955). En 1956, dans Le Mystère Picasso, son seul documentaire, il tente de montrer le processus de création de l'oeuvre. Dans La Vérité, Clouzot utilise le "mythe Bardot" pour créer un portrait psychologique dramatique d'une jeune femme moderne accusée du meurtre de son amant. De nombreux réalisateurs de la "vieille garde classique" sont désormais obligés de faire appel aux comédiens célèbres pour pouvoir tourner, d'autant plus qu'ils réalisent des films à gros budgets, tournés en studio. Le prix moyen d'un film est alors de 90 millions de francs. Clouzot n'est ainsi pas le seul réalisateur à s'emparer du label "BB".

La fin des années 1950 amène une rupture dans la filmographie de Clouzot, qui perd son succès populaire antérieur : en effet, en 1957, Les Espions reçoit un accueil mitigé du public et de la critique et Clouzot perd de l'argent. Après cet échec, il espace ses films : c'est seulement huit ans après La Vérité qu'il réalise son dernier long métrage La Prisonnière, qui n'est pas non plus un succès. Quant à Brigitte Bardot, alors âgée de 26 ans, elle est déjà en 1960 une icône populaire - celle de la femme-enfant, souvent naïve, parfois cruelle et toujours sensuelle. Révélée en 1956 dans le film de son premier mari Roger Vadim Et Dieu créa la femme, elle joue dans les films des jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague au début des années soixante, et se retire du cinéma en 1973.

Éclairage média

Par Carole Robert

L'interview annonce déjà la couleur d'un certain voyeurisme de l'intérêt pour les "people". Le journaliste ne s'intéresse absolument pas au tournage, au travail en lui-même, mais seulement aux "rapports humains" avec le réalisateur d'abord, avec le mari de Brigitte Bardot ensuite. Les sujets de l'interview, ce sont l'intimité et la vie personnelle de la star. Ceci est paradoxal puisque l'interview est réalisée pendant le tournage, "secret" de La Vérité.

Effectivement, Clouzot ne tient pas à ce que les journalistes envahissent les studios. En 1960, nous constatons déjà que le journaliste veut des confidences exclusives. Le rôle de la télévision consiste à donner au téléspectateur l'impression de se rapprocher de ses idoles. Notons le rôle particulier du journaliste : il est très à l'aise, il joue le rôle du confident, de l'ami, voire du séducteur. Il enferme la comédienne dans le "label BB", l'empêchant de parler de sujets professionnels dans ses allusions à la "mise à nu" et ses blagues douteuses. Il guide et dirige les propos de la comédienne, qui se laisse séduire. Il crée presque une véritable scène de séduction, se comportant autant en animateur qu'en simple journaliste. Il apparaît d'ailleurs à l'écran, en plan large et en gros plan (contre-champ sur lui). Un plan étonnant sur le cadreur est également choisi au montage. Malgré ses propos optimistes, nous savons qu'au moment du tournage, Brigitte Bardot est en pleine crise conjugale. Le journaliste veut qu'elle parle de son mari, qui est alors Jacques Charrier, avec qui elle a eu un enfant, Nicolas, en janvier 1960. Elle fera même une tentative de suicide en septembre 1960 et divorcera en 1963.

La question du journaliste sur les liens entre Brigitte Bardot et Clouzot s'explique par la réputation de Clouzot d'être un réalisateur exigeant, voire colérique, avec lequel les tournages peuvent être le lieu de scènes pénibles. Contrairement à ce qu'affirme Brigitte Bardot, le tournage de La Vérité serait "pesant, lourd et difficile" selon la comédienne Marie-José Nat.

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