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L'Humanité en crise

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 nov. 2000

L'Humanité, qui subit une crise profonde, risque de disparaître si la nouvelle formule ne trouve pas de lecteurs.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
19 nov. 2000
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000532

Contexte historique

Par Carole Robert

La crise de L'Humanité, quotidien militant fondé par Jean Jaurès en 1904, est le reflet de trois phénomènes : la crise du PCF, celle de la presse quotidienne d'opinion qui ne sait plus fidéliser son lectorat et le détournement de l'information vers l'audiovisuel. L'Humanité voit sa diffusion chuter de 142000 à 63000 exemplaires entre 1981 et 1994.

Dans les années 1990, les journaux d'opinion souffrent du manque de budget publicitaire, de la diminution des subventions de l'Etat et de l'augmentation des frais de poste. Pour éviter sa disparition, L'Humanité fait régulièrement appel au soutien militant communiste. Elle ouvre notamment son capital à la Société des Amis de L'Huma, fondée en 1996 pour éviter la disparition du journal et présidée par Michel Vovelle puis Edmonde Charles-Roux. La Société regroupe de nombreuses personnalités non communistes, qui refusent la pensée unique et luttent pour le pluralisme de la presse. Gilles Perrault, Alexandre Bouglione, Alexis Grüss, Bertrand Tavernier en font ainsi partie. Le capital du journal est également ouvert au groupe Lagardère (industriel de presse et d'armement). Le journal n'est plus l'organe officiel du PCF, et les symboles de la faucille et du marteau disparaissent de la Une.

D'autres journaux périssent au cours des années 1980 : L'Aurore (1983), Le Matin de Paris (1988). L'organe d'opinion fonctionne mal. La grande presse populaire à l'ancienne rencontre moins d'écho : Le Parisien a repris du souffle en devenant un vrai "régional". Malgré des difficultés, Le Monde, Le Figaro et Libération ont de meilleurs résultats, touchant à eux trois 4,7 millions de lecteurs en 1994. A titre de comparaison, les journaux télévisés de TF1 sont alors vus par 9 millions de téléspectateurs...

Éclairage média

Par Carole Robert

Ce reportage est construit sur la base d'un commentaire en voix off qui décrit et explique selon un point de vue précis la situation de L'Humanité. Le commentaire est illustré par des plans de coupe filmés caméra à l'épaule au siège du journal : on voit les journalistes au travail, des images parfois insignifiantes (ordinateurs, feuilles de garde, imprimerie, journalistes qui réfléchissent).

C'est vraiment le commentaire en off du journaliste qui guide le regard du téléspectateur et qui raconte l'histoire. Par exemple, les journalistes choisissent la page de couverture et le commentaire affirme : "demain, c'est de la survie du journal qu'il sera question". Des gros plans sur des journalistes qui réfléchissent ou tapent à l'ordinateur sont placés en illustration d'un propos sur leur inquiétude. Ils ne sont pas interviewés directement.

L'utilisation du lexique n'est pas neutre : le journaliste évoque "L'Huma", ce qui crée un lien de proximité avec téléspectateur en faisant appel à une terminologie de la mémoire collective.

Deux interviews servent à montrer que le reportage donne la parole aux responsables du journal et du PCF : l'explication de l'ancien directeur sur le temps nécessaire à la nouvelle Huma et sur le manque de moyens économiques est immédiatement reprise par le commentaire qui poursuit son histoire avec "la dernière carte", c'est-à-dire l'ouverture du capital.

L'historique nostalgique sur le journal puise dans des illustrations visuelles et sonores très symboliques (mémoire populaire) et donne à penser que le reportage est favorable à l'initiative gouvernementale d'aide exceptionnelle au journal. C'est le côté folklorique et prestigieux du passé du quotidien qui est privilégié par rapport à son rôle actuel, dont il n'est aucunement question. Des couvertures créées par Picasso et Aragon sont ainsi montrées au téléspectateur. Mais le journaliste n'évoque pas l'importance de la parution d'un tel quotidien dans la société contemporaine : son utilité sociale qui consiste à exprimer les points de vue des syndicats ou des travailleurs, son importance politique qui relève de la variété indispensable à la démocratie, et son rôle idéologique dans le combat contre la pensée unique ne sont pas pris en considération dans le commentaire.

L'interview de Robert Hue, qui admet la nécessité de l'ouverture du capital et insiste sur la "force communiste" est directement contrecarrée par le commentaire : en effet, ce dernier explicite clairement que le journal ne doit sa survie qu'à l'aide exceptionnelle de l'Etat (et pas à une "force communiste"). Et il finit plutôt sur une note pessimiste en rappelant la fin de "l'homologue italien, L'Unita ". Son discours est illustré par une image symbolique frappante. Construite le long d'une diagonale, elle montre au premier plan une photographie en noir et blanc d'une manifestation où une banderole indique "Vivre" : la photographie floue au départ passe au net, tandis qu'au second plan, le journaliste au travail devient flou.

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