L'idole Richard Anthony

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 24 avr. 1963

Dans sa maison de Chevreuse ou sur scène, Richard Anthony doit assumer son statut d'idole des jeunes.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
24 avr. 1963
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000543

Contexte historique

Par Vincent Casanova

La France accueille le rock'n'roll américain des années cinquante, celui d'Elvis Presley ou de Chuck Berry, avec un certain retard et d'abord timidement, à cause notamment de paroles chantées en anglais. Il n'apparaît ainsi qu'en 1956 et ne s'impose qu'avec le mouvement musical "yé-yé" qui commence en 1959-1960 : quelques chanteurs (Johnny Hallyday et Richard Anthony) et quelques groupes (Les Chaussettes Noires avec Eddy Mitchell) en sont les représentants.

Cette acclimatation d'un rock, ponctué de "yeah-yeah" francisés (d'où le nom de "yé-yé"), dure jusqu'au milieu des années 60 quand les Beatles et la pop music finissent par s'imposer. Les chanteurs "yé-yé" s'appuient pour se faire connaître sur les changements qui affectent l'économie de la musique et du disque (apparition du microsillon) et sur les liens tissés par leur maison de disque (Barclay en particulier) avec les nouveaux moyens de diffusion que sont le transistor et la télévision.

Johnny Hallyday est l'un des premiers à en bénéficier. En effet, lorsqu'il publie son premier disque chez Vogue en janvier 1960, à l'âge de 16 ans, l'accueil du public est très réservé. C'est son passage à "L'école des vedettes", l'émission télévisée d'Aimée Mortimer, qui joue le rôle de déclic, le style très physique du jeune chanteur étant fait pour être vu autant qu'entendu. Le succès discographique suit, puis en dernier lieu la consécration scénique à l'occasion du festival international de rock qui se déroule au Palais des sports de Paris en février 1961 puis devant 150 000 spectateurs au festival de la place de la Nation en juin 1963.

Par opposition au récital, le concert, rassemblant de quelques centaines à plusieurs milliers d'auditeurs, de "Dunkerque à Biarritz" comme dit le commentaire, s'est également affirmé comme l'un des lieux essentiels de la sociabilité jeune ; il permet notamment de danser, de crier, de s'exprimer librement par opposition au silence solennel associé aux musiques adultes et sérieuses. Outre sa presse spécialisée (Salut les Copains ), la jeunesse sécrète donc ses propres manières d'être ensemble, la musique en étant l'élément structurant. La naissance de nouveaux types de sociabilité comme les fan-clubs, dédiés non à un genre musical mais à une vedette devenue idole en est l'incarnation.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Ce n'est pas tant le chanteur Richard Anthony qui est le sujet de ce mini-documentaire que le phénomène qu'il incarne, pas tant la musique que le succès rencontré par celle-ci auprès du public "jeune" (3 millions de disques vendus, liste des salles où il se produit en concert, 5 millions de jeunes conquis, foule à la séance de dédicace).

La mise en scène réalisée dans sa "gentilhommière" de Chevreuse donne à voir l'ampleur de cette renommée tout comme elle fixe l'image d'un gentil et jeune homme assumant sa richesse nouvelle (il a un chien, un salon "bourgeois"). Par ailleurs, la multiplicité des dénominations ("Père tranquille du rock", "Tino Rossi du rythme") manifeste le souci de ramener la nouveauté à du connu. Aussi la télévision assure-t-elle là sa mission d'information auprès des téléspectateurs adultes. Tout est fait pour les rassurer.

Mais elle s'adresse également aux téléspectateurs jeunes. En effet, c'est en parlant de ce qui la concerne, bien qu'avec la distance d'un discours analytique, que la télévision veut capter l'attention d'un public qui doit grandir avec elle, les plans tournés lors d'un concert jouant sur le registre de l'identification.

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