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Un exemple de radio associative, Radio Tomate

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 janv. 1982

Dans le local de Radio tomate, les animateurs s'expriment sur leurs conceptions de la radio libre : refus de la publicité "sinon pour la liberté", recherche de vérité et de transparence et mise en avant de la diversité des journalistes.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
19 janv. 1982
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000527

Contexte historique

Par Carole Robert

Dans le contexte du monopole de l'Etat à la radio, quelques initiatives privées, désignées comme des "radios pirates", voient le jour à la fin des années 1960. La première grande vague des radios pirates, inspirées des expériences italiennes et américaines, déferle en France à a la fin des années 1970 grâce au développement technique. Ecologistes (Radio Verte), syndicalistes (Radio Quinquin), alternatives (Radio Libertaire), locales, ces radios libres sont le domaine des passionnés, des bricoleurs, qui émettent leurs ondes dans des conditions précaires. Elles s'associent en 1977 au sein de l'ALO (association pour la liberté des ondes) puis en 1978 au sein de la FNRLNC (fédération nationale des radios libres non commerciales). En 1978, l'Etat protège son monopole et réprime les radios clandestines, qui seront 350 en 1981.

L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 lance un espoir, Mitterrand ayant lui-même été condamné en 1979 pour radio Riposte, une radio socialiste. En novembre 1981, face à la cacophonie ambiante, le gouvernement met en place une législation provisoire qui accorde la légalité aux radios associatives, locales et indépendantes. La question du financement reste en suspens, la publicité reste interdite à la radio. Pierre Mauroy s'y oppose fermement : "Non aux radios fric". Au début 1982, le gouvernement tente de résoudre le problème de limite de l'espace hertzien par un système de partage des fréquences qui est mal vécu, notamment par les minorités. En 1984, 1010 fréquences sont ainsi accordées à 1204 associations. Dans les faits, nombre de radios sont financées par des municipalités, conseils généraux, voire publicités (NRJ, RFM Yvelines). D'autres continuent à émettre sans autorisation gouvernementale.

Finalement, en août 1984, Mitterrand autorise la publicité à condition de ne pas recevoir de subvention. En octobre 1986, tous les réseaux clandestins sont légalisés et autorisés. Enfin, le 17 janvier 1989, une loi dissocie le droit à la subvention des ressources publicitaires (si la publicité ne dépasse pas 20% du chiffre d'affaires). Trois types de radios privées coexistent depuis : les radios associatives, les radios commerciales nationales (NRJ, RTL, Europe 1) et les radios commerciales locales. La libéralisation de la radio et de l'audiovisuel s'enrichit d'une nouvelle loi le 29 juillet 1982 : elle libère les sociétés de radio et de télévision de l'emprise du pouvoir politique et donne un cadre légal aux nouvelles technologies de communication en fondant une Haute Autorité qui deviendra la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL) en 1986 puis le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en 1989.

Éclairage média

Par Carole Robert

Ce reportage aborde un thème crucial d'actualité puisque les radios dont il est question ne sont légales que depuis novembre 1981. La sympathie du journaliste à l'égard de Radio Tomate est explicite lorsqu'il la qualifie "d'imaginative" et met en valeur le travail des bénévoles, "24h/24".

Le journaliste prend également parti sur la question du partage des fréquences entre les radios en critiquant le fait que Radio Tomate est "coincée entre radio shalom et radio communauté" (terme à connotation péjorative). L'explication du contexte général sur les radios libres est donnée dans le commentaire en voix off qui est complété par des interviews sur le terrain où la parole est laissée à des animateurs radio. Le commentaire insiste sur l'état d'esprit des passionnés et évoque "l'esprit de 68 qui souffle ici" : le journaliste interprète ainsi avant même qu'on les entende les interventions des animateurs.

Ce type de commentaire en voix off influe sur l'écoute du téléspectateur : les interviews en voix in ne sont en effet pas regardées de façon neutre, malgré l'impression de vérité et de transparence qu'on leur confère. Le journaliste n'est pas visible, il s'efface et travaille avec un cadreur caméra à l'épaule. Il exploite la proximité désormais possible avec les personnes filmées. Le rythme de montage est rapide et efficace : on y découvre la narration propre au reportage télévisuel. Très différent de la radio, il privilégie un cadre permettant une véritable plongée dans l'environnement et il offre un temps de parole aux personnes tout en conservant un commentaire journalistique (en voix off) porteur d'un point de vue.

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