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Jean-Paul Sartre à Billancourt en 1970

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 21 oct. 1970

Jean-Paul Sartre s'adresse, dans la rue, aux ouvriers des usines Renault de Boulogne-Billancourt. Il apporte son témoignage en soutien au dirigeant de la Gauche Prolétarienne Alain Geismar.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
21 oct. 1970
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000511

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Après mai 68, l"écrivain et philosophe Jean-Paul Sartre s'éloigne du Parti communiste français auquel il reproche le comportement et l'allégeance à l'URSS. Il se rapproche alors de la Gauche prolétarienne, groupe d'extrême-gauche maoïste qui prône la révolution sur le modèle chinois par opposition au modèle soviétique. Suite à de violents affrontements entre des militants et les forces de l'ordre, le groupuscule a été dissout par le gouvernement de Jacques Chaban Delmas en mai 1970 qui a décidé également de l'interdiction de son organe de presse La Cause du peuple. Les principaux dirigeants du mouvement, comme Alain Geismar, sont arrêtés et inculpés. Sartre leur apporte son soutien et appelle à être jugé, considérant qu'il est tout autant coupable puisqu'il est directeur depuis 1970 du journal interdit.

Sartre revient ici sur un des hauts-lieux des grèves de mai 68 et se pose en figure tutélaire de l'extrême-gauche, dernière radicalisation politique de sa carrière intellectuelle. Considérant qu'"il y a 50 ans que le peuple et les intellectuels sont séparés", Sartre entend se mettre au service des ouvriers, dans la filiation de la liaison que les étudiants en grève de mai 68 avaient voulue. En descendant dans la rue et non plus en se contentant d'écrire, Sartre veut manifester sa place aux côtés des "victimes de la violence", ces prolétaires exploités par l'Etat qui fait "deux poids de mesure", entre les forts - lui, l'intellectuel reconnu - et les faibles - les jeunes qui mènent, parfois violemment, la contestation. La révolution à venir doit ainsi abattre l'appareil répressif qu'est l'Etat. C'est dans la continuité de ce combat qu'il fonde avec Serge July le journal quotidien Libération en 1973.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

C'est sur le slogan "Geismar, résistance" qui donne la tonalité de la manifestation, tout comme la banderole ("La liberté pour Geismar, c'est la liberté pour le peuple") et l'affiche collée à une voiture ("A bas la justice") que s'ouvre ce reportage en mode direct (pas de commentaire, caméra à l'épaule) : il s'agit de donner l'impression de "vivre l'événement". Sartre, debout sur un tonneau, tel un tribun mimant la célèbre photographie de Jean Jaurès, harangue la foule et proclame la nécessité d'une "liaison" entre les intellectuels et le peuple qu'il veut faire espérer ("nous nous retrouverons certainement"). Il rappelle que cette union a "donné de très bons résultats", en référence sans doute à la mobilisation d'écrivains qui ont combattu l'injustice qui avait touché le capitaine Dreyfus à la fin du XIXe siècle.

Quelques plans serrés sur le visage des ouvriers viennent montrer l'attention de l'auditoire qui semble toutefois peu nombreux : l'absence de plan large le signifie indirectement. Dans un deuxième temps, un journaliste interviewe Sartre marchant. Celui-ci semble tirer partie de l'appareil médiatique, mettant en scène son intervention. L'événement semble pensé pour la télévision qui devient ainsi une arme efficace et une caisse de résonance, capable de répercuter ses revendications auprès d'un large public.

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