Le style "jeune"

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 18 mars 1959

Tous les attributs et accessoires de la culture jeune, du transistor au téléphone en passant les goûts musicaux et vestimentaires, sont passés en revue.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
18 mars 1959
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000541

Contexte historique

Par Vincent Casanova

A partir des années 60, l'adjectif asexusé "jeune" se mue en substantif et se substitue au groupe nominal "jeune homme" et "jeune fille" pour signifier à la fois la fin de l'adolescence et l'orée de l'âge adulte. Son indétermination ainsi que sa polysémie expliquent son succès. Positif ou péjoratif selon le locuteur, catégorie sociale et catégorie d'analyse, sa plasticité le sert et s'impose donc à tous. Il permet de repenser la division entre générations et les stratifications de classe, en même temps qu'il érige les jeunes en acteur public et collectif. Ceux-ci deviennent ainsi objet d'études : dès mars 1955, la revue La Nef se demande "Jeunesse qui es-tu ?" et pose le "problème" du "style jeune".

Ce "problème" repose avant tout sur la perception des adultes face à une génération "sans passé, sans culture, sans tradition". L'explosion démographique du baby-boom amplifie l'impression d'une déferlante qui bouleverse les fondements des codes sociaux. C'est autour des "signes extérieurs", c'est-à-dire des pratiques et des références des jeunes que se cristallisent les interrogations.

Ces jeunes se différencient en effet comme jamais de leurs aînés, la scolarisation de masse (non évoquée ici) leur donnant un nouveau statut. Ils se pensent comme un groupe à part et se construisent une identité sociale fondée sur une sociabilité spécifique (les sorties pour aller danser, le cinéma, le café avec les copains), ainsi qu'une identité culturelle à travers une mode vestimentaire (talons hauts, refus des gants et du chapeau), des icônes (l'actrice Brigitte Bardot), un langage (les adultes sont appelés les "croulants et amortis") et des goûts propres, notamment musicaux (le rock en particulier).

Montés en graine en même temps que les taux de la croissance économique française, ils bénéficient de plus de l'enrichissement général et disposent d'argent de poche. Ils deviennent dès lors des consommateurs. Parmi les principaux objets consommés, la musique tient une place fondamentale. L'apparition du disque 45 tours et du transistor, une radio plus petite et bon marché, permet une autonomisation des pratiques.

Toutefois, cette génération exceptionnellement favorisée doit affronter tous les apprentissages à la fois, scolaires, professionnels et amoureux, dans un monde en transition. De plus, derrière l'unanimisme officiel, les expériences sont diverses ; la jeunesse et leur culture restent plurielles, opposant filles et garçons, "blousons bleus" et "fils à papa", avant-gardistes et traditionalistes.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

C'est sur le fond d'une musique de jazz, expression sonore de la jeunesse, que se déroule ce reportage scénarisé. Tout est mis en scène et le commentaire guide à tel point les images que l'on peut se demander si le texte n'a pas d'abord été rédigé préalablement au tournage, inversant ainsi la logique du genre et de la démarche journalistique. Il s'agit, dans le sillage des principaux journaux de l'époque, de présenter aux adultes (le commentaire dit "nous") ce "monde particulier". Un ton ironique court tout du long ("les jupes exigent beaucoup de métrage en ampleur mais... peu en hauteur").

Le décalage entre les pratiques des adultes et celles des jeunes est souligné constamment (valse contre calypso et cha-cha-cha). Cette revue des principales activités fait toutefois l'impasse sur ce qui fait l'essentiel de la vie des jeunes, c'est-à-dire le temps passé à l'école. Cette focalisation sur les "signes extérieurs" est propre aux médias qui ne perçoivent que l'aspect le plus visible mais le moins essentiel de la "culture jeune".

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